Levi-Strauss sur les traces des Guéant..

« Le drame de l’Afrique c’est que l’homme Africain n’est pas assez rentré dans l’histoire ».
Nicolas Sarkozy (Henri Guaino), 26 juillet 2007, Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (Sénégal)

En fait le drame de l’histoire c’est qu’on ait pu laisser dire de telles conneries au représentant d’une nation. Du coup on passe tous pour des cons. Mais il y a un précédent dramatique à cette funeste sortie raciste. Et par quelqu’un de bien plus illustre que ne le seront jamais les Bob et Bobettes de la politique, les Guéant/Sarkozy. Et aujourd’hui la palme du racisme de bon aloi revient à… Roulement de tambours…. Claude Levi-Strauss pour sa brillante contribution : les peuples des régions australes n’ont pas d’histoire car pas de culture écrite. C’est brillant, merci pour lui. Mais c’est un peu oublier que ces peuples ont une fabuleuse histoire orale. Un peu comme Monica Lewinsky mais en plus épique.

Or donc de peuple australe, nous nous intéressons aujourd’hui à celui qui se nomme lui-même Kawésqars. Et celui-ci dispose depuis 1996 (seulement !) d’un alphabet et d’un dictionnaire. Il peut donc à loisir l’écrire, son histoire.
Notre bon docteur Jose nous a parlé de Carolina et son combat pour la reconnaissance et la sauvegarde de sa culture et de sa langue. Ne pouvant voyager jusqu’à Puerto Edén (trop long et trop cher – nous sommes ici en pleine période estivale), nous nous cotisons pour l’aider à venir à Santiago. Nous la verrons deux fois longuement et elle profitera de son séjours, outre une matinée de shopping (putain les gonzesses !), pour rencontrer d’autres associations et institutions publiques. Carolina n’est pas Kawésqar. Elle est Mapuche. Mariée à un Kawésqar. Mais elle connait très bien cette culture. Elle arrive directement de Puerto Edén. 24 heures de voyage minimum. 8 heures de bateau jusqu’à Puerto Natales, leur « centre communal », 8 heures de plus en bus jusqu’à Punta Arenas, plus au sud, la capitale régionale pour prendre un avion et 3 ou 4 heures d’avion jusqu’à Santiago. En 2 mots, le bordel pour venir. Et comme il n’y a de bateau que tout les 5 jours, faut pas louper la fenêtre de tir!
Cette région au cœur du Parque National Bernardo O’Higgins est un paradis pour gothiques, voire pour emos, si personne n’a trouvé le moyen de les exterminer. Mer du Désespoir, Canal de la faim, Golf de la mer déchaînée… Tout est à l’avenant. La pluviométrie fait passer Brest pour la capitale du désert de la soif… Ah ça non ça l’est déjà… Bref une région dont on se demande vraiment pourquoi il y a eu des blaireaux pour la coloniser.
Les Kawésqars vivent traditionnellement de la chasse et de la pêche. Ils trouvent le bois de construction de leurs maisons et bateaux dans les grandes forêts de la région. Bizarrement on doit à Pinochet ce grand parc national. J’arrête pas de dire qu’on le condamne un peu vite ! Les Kawésqars bénéficient donc d’un territoire de plus de 5 millions d’hectares. Et comme il ne sont plus que 70 pour en profiter tu te dis cher lecteur (oui je te tutoie, ne t’en formalises pas ça ne changera rien) tu te dis donc :
« mais alors que viennent-ils chouiner dans nos chaumières et manger le pain de nos compagnes ? »
Ce à quoi je répondrai :
« je ne vois pas le rapport avec le pain et les compagnes. Mais que pour ce qui est de chouiner, que nenni. Ici point de chouinage »
Car non, ce peuple ne chiale pas sur son sort mais tente avec l’énergie du désespoir de préserver ce qu’il lui reste de culture et de langue. Pour ce qui est du territoire d’abord, sache cher lecteur que les Kawésqars n’ont pas le droit de prélever d’arbres sur leur territoire. Pas plus qu’ils n’ont le droit de chasser. Puisque parc national. Ils peuvent chasser le loup de mer une seule fois dans l’année. Les forêts en bordure du parc ont été privatisées et le bois et le droit de chasse également. Comme au Moyen-Age en Europe? Oui. Comme le Moyen-Age en Europe ! Tout ce qui était gratuit avant leur coûte une blinde maintenant. Magie du libéralisme ils n’ont même plus le droit d’enterrer leurs morts sur la terre de leurs ancêtres. Qui leur appartient. Ils doivent aller à Puerto Natales (donc minimum 8 heures de bateau) pour les derniers sacrements. Pour ce qui est de la pêche, ils l’ont bien profond également suite à la privatisation des zones de pêche qui tue lentement la pêche artisanale. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les élevages de saumon sont en train de détruire l’écosystème du parc. Car ces fils de p… qui ont l’oreille attentive de la présidence ont réussi à faire en sorte d’exclure les zones maritimes du parc. Ne sont protégées que les terres. Et donc l’industrie du poisson rose peut polluer à loisir pour le plus grand plaisir du consommateur souvent étranger. Sur l’eau non plus les Kawésqars n’ont (plus) rien à dire.
Pire. Un des plus grands projets hydroélectriques au monde est en train de voir le jour en bordure de leur territoire. HydroAysén va à terme privatiser de fait et détourner une des plus importantes réserves d’eau potable du monde (la deuxième je crois). Ce projet complètement délirant à pour but de produire de l’électricité pour Santiago (à des milliers de kilomètres de là) et pour l’industrie minière. Une fois de plus. Une pure aberration écologique et énergétique. Officiellement Aysén n’est pas en territoire Kawésqar. Mais l’eau puisée et interceptée si. Autant les Mapuches revendiquent le droit à la terre autant les Kawésqars se battent pour le droit à l’eau. Et le problème c’est que plus le combat des premiers est mis sous les projecteurs, plus celui des seconds ne fait que s’enfoncer dans l’obscurité.
Je viens de visionner un documentaire de 2006 sur les Kawésqars (que je tiens à disposition pour qui veut à mon retour). Il restait 12 personnes parlant la langue. En 2010 ils n’étaient plus que 5. Aujourd’hui 4 personnes seulement parlent et comprennent le kawésqar. Malgré le classement du peuple Kawésqar Patrimoine Vivant de l’Humanité en Danger à l’UNESCO, le Chili ne semble pas réellement se préoccuper de son sort. À cette heure, la communauté se compose de 70 personnes dont 11 enfants réparties sur 8 familles. Ces enfants sont censés apprendre la langue à l’école. Mais dès qu’ils seront dans une grande ville pour continuer leurs études, la parleront-ils encore ? J’ai beau admirer l’énergie de Carolina et de sa fille dans leur lutte contre la disparition et l’oublie de leur mode de vie, de tout ce qui fait d’elles des Kawésqars, je ne peux que me dire que j’assiste impuissant à la mort pure et simple d’un peuple et ce dans l’indifférence générale…
Rien à ajouter.
Une image de repas entre amis, histoire de finir sur une note positive!

Message à caractère informatif.

À l’occasion de mon dernier « papier », disons de mon dernier article, j’ai reçu un nombre impressionnant de courriers de personnes ne comprenant pas le concept de « teaser ». Le chiffre pléthorique de 1 peut-être largement avancé. Je vais donc répondre à cette cohorte de lecteurs – provisoirement – dans l’ignorance. JY. Un teaser c’est donner en une, voire deux images, juste ce qu’il faut pour éveiller la curiosité. Ensuite vient la bande annonce – qui montre plus et qui dure plus longtemps. On peut faire plusieurs teasers et plusieurs bandes annonces. Mais on termine toujours par l’œuvre elle-même. Donc cher camarade, un teaser développé n’est plus un teaser.
Voilà, après cette brillante analyse sémantique, je passe séance tenante à la suite du programme à savoir, la bande annonce.
Musique de film d’épouvante, voix de chroniqueur d’M6 :
Notre narrateur et Pato rencontrent lors d’un excellent repas [péruvien le repas, avec gros plan sur la paella de fruits de mer sauce crevette] 2 représentantes du peuple Kawésqar. Ce peuple littéralement en voie de disparition (sur)vit en Patagonie, au sud du Chili. À la fin du repas, plus de doute. C’est la merde. Le lendemain nos 2 comparses ont rendez-vous à Buin, charmante cité au sud de Santiago, pour une journée repas/rencontre avec nos non moins charmantes Kawésqars. Nos 2 complices, aidés par le Doc José et son frère Claudio pourront-ils changer le cours de l’histoire ? Ou vont-ils eux aussi investir largement dans ce qui sera la plus précieuse des ressources naturelles ? Mais au fait quelle est-elle cette fameuse ressource ? Vous le saurez après cette courte page culturelle.
Musique bucolique, genre scène de fin de Soleil Vert :
Le queltehue (Vanellus chilensis) est un oiseau commun du Chili, également appelé Vanelus. Il mesure de 35 à 37 cm et peut peser jusqu’à 320 grammes. Ici on le surnomme « chien de maison » ou « chien de garde » tellement son caractère de merde en fait un sale piaf digne d’un film d’Hitchcock. Notamment avec ses espèces de griffes qu’il a sur ses ailes et dont il se sert à l’envie si tu pénètres sur son territoire. Et en plus comme il est jamais seul, le queltehue est une vrai plaie !
Voilà, je voulais juste mettre les choses au clair. Il n’y a pire mal qu’un non dit.
Demain, promis, le compte rendu de ma rencontre avec ce peuple fascinant, les Kawésqars. En attendant, je vous conseille de (re)lire Jean Raspail et son « Qui se souvient de ses hommes ». Où comment il retrace 10.000 ans d’histoire de ce peuple oublié…
Le queltehue. Joli mais pas commode!

Pinkerton contre les mangeurs de moules…

Bon. D’abord un petit mea culpa. Ok, Un maxima mea culpa. C’est vrai, moi qui ne supporte pas la médiocrité, j’ai failli. J’écris – j’écrivais – généralement en rentrant vers 2 ou 3 heures du matin. À un moment ou grisé par la fatigue, tout ce qui sort de ton cerveau en veille te semble incroyablement génial. Un peu comme un mec bourré qui pense être le nouveau Schopenhauer ou la réincarnation de François Villon alors qu’en fait tout ce qui sort de sa bouche est digne de Christophe Mae. Enfin je dis ça je ne sais pas, je ne bois jamais… Bref tout ça pour dire que j’ai relu mes anciens textes et que j’ai corrigé le maximum et pris le parti d’attendre d’être réveillé pour écrire ! Ça veut pas dire qu’il n’y aura plus de fautes mais que je vais faire vraiment gaffe. Bien. Ceci étant dit, la suite.
Et la suite c’est une rencontre avec un peuple de loosers. Avec LA représentante d’un peuple de loosers, Carolina Huenucoy. Et sa fille Ayelen Tonko. Qu’est pas mieux parti dans la vie, elle fait des études d’anthropologie. Elle pourrait faire droit des affaires ou l’ENA locale mais non. Elle préfère parler de peuples en voie de disparition, dont le sien. Ce peuple s’appelle Kawésqar. Mais grâce aux Français, qui n’aiment rien tant qu’appeler les choses par d’autres noms tellement ils sont imbus d’eux-mêmesun phare pour l’humanité, il est connu sous le nom d’Alacalufes :
« Tu t’appelles Guivarc’h ? Ben maintenant tu t’appelles Guivarch parce que c’est plus joli et surtout parce que je sais pas l ‘écrire. Et puis ta ville s’appellera désormais Morlaix parce qu’avec Montroulez on risque de faire de mauvais jeux de mots. « S’ils te mordent mords les » c’est drôle. Lezmontrou c’est pas beau. Non ne me remercies pas. Je le fais parce que je suis imbu de moi-même un phare pour l’humanité. Et puis toi t’es Kawésqar ? Ben désormais, grâce à moi tu seras un Alacaloufes comme tes copains Selk’nam et les autres là que je connais pas leur langue, parce que vous mangez tous des coquillages… » (alacaloufe veut dire pêcheur de moules). Version romancée mais à peine. Alors je vous rassure, les Frenchies n’ont – hélas ? – pas le monopole de la connerie. Les Espagnols ont malicieusement renommé le peuple Dîné « Navajo » en référence à leur arme préférée, un couteau appelé « Navaja » avec lequel ces bons sauvages aimaient à trancher la gorge de nos amis Espingouins. Quant aux Anglais n’ont-ils pas appelé judicieusement les Inuits « Eskimos » parce qu’ils mangeaient exclusivement de la glace chocolat/noisette ?
Or donc nous rencontrons Carolina et sa fille chez une amie des causes perdues, Nancy. Elles viennent de Puerto Edén, à l’extrême sud du Chili, la Patagonie. Et comme nous allons passer la journée de samedi en leur compagnie et que je n’ai pas envie de parler de perdants aujourd’hui, un petit teaser avant de causer d’un mec qui LUI a tout comprit.
Donc les Kawésqars aujourd’hui c’est :
– 1 peuple inscrit patrimoine vivant en grand danger à l’UNESCO
– 8 familles
– 70 personnes dont 11 enfants
– 4 ou 5 locuteurs de la langue (dont un ethnolinguiste qu’est même pas Kawésqar)
– 1 territoire de + de 5 millions d’hectares sans aucun droit d’exploitation
Non aujourd’hui je préfère parler d’un vrai mec, qu’a pas eu peur d’entreprendre. Un de ces hommes qui se sont fait tout seul. Un self made mancomme le rêve américain en a tant fabriqué. Un mec qui supporte pas l’argent public mais dont toute la fortune a été faite sur le dos de ces salauds de contribuables. Notre Pinault (ou Dassault) d’aujourd’hui s’appelle Manuel Contreras. Et preuve que l’entrepreneuriat n’a pas de limites, sauf celles de l’esprit (putain c’est beau, on dirait du Parisot!), lui a créé une petite officine de détective privé. Qu’il a mis à disposition… de la junte militaire ! Qu’il connaissait bien puisqu’il était patron de la DINA, la police secrète. C’est pas génial ça ? Il a fait un max de pognon en aidant les assassins du nouveau régime à trouver leurs victimes en s’aidant de tout ce qu’il avait apprit à faire en tant qu’enculé en chef. Fallait y penser, et ben lui l’a fait. Ah, the american dream quand tu nous tiens !
Demain on revient à un truc plus chiant, des mecs qu’on rien comprit au darwinisme social
Vue de chez Nancy…

… avec la piscine qui va bien !

Pato, Ayelen, Carolina et un mec qui fait semblant d’aimer le soleil dans sa face.

!

Quand la musique est bonne…

Retour à Santiago, hier. Devant nous une petite semaine de repos.
Dernière visite à la communauté de Temucuicui avant janvier, en compagnie du docteur Venturelli, où nous avons rendez-vous avec le lonko Victor, Jaime et son frère, le werken Jorge. Après une heure de discussion sur la situation judiciaire du machi Celestino Cordoba rencontré hier à la prison de Temuco, les moyens d’aider celui-ci (dont je reparlerai bientôt), nous accompagnons Victor au tribunal d’Angol. Il doit s’y présenter suite à la manifestation de lundi. Nous ne pouvons rester car nous avons 8 à 10 heures de route en plein cagnard qui nous attendent.
Et nous reprenons la route du nord, via Renaico, capitale de la cerise. Arrêt chez un producteur, d’origine australienne, avec un vieil accent à la Crocodile Dundee. Nous serons les derniers clients de l’année car avec nous partent les derniers kilos de sa récolte annuelle.
On passe devant des hectares de zones déboisées, ou fraichement replantées. Ici la « forestal« , divisée en 4/5 groupes (internationaux) font entre 5 et 8 milliards de bénéfice tout les 4 mois. On comprend leur puissance. Et le combat des mapuches ressemble à celui de David contre Goliath. De loin c’est joli toutes ces forêts. Mais de près c’est assez glaçant. 
On passe au dessus de nombreuses rivières, presque asséchées. Pas du fait de la canicule, mais bien des barrages en amont, construits principalement pour l’industrie minière. La forestal et les mines, voilà bien la raison de l’assèchement quasi complet de l’Araucanie. Même en rasant ces « forêts » on estime qu’il faudrait 500 ou 600 ans pour que les sols et sous sols se reconstruisent…
Le docteur est un personnage éminemment sympathique. Déjà parce qu’il dit plus de gros mots que moi. Principalement sur les pacos (je dis paco surtout depuis que je sais que c’est interdit!). Il y a juste une chose qui m’intrigue chez lui. Ce mec est bardé de diplômes, il a travaillé dans je ne sais combien d’hôpitaux, de dispensaires, il aurait pu couler des jours pénards en tant que gynéco mais non! Il a choisi la pédiatrie! Comprend pas! Soit. Jose, c’est son prénom, a une connaissance de la région fascinante. Et en plus, ce mec il a connu en vrai la Violetta. Oui! Il a côtoyé la grande Violetta Parra. Et ça c’est un peu la classe (mais ça en dit long sur son âge!). Et puis surtout, il est un vrai mélomane. Le premier truc qu’il nous passe dans la voiture c’est du Jean-Marie Vivier, chanteur à la voix de Reggiani, ami de Félix Leclerc… Putain c’est bon (un petit morceau ici, spécialement choisi pour mon coreligionnaire JY). Ce qui m’amène à parler d’une vrai douleur. Et d’une hypothèse. Depuis maintenant 3 semaines que je suis là, et en dehors des 2 concerts de Manu Chao, de la soirée Luis Advis à la Villa Grimaldi et au Festival de los Derechos Humanos où j’ai notamment découvert Sol y Lluvia, je n’ai entendu que de la soupe. Sur toutes les radios des taxis, sur toutes les chaines de télé, dans les magasins… toujours la même musique sirupeuse, qui nous conte des histoires d’amour, de trahison, de passion, le tout sans intérêt… La dernière fois par exemple, on rentre dans un taco. Tout à coup j’entends Bill Deraime. J’me dis « putain c’est cool » – quand je me parle j’essaie d’aller à l’essentiel. Bon quand il a commencé à chanter du Herber Léonard, j’ai eu comme un doute. Et quand j’ai compris qu’il chantait en castillan, le doute n’était plus permis. C’était un faux Bill Deraime. Ah j’enrageai, seul sur ma banquette, pendant que mes compagnons et notre chauffeur ne remarquaient même pas l’immonde subterfuge. Heureusement que j’ai saisi l’escroquerie à temps, j’étais bien décidé à briser mes vinyles du bluesman dès mon retour en Bretonie. De même chez notre camarade Arturo n’entendais-je que du sous crooner espingouin. Nous avons même eu ce petit dialogue qui a presque mit fin à notre amitié éthylique naissante, dialogue que je vous retranscrit directement en version française, magie du doublage :
lui : « ici on connait pas vraiment la chanson française. Edith Piaf? » 
moi : « oui, elle est française » 
lui : « si y’avait un groupe il y a quelques années, c’était vraiment super. Il mélangeait de la musique électronique avec des chants sacrés »
moi : « !!! »
lui : « Grégorian, oui c’est ça, Grégorian, c’était vraiment super » (pour rappel, je vous ai trouvé une version best of d’une heure! )
Je repris mes esprit juste à temps, j’allais m’ouvrir les veines avec ce qui ressemblait à une paille ou une brindille, j’étais trop troublé pour m’en souvenir.
Comme partout les boutonneux écoutent les mêmes merdes préfabriquées par des producteurs qui ont autant à voir avec la musique que Musso avec la littérature – il y a des affiches pour One Direction partout à Santiago. Il y a bien des chaines de radio pour djeuns. Qui passent des trucs de Djeuns. En France il m’arriverais jamais à l’esprit d’écouter NRJ ou Skyrock. J’ai plus de 3 neurones et je suis majeur. Non j’écoute d’autres radios. Mais ici c’est pas possible. C’est ou fausse cumbia crado ou Franco Michele (version latine de Frank Michael). Même le pauvre groupe de punk que j’ai vu à une autre fête du souvenir avait même pas les bollocks de jouer à fonds – ni de chanter juste mais là n’est pas la question.
Ce qui m’amène à la théorie suivante. Attention à vous, c’est brillant. La Norvège est devenue à partir des années 80 la patrie du Black Metal. Le genre musicale le plus extrême jamais entendu à été favorisé par le traditionalisme de la société et le poids oppressant de l’église norvégienne. La jeunesse du royaume qui se faisait grave chier était en réaction totale. Ce qui a favorisé la création de ce genre musical et mené à quelques « dérapages » de ses protagonistes (meurtres, incendies d’églises médiévales… et fonds très subtile de cannibalisme… joyeusetés bien compréhensibles vous en conviendrez bien volontiers).
Et ben ma théorie est que si il y a autant de métaleux au Chili, que l’on parle autant des musiques métales sans en entendre (j’ai même vu un article sur la sortie du nouveau Mastodon dans l’équivalent ici du Figaro!) c’est que justement une grande partie de la jeunesse est en réaction à la musique Teysseire qui leur est servie à longueur de journée. Alors? C’est pas une théorie qui déchire? Aller c’est cadeau. m/
Une mosquée?…
Non, un super retau populaire.

Une forêt toute neuve sur des millier d’hectare…
… alors que la terre n’a même pas récupéré de la précédente.
On lui a pris ses dernières cerises. Il range tout!

Renaico, capitale de la cerise.

Petit arrêt fromage.

On s’approche de Santiago, des vignes à perte de vue.

Vitesse du bus affiché à l’arrière!

Lautaro rencontre César…

Le grand chef de guerre mapuche Lautaro était tout sauf une tanche. Bon il est mort jeune parce qu’un blaireau l’a balancé aux espagnols (en 1557, merci wikipédia) mais jusque là il leur a fait une belle misère. Notamment en butant Valdivia, le fondateur de Santiago. Une des forces de Lautaro était sa capacité à comprendre les stratégies militaires espingouines. 6 ans dans les geôles des conquistadors à mater leurs tactiques et tout et tout et voilà que quand il se fait la belle et ben le mec il décide de leur rendre comme il faut un chien de leur chienne. Et le gars il invente une tactique qui consiste à lancer de petits groupes qui harcèlent en permanence les troupes ennemies. Ils cognent ils repartent aussitôt. Ils vont plus loin et rebelote. Pour les avoir à l’usure. Ben le bonhomme il a fait des adeptes.
Nous arrivons à Temuco par le bus de nuit vers 6h du matin. Notre camarade Arturo ne peut être avec nous et on prend fissa un autre bus pour Angol. J’avoue que la perspective de me taper 2 heures de route juste après les 10h de voyage de nuit sans dormir m’escagasse grave. Mais bon, le camarde a une bonne excuse. En approchant d’Angol nous croisons des bus chargés de mapuches bloqués sur le bas côté par la police. Ça promet. Nous avons rendez-vous avec eux pour une marche qui doit nous mener devant le tribunal afin de rendre hommage et soutenir Daniel Melinao, accusé du meurtre d’un policier. Comme souvent, manque de preuves, violences… Classique dans cette région. 
Nous allons poser nos affaires (valises, ordinateurs…) au musée de la ville dont le directeur est un vieux camarade de Pato. Et puis on attend l’arrivée des manifestants. On attend. Et encore un peu. Et puis tout à coup, les commerçants commencent à fermer les rideaux. Passe devant nous un impressionnant cortège de voitures blindées, de camions et de motards. On se souvient tous des assassins de Malik Oussekine. Ces tueurs étaient nommés « voltigeurs ». Pour rappel ces enculés ont juste pris du sursis! Bref tout ça pour dire qu’ici il y a le même genre de motard. Et ils ont pas l’air commode. Comprenant que la manif’ a commencé sans nous, on s’en va la rejoindre. Sauf que les condés ont déjà commencé à travailler et à disperser les mapuches. Sur les 1000 manifestants, le groupe qu’on croise n’est plus que de moins de 100 personnes. Les autres se sont constitué en petits groupes qui harcèlent la maréchaussée. Cailloux et bâtons contre blindés et matraques. 
Gaz, canons à eau sur un groupe de femmes et d’enfants, les carabiniers font tout pour disperser au maximum. C’est plus facile de chopper les manifestants quand ils sont en petit groupe. Arrivés devant le tribunal, la bleusaille reprend la matraque quand certains manifestants, furax de pas pouvoir s’approcher et assister à l’audience de Daniel, commencent à jeter quelques cailloux. Alors que je photographie la scène je me prend un bon coup de matraque dans les reins pour me faire avancer et quitter les lieux. Pas trop de mal mais ça surprend. Pas grave on continue on avance dans les gaz lacrymo qu’ils balancent comme des oufs. Jamais eu la gueule autant rongée par cette saloperie. Seule consolation, un peu plus tard alors qu’on essaie de trouver à boire – toujours avoir de l’eau et du citron pour faire passer cette saloperie – on croise une camionnette de carabiniers avec dedans des mecs aux yeux rouges, en train de s’asperger à grandes eaux. Petit retour de bâton qui me fait bien marrer.
Les affrontements auront duré 1h, 1h30. La suite est plus tranquille. Retour au tribunal – toujours pas accessible – où nous attendons la fin de l’audience. Et c’est long. En plein cagnard. 36° la journée la plus chaude depuis mon arrivée. Et c’est un moment étrange. Les flics enlèvent leurs casques, des jeunes filles mapuches les vannent et tous de rire ensemble… Tous cherchent l’ombre. 5 heures d’attente pendant lesquels nous apprenons l’arrestation du principal témoin de Daniel Melinao. Le curé Luis Garcia Huidobro atteste qu’il était avec le werken très loin de sa communauté le jour des faits. Ben c’est un des premiers manifestants arrêté. Quel heureux hasard! En tout 17 interpellations dont 1 mineur de moins de 14 ans (âge de la majorité judiciaire) 1 femme avec son bébé et le lonko Victor Quaipul que nous avons rencontré la semaine passée. Une bénévole d’une association juridique nous assure que tous ont été maltraités par les carabiniers. Et un homme à une grave entaille bien profonde mais visiblement pas assez pour avoir le droit de voir un toubib. Nous quittons Angol vers 20h alors que la plupart des interpelés est encore en garde à vue.
Mardi, nous partons pour Cañete – 3h de route à travers la Cordillère de Nahuelbuta, splendide – pour retrouver Peggy Vocaz et ses deux enfants. Nous avons rendez-vous à la prison de Lebu – 1h de plus – avec son compagnon Emilio Berkhoff. Ce jeune homme risque 40 ans pour incendies, port d’arme, et agression de fonctionnaire. Procès vite expédié, avocat commis d’office qui s’en bat les parties… Lebu est une petite ville côtière et sa petite prison est un trou propre mais délabré. Nous avions eu de mauvaises nouvelles quant au moral d’Emiliano mais c’est un jeune homme très combatif qui s’exprime. Avec un discours politique très clair et très construit. On comprends vite que la visite d’étrangers est un réconfort. L’idée qu’il n’est pas « seul ». Et sa compagne est très courageuse, à continuer à se battre contre le système tout en s’occupant de sa progéniture. Nous avons droit à 3 heures avec Emilio. Mais comme on est pas des chiens on lui laisse 15mn d’intimité avec sa femme et ses enfants. Sympa non? 
Mercredi, revisite de prison mais ici à Temuco. Visite spéciale obtenue par les camarades du CECT  local. Nous y rencontrons le machi Celestino Cordoba. Accusé du  meurtre du couple Lluchsinger –  Makay, propriétaires terriens. Celestino est sans doute le plus connu des détenus mapuche. Sa fonction de machi en fait un personnage important de sa communauté. Le machi est une référence spirituelle. Et s’attaquer à lui est une manière de s’attaquer au cœur de la culture mapuche. Daniel à l’air fatigué – cela  fait 1 ans qu’il est en taule – mais lui aussi a un discourt très clair et très intéressant. Plus spirituel que politique. Attention point culture : César pour conquérir la Gaulle s’est appliqué méthodiquement à tuer tous les druides. Parce qu’ils étaient au cœur de la structure sociale, culturelle et spirituelle celte. Il les a tous niqué sauf ceux d’Irlande qui ont fini par se christianiser et à venir évangéliser la Bretagne quelques siècles plus tard. Et ben ici avec Celestino, le Chili tente une tactique similaire. Ça va être dur pour lui d’autant que la police et la famille des victimes semblent vraiment vouloir en faire un exemple… La suite judiciaire en mars/avril.

Demain retour à Santiago…

Un feu de forêt. En voyant la fumée de loin, un mapuche dit « un incendie, mais ça va. C’est dans les pins. C’est pas dans la forêt.

Premiers manifestants bloqués par la police.

Véhicules blindés partout dans la ville.

Le mec le plus optimiste de la journée!

Patricia « La Chepa » Troncoso; 120 jours de grève de la faim en prison!

Blocage de la rue du tribunal.

Hum, you touch my tralala…

Les forces spéciales, les pires!

Rodrigo Roman, avocat de Daniel Melinao.
L’avocat Nelson Miranda.
Un flic en civil. Pas moyen de photographier sa gueule.

T’as raison, baisse la tête!

Felipe Duran, reporter et militant.

Ici même quand tu bois de l’eau tu finances Coca.

On cherche l’ombre.

On a même droit à un hélico.

Métaleux, photographe et soutien aux mapuches.

Petites prises vidéo en amateur.

On attend notre bus sur l’autoroute…

Vers Lebu, à travers la Cordillère de Nahuelbuta

Prison de Lebu.


Ça rassure !

Hôpital de Cañete.

Lac Lanalhue.

Le rouge est une couleur… froide.

Samedi est organisé à Paine au sud de Santiago une fête des droits de l’homme, moment d’hommage aux disparus de la ville pendant la période de la junte. Paine a en effet le triste record du nombre de disparus. Quelques 70 âmes dont on ne sait rien sinon qu’ils ont été embarqués par la police ou l’armée. Nous y rencontrons Gustavo Puz, vieux militant anciennement socialiste et nouvellement communiste. « Y’a plus qu’eux qui sont encore à gauche au Chili ». Ce compagnon d’arme de Pato est de toutes les luttes sociales et écologiques. Il est également journaliste radio. Nous devisons un peu et décidons d’un entretien « officiel et enregistré » le week end prochain, après une nouvelle semaine en territoire mapuche – nous repartons ce soir, en bus de nuit. 
Le soir même nous sommes invités chez des amis de Pato et Carolina, sa compagne. Laurena et Osvaldo – mapuche de la région de Temuco – nous accueillent comme des princes, à coup de bonnes bières et de repas de fruits de mer de la mort. C’est à l’issu du repas, alors que nous devisions sur l’avenir politique du pays – deuxième tour des présidentielles le lendemain – Carolina apprend par téléphone la mort de Don Nilo, son grand-père. Nous nous rendons tous chez le défunt pour accompagner Carolina. C’est à 15mn à pied, en traversant le barrio, le quartier, La Legua. J’ai déjà évoqué cette ville dans la ville qu’est La Legua. Ce fut le dernier bastion de résistance anti-Pinochet en 73. On s’y battait armes au poing. Pato s’y est battu. De cette période d’insurrection plus le fait que c’est aujourd’hui le bastion de plusieurs barons de la drogue de la capitale chilienne, ce quartier garde une réputation des plus sulfureuses. Aucune chance d’y être invité par une agence de voyage. Et pourtant. L’histoire de La Legua, le charme de ses petites rue, le côté militant de beaucoup de ses habitants et la profusion de peintures murales exceptionnelles et l’accueil que j’y ai reçu à chaque fois… je suis vraiment sous le charme. Bon je suis accompagné par des résidents – voir des natifs pour certains – et j’ai bien compris que mon appareil photo était bien mieux dans mon sac à dos. Mais enfin. Nous passons devant la maison d’un des membres de Legua York, groupe de rap qui a fait la première partie de Manue Chao une semaine plus tôt. Ce mec est en plus grapheur de génie (j’ai vu certaines de ses œuvres c’est stupéfiant) et… maire adjoint de cette commune. Avec un programme de réhabilitation et de construction d’habitations sociale très ambitieux, mais visiblement il se donne la peine et les moyens pour aider sa communauté.
Arrivés à la maison du Don, il y a déjà du monde (il est minuit). Lorsqu’ Osvaldo me demande de l’accompagner pour trouver des clopes, je le suis avec plaisir. Nous nous promenons 30/35 minutes dans le quartier. Il me raconte l’histoire des rues, des gens que nous rencontrons, des bâtiments… Je pense à cette église dont le curé est sorti s’interposer entre de jeunes gens et l’armée qui était bien décidée à les rafler, mode Tienanmen le mec! Et d’autres histoires de héros moins connus.
Lorsque nous sommes de retour une quinzaine de jeunes portant drapeau rouge sont devant la maison, et une vingtaine de bougies allumées sur le trottoir. Il faut dire que Don Nilo Zamora est une figure incontournable du communisme chilien. 89 ans. Lui aussi a connu les prisons de Pinochet. Il en avait gardé un visage – le côté droit je crois – définitivement défiguré à coup de crosse de fusil. On me fait remarquer une autre agitation un peu plus loin dans la rue. C’est la maison d’un dealer bien connu dans le coin. On me raconte l’anecdote suivante : il y a quelques temps un jeune garçon et son père on été passé à tabac par la police. Leur malheur, avoir sorti un téléphone portable et l’avoir dirigé involontairement en direction des pacos. Ces derniers ont cru qu’ils avaient été photographiés par le jeune au moment ou le jeune dealer leur donnait une petite somme d’argent pour sa « tranquillité ». Ici les cocos ont pas de thunes. Les cons!!! 
Osvaldo et La Laurena m’invite finalement à dormir chez eux. Pato et La Carolina resterons toute la nuit.
Le lendemain, Patricio et moi nous nous retrouvons et hop direct Plaza de Armas pour rencontrer Rodrigo Toledo :
– plus jeune garde du corps d’Allende
– arrêté, torturé, Stade National, condamné à mort, communié en prison à vie, expulsé en Roumanie vers 76 (le tout comme Pato)
– Médaille du mérite en Roumanie pour avoir sauvé de nombreuses vies lors du tremblement de terre de 77
– Ecole militaire à Cuba, obtient un grade élevé j’ai pas noté lequel
– 1979 chef du groupe de sandiniste qui reprend le palais présidentiel au dictateur Somoza (marionnette U.S au Nicaragua)
– nouvelle décoration bien balaise de gros dur, mais décoration quand même
Mission d’aujourd’hui, le contacter pour qu’il nous aide dans nos missions de demain. Mission accomplie.
Tout est fermé aujourd’hui pour cause de votation, c’est ce qu’a promis Piñera (mais bon les promesses n’engagent…) et nous allons avec Rodrigo dans le premier café que nous trouvons. Un peu particulier le rade; Patricio m’en avait parlé mais je ne pensais pas y rentrer un jour. C’est un endroit très lumineux avec des glaces sur tout les murs. Pas de tables, pas de chaises. Seulement des comptoirs. Qui font le tour de la pièce et du pilier central. A gauche la mère maquerelle tient la caisse. Tu paies d’avance! A droite les comptoirs dernière lesquelles de sublimes créatures attendent le client. Tout est fait ici pour que le mal s’y sente bien. Les filles, jeunes, superbes, montées sur des talons de 30cm; moulées dans un uniforme qui consiste en une robe très, très courte. Et très, très moulante. A chaque pas, à chaque geste, celle-ci remonte de quelques centimètre et la demoiselle est obligée de réajuster sa tenue pour ne pas offrir trop facilement aux regards son intimité. Qui est tout de même protégée par une culotte ou un string. Sans doute pour éviter les courants d’air. La robe est noir avec une bande rouge et une bande blanche. Un écusson fait penser à un maillot de foot. Coïncidence? Ou se met-on à niveau du client désiré? Les comptoirs n’ont pas de mur. Juste un zinc sur petits piliers. Ainsi le client peut à loisir profiter des charmes de ces belles. Et c’est là que les miroirs aux murs montrent toute leur efficacité. Tu peux mater toute la salle sans bouger la tête! Et je vous arrête tout de suite messieurs, pas de photos même cachées. Ma mère est une femme, mes sœurs sont des femmes, l’employée d’Ingalañ est une femme, la coprésidente est une femme et de manière générale les femmes sont des femmes et je ne veux pas d’emmerdes. On sait à quel point c’est susceptible ces trucs là.
Ce qui m’amène à une autre minorité visible… L’armée. Aujourd’hui donc c’est vote. Et c’est l’armée qui est garante du bon fonctionnement de la démocratie… On arrête de rire svp, c’est du sérieux là! Vous avez bien lu. L’armée qui a confisqué la démocratie et les plus basiques droits de l’homme est aujourd’hui garante de ce qu’elle a souillé de ses Rangers hier. Et de fait, la capitale a des allures de ville sous couvre feu. Des bidasses partout, des flics à foison. Blindés en tout genres. Peu de photos car sont pas très amateurs (cf l’aventure a Legua).
A l’instant ou j’écris La Bachelet vient officiellement d’être réélue présidente de la République du Chili. Fille de soudard (même assassiné par d’autre soudards) elle a donné tout sa confiance en l’armée… Une histoire sans fin?

Câbles électriques et téléphonique…

… ça m’a l’air d’un bordel!

Paine et ses disparus.

Accès au site par les rails. Véridique.

Trop chaud les gens ne sont pas encore là.

Pato et son ami punk à chien. Sans chien.

L’Agence tout risque est là…

…mais les pacos regardent pas du bon côté!

Bureau de vote. Sous surveillance!

Médiocrité de l’information au Chili…
…qui veut faire passer cette mascarade pour une fête…
…avec des point de vue politique…

…très profonds.

Le mur du con

« Bon ben lui je vais me le faire… » C’est en substance ce que je me dis tandis que l’Autre glousse une nouvelle fois pendant que la récitante nous narre la vie de Violetta Parra. Et ce con est en train de me gâcher un pur moment de grâce. Imaginez, un récital de toute beauté dédié à Luis Advis, compositeur et philosophe chilien ayant écrit notamment pour Quilapayún. Première partie par les élèves d’une école supérieur de musique et chant. « La Historia de Violetta Parra ». Et l’autre  blaireau il braille. Putain, pourquoi les gens, dès que c’est gratuit ils se sentent obligé de se déplacer? Serait-il venu si ça avait été payant? Non bien sûr! « Gracias a la vida que me ha dado tanto »… Il remet ça le nain. Je dis le nain parce que je le vois pas. Et comme tout le monde est assit il doit pas être bien grand. Il rit bêtement. Ça me gonfle menu mais j’ose pas lui dire « ser da veg ‘ta ». Entracte. On reprend nos esprits avec les camarades. Cette musique est vraiment émouvante. Et quel personnage que La Violetta. Et soudain je le vois. Je sais que c’est lui à la voix. Nasillarde. Il passe devant moi en riant. Je lui lance un regard lourd de sens. Il me sourit. De ce sourire qui dit « je sais pas pourquoi t’es là weón, mais clairement j’suis là pour te faire chier » Et je le crois. En plus il est accompagné d’une grosse dame qu’a pas l’air des plus aimable, j’ai pas envie de me la coltiner. Bon, on sait jamais. Va peut-être se calmer le gnome – effectivement il est pas bien grand.
La deuxième partie commence. Superbe. Les élèves de musique et chant d’un lycée interprètent « Santa Maria de Iquique ». Œuvre majeur du sieur Advis. Un hommage aux mineurs massacrés dans cette ville du nord chilien au début du XXe siècle. C’est un moment de l’histoire chilienne qui a forgé une partie de la conscience politique ouvrière. Une histoire de lutte de classe. Et c’est une fois de plus de toute beauuuuuté.
Et il la ramène encore le ravis de la crèche. Je me mets à imaginer toutes sortes de supplices. Et ça foisonne dans ma tête. Il faut dire que le lieu magnifique où nous nous trouvons, la Villa Grimaldi, au pied de la cordillère, au dessus de Santiago, ce petit domaine fleuri à l’architecture gracieuse, avec un petit côté Gaudi dans la faïence, cet endroit donc est l’endroit est le plus indiqué pour penser sévices corporels. De 1974 à 1978 il fut l’un des pires centres de torture du régime. Des dizaines de jeunes hommes et femmes y furent torturés, violés et assassinés. Des cellules ils ne reste rien. Elles sont marquées au sol par ce qui reste des murs. Comme de petits sentiers. Le reste est intacte. Plusieurs plaques au sol nous indiquent les zones de torture, de détention, les sanitaires… les lieux de privation! Une plaque plus grande donne le nom de tous les disparus de cet endroit. Cette soirée est organisée pour fêter le 65ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Quel symbole que de le faire ici. Dans cet espace où ils ont été souillés de la pire manière.
Et lui il braille. Mon imagination est à plein régime. Et là, alors que sur l’écran à droite de la scène sont présentées des images d’époque d’Iquique, d’ouvriers agonisant, là, ce jeune gourgandin commet l’erreur de trop. Finalement la grosse dame en a autant raz le bol que moi. Et alors qu’elle s’approche pour gourmander l’importun, celui-ci se retourne brusquement commence à courir, se prend les pieds dans une dalle… Je vois la scène au ralenti. Je vois son vol plané centimètre par centimètre. Et plus il avance inexorablement vers le mur de pierres qui lui fait face et plus je souris en même temps que je me dis : « putain tu l’as pas volé » et je me marre en pensant à cet odieux jeux de mot.
Pan! La tête la première. Il se relève assommé d’abord, surpris ensuite pour finalement se mettre à chialer sans retenue. Même pas un peu de fierté dans la défaite. L’humiliation n’en est que plus grande. « Ha ha » je me dis. « Victoire! » La grosse dame le prend dans ses bras, cajole cet être sans dignité, l’éloigne et le remet ENFIN dans sa poussette. J’ai enfin pu profiter de ma cantate.

Affiche vu sur le chemin…

Chaque carré de pelouse représente une geôle.

Le mirador

Final avec les deux écoles. Superbe.

Daniel Melinao depuis la prison d’Angol: « Je ne suis pas impliqué dans la mort du policier »

Le werken de la communauté mapuche de Wente Winkul Mapu, Ercilla, a déjà passé 8 mois en détention préventive en attendant le début de son procès pour le meurtre du policier des GOPE, Hugo Albornoz.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=D5cLI0wKtFA]

Daniel Melinao parle depuis la prison.
Melinao est en prison depuis avril. (J. Monsalve)
À travers une vidéo, le werken de la communauté mapuche de Wente Winkul Mapu, Daniel Melinao a indiqué qu’il n’a aucune responsabilité dans la mort du policier Hugo Albornoz, qui a été tué lors d’un RAID dans la communauté.
« Je n’ai aucune responsabilité dans les faits qui me sont reprochés, tout cela est dû à un montage politique contre moi à cause de ma condition de chef mapuche, étant le werken dans ma communauté », a déclaré Melinao.
Lors de cette communication, Melinao a ajouté qu’il « dénonce la répression et le harcèlement à l’encontre de notre communauté. L’état m’a montré et j’ai été privés de liberté, pratiquement séquestré depuis huit mois, pour minimiser notre combat. »
Le chef mapuche a été arrêté le 25 avril de cette année et a été capturé par le PDI, quand il était à l’intérieur d’un café Internet à Collipulli.
Melinao est présenté par le Ministère Public comme l’un des responsables de la mort du policier Hugo Albornoz, qui a été tué en avril l’an dernier lors d’un RAID à Ercilla.
L’accusation réclame une peine de 20 ans pour la qualification de meurtre du fonctionnaire de police et demande également pour le werken de la communauté Wente Winkul une peine de dix ans pour l’infraction de tentative de meurtre contre d’autres policier le même jour et un an pour les dommages, ce qui ferait un total de 31 ans de prison.
Source : Soy Chile
Traduction à la louche : Gus ar Braz

Une tendre image du futur

Fin du reportage. Pujadas reprend l’antenne, la mine sombre. Même lui, avec des années d’expérience n’est pas insensible à cette nouvelle vision d’horreur. Il rappelle avec gravité que les deux reporters,  André-Jacque Facial et Anna Rozemoileschossettes sont dans ce pays en guerre, qu’ils font leur devoir de journaliste avec abnégation. On sent la fierté de ce présentateur à pouvoir compter sur une équipe aussi courageuse. Il nous fait presque sentir à quel point lui aussi, s’il n’avait d’aussi grandes responsabilités – une rédaction à faire tourner, un peuple à informer… – lui aussi se verrait bien dans les pas d’Albert Londres…
L’écran se sépare en deux. A gauche notre homme tronc préféré, que la ménagère continue à trouver séduisant malgré quelques années de plus et quelques petites ridules, qui finalement le rendent tellement attirant. A droite une photo en gros plan, une boite de médicament quelconque. Une Voix off nous relate tout les bienfaits de ce médicament. Combien de temps cela dur t-il, 15 secondes, 20 secondes, nul ne le sait tant est fascinant le récit de cette belle Voix, aussi profonde que celle d’un Jean-Pierre Mariel. 
Le visage de Pujadas s’illumine enfin. Il se tourne sur sa gauche – la caméra semble reculer – et nous le voyons saisir une petite boite, fort semblable à celle vantée par la Voix. Il n’y a désormais plus que lui à l’écran. Il présente l’objet à la caméra, regarde bien l’objectif et dis de sa voix la plus enthousiaste : « Ce matin j’étais constipé. Mais grâce à Fucaca plus de bouchon. Dragées Fucaca c’est bon mangez-en ». Il se tourne vers l’autre caméra, sur sa droite cette fois, et d’un regard lourd de sens reprends : « A Wall Street, hausse spectaculaire de la délinquance des cols blancs, ce qui nous amène à ce nouveau scandale Lehman Brothers… »
Si vous trouvez ce récit délirant, je vous dirai que le plus improbable est la dénonciation des crimes des banquiers à la télévision. Je n’exagérè même pas ce que je vois à la téloche chilienne. De telles scènes sont visibles sur les chaines publiques et privées. Hier matin, alors que nous déjeunions dans un petite échoppe, œufs brouillés et merken avec un café, lyophilisé, un de plus, je regardais l’équivalent des journaux du matin. Tout s’est arrêté pour un flash spécial. Diantre, fichtre foutre mais que ce passe-t-il? Une invasion extra terrestre? Un tremblement de terre? On a trouvé une trace de neurone chez Steevie? De sympathie chez Poutine? De gauche chez Hollande? Non, PIRE. La starlette locale a porté plainte pour… j’ose à peine le dire tellement je suis choqué. La starlette locale (l’équivalent plante verte d’Energie 12, seins refais 10 fois et le QI d’une huitre neurasthénique) a porté plainte contre un journal people pour publication de photos volées. Quand nous avons quitté le rade, ce n’était pas terminé et cela faisait déjà 25 minutes que les envoyés spéciaux enquêtaient, sondaient les passants pour savoir ce que le peuple pensait RÉELLEMENT de ce tragique fait divers.
Je ne sais pas ce que deviendront les médiats en France mais tant que Jean-Pierre Pernaut n’aura pas été saisi dans le béton d’une maison Bouygues, je ne serai pas rassuré. Le pire est toujours à notre portée. Il n’est jamais loin et une de nos meilleurs probabilités. Ici j’en ai un vaste aperçu et c’est vraiment flippant.
Sur cette belle image du futur je m’en vais à un concerto à la Villa Grimaldi. Un lieu rêvé pour penser à un monde meilleur…
C’est dans ce bouiboui que le drame a eu lieu… par prudence il n’y a pas de photo de l’écran de télévision.

Même la lavande peut sentir la merde…

Arrivés ce matin à Santiago, vers 6h. Nous avons quitté Temuco hier soir alors que Matthei y commençait son meeting de fin de campagne. Affiches géantes partout avec ce slogan de deuxième tour, Si se puede, le Yes we can du pauvre. ‘fin quand je dis du pauvre, c’est quand même un parti de milliardaires. Qui fait rêver des pauvres. Et cette nana risque d’être en tête à Temuco et dans une grande parti de la 8ème région… Je dis 8ème parce que grâce à la dictature, aucune région n’a de nom. Juste un numéro. Comme ça c’est plus simple. Ils sont d’un pragmatisme ces bidasses ! Nous par exemple, on a la Bretagne, la Picardie, la Vendée… Ah non. Eux ils n’ont pas encore de région. Ils sont mélangés à des vrais gens. Dommage, l’humanité toute entière gagnerait à les isoler. Mais une fois de plus, je m’égare. Ici au Chili, t’as juste à savoir où sont le sud et le nord et tu comptes. Même un simple troufion s’y retrouve. C’est bien fait non ? J’aime cette rigueur toute martiale. Alors. Où en étais-je ? Donc quitté Temuco… Yes we can… 8.. Oui ça y est. Donc. Le gars Mélanch’ a dit d’une pseudo révolution à tête rouge gagnée par les patrons et les pollueurs de tout poils « les esclaves manifestent aux côté de leurs maîtres ». Bon, il dit ce qu’il veut le bonhomme. Tout le monde sait que l’esclavage est aboli en France. Tout juste peut-on parler de servage. Et encore. Volontaire. Non, ce qui m’importe c’est qu’ici, à Temuco, cette sentence a quelque chose de très profond. Imaginez. Un parti qui est directement issu de la junte, qui a tellement de sang sur les mains qu’il faudrait les plonger dans un bain d’acide pour les blanchir. Qui opprime encore les mapuches, dont le président sortant issu de ses rangs vient d’annoncer qu’il n’était pas question de changer la manière de traiter ces mêmes mapuches… Imaginez que ce parti est largement majoritaire dans cette région ! Navrant !
Bon je reprends le cours de mon récit où il était resté.
Peñi (Hermano, frère) Mario, taxi de son état, vient nous chercher dans l’hostaleria où il nous a laissé la veille. Une grande maison un peu terne avec une décoration douteuse. Direction le grand marché couvert pour un petit déjeuner plus que bienvenus. Nous n’avons pas mangé depuis la veille au matin. Sopaipilla con queso et café lyophilisé (difficile de trouver un vrai café dans le coin). Un vieux monsieur se joint à notre tablée. Et balance une grosse vacherie sur les condés qui passent. Ici on les appelle pas poulet mais Choroy. Perroquet. A cause de leur uniforme vert. Ça a l’air drôle mais je comprend rien… Et c’est reparti. Une bonne heure de route pour rejoindre Ercilla au nord de Temuco. Nous y rencontrons Jorge Huenchullan, werken (porte parole) de la communauté autonome de Temucuicui. Il nous conduit à sa communauté, 10/15 minutes de piste dans une nature magnifique. Seul hic, eucalyptus et pins partout au lieu d’essences endémiques. Arrivés à destination. Un groupe d’homme travaille à clôturer un très grand champ. Nous sommes en pleine action de réappropriation de terres. Sous l’œil scrutateur de condés loin de nous. Le moindre fait et geste de la communauté est su, épié. Les Mapuches ici récupèrent des terres vendues sous Pinochet à un suisse qui a décidé de se lancer dans la sylviculture. Il faut savoir qu’en France, la plupart de nos quotidiens sont imprimés sur du papier issu de plantations chiliennes. Avec une croissance rapide, le pin et l’eucalyptus sont une manne financière incroyable. Ils assèchent les nappes phréatiques mais bon. C’est pas comme si c’était grave. Or, donc, nos amis sont en train de récupérer ces territoires pour principalement les cultiver. Dans ce territorio en recuperación je fais la connaissance de Jaime, autre werken et frère du premier ainsi que de Victor Queipull, lonko (chef de communauté). Celui-ci connait bien les flics qui nous surveillent. Arrêté plusieurs fois, torturé, la police spéciale lui a même volé un cheval, sous ses yeux, il continue la lutte pour les droits de son peuple. Étonnant ce mélange de volonté, de certitude de lutter pour son bon droit et de calme. Il n’y a pas de haine dans ses propos. Nulle trace de violence. Alors que moi je suis en train de bouillir. Et pas seulement du fait du soleil qui tape dur. Non. Je bout aussi à entendre le récit de Jaime, dont la police militaire a massacré – pas d’autres mots – ses brebis. Lui qui est allé au Canada apprendre à faire du fromage a perdu une partie de son cheptel sous les roues de camions blindés! Rien que ça.
Après 2 heures de discussion, nous reprenons le chemin de Temuco. Dans tout bon film d’espionnage, il y a un rendez-vous dans un endroit improbable. Ben nous c’est dans une peruqueria. Un salon de coiffure! Tu parles d’aventuriers. Mais bon on est bien accueillis et les coiffeuses sont sympa. Sergio et Pablo de la CECT finissent par arriver, on s’en va causer ailleurs, dans un bar, et nous sommes bientôt rejoint par Carlo et son air de peintre fou. Bon moment de discussion, des choses à voir avec eux, prendre la température de ce qui se passe dans la région… Cuisine interne, je suis pas concerné par un grande partie de la discussion. Ou je la comprends pas, au choix. Pablo nous propose de nous accueillir chez lui. On s’installe et j’en profite pour prendre une douche. Froide la douche. Le raccordement au gaz n’est pas fait. Vous connaissez l’expression « les avoir comme des raisins de Corinthe »? Ben avec une eau qui doit arriver tout juste d’Antarctique c’est un peu ce qui c’est passé. 
Tout propre que je suis, nous partons pour le Gymnasio Olimpico où nous retrouvons nos camarades Mapuches de Temucuicui, rejoints par d’autres amis. L’ambiance est incroyable. Des banderoles partout, des gens en costume traditionnel, des hommes, des femmes, des enfants… La fête commence déjà a l’extérieur. Je rencontre un jeune mapuche qui est fan de la Bretagne. Il connait par cœur la Côte de Granit Rose, Lannion, Perros-Guirec… sans y être jamais allé. Juste dans les livres. Après une bonne heure de parlotte nous finissons par rentrer dans le Gymnase.
J’ai un pote – son père était pêcheur – il mangeait les meilleurs poissons du monde presque tout les jours. Et a force, ben il était un peu blasé. Alors que je me serais damné pour le dixième de la poiscaille qu’il avait à table, ben lui il rêvait de steak. Un vrai repas de fête était un repas avec de la viande. Blasé je vous dis. Ben moi, je suis toujours pas blasé de voir un concert de Manu Chao et la Ventura. Je ne l’ai pas autant vu que mon pote mangeait du poisson, mais je l’ai croisé pas mal ces temps-ci. Et ce concert à Temuco était incroyable. Une vraie belle communion; une grande fierté d’être là avec mes camarades. Surtout quand Rodrigo, frère de Jaime et Jorge est monté sur scène pour un discours très combatif, simple et efficace. Dédicace spéciale de Manu à ma personne, je suis finalement assez touché… Grand bordel bon enfant dans les loges lors de l’after. Une vingtaine de mapuches, à chanter et à déconner… Vraiment un beau moment.
En rentrant du concert de Manu, Pato me propose un dernier verre. Et en arrivant au premier troquet venu nous tombons sur deux drilles amis de mon camarade. Arturo et Samuel. Arturo est werken également. Ainsi qu’avocat spécialisé dans les conflits du travail. Il nous invite chez lui et là c’est le drame. Après deux bouteilles de pisco (40°) à quatre, des bières, après avoir refait le monde une bonne dizaine de fois, je me couche enfin vers 10h30. Du matin! Pour être réveillé 30 minutes plus tard pour manger un plateau de fruits de mer – de grosses amandes et une variété locale de moule – arrosé de bière premier prix. On refait le monde. Mode festif quand tu nous tiens!
En fin d’après-midi nous faisons aller-retour à Temucuicui pour rencontrer à nouveau Jaime. Petite discussion que nous reprenons le lendemain au même endroit avec en plus Luis Melinao, autre werken mais de la communauté Wente Winkul Mapu. Les communautés sont en train de préparer une action importante. Nous y participerons également. J’en parlerai plus tard. Brève rencontre avec Nelson Miranda, avocat dévoué à la cause Mapuche. Incroyable ce mec. Il donne tout ce qu’il a à la lutte. Son bureau est plus petit que ma chambre. Nous allons ensuite à Collipulli à 10mn de Ercilla. Un jeune mapuche passe en audience préliminaire pour meurtre. C’est en arrivant dans ce bled que tu rends compte de la militarisation de la région. Dehors camions blindés, dedans, entourant l’accusé, 3 enculés de la police spéciale, ceux avec la cagoule… Derrière la vitre blindée le public attend. Une quinzaine de mapuchse  – dont Victor Ankalaf, lonko et ami de Pato – venus soutenir le jeune homme. Son avocat obtient du juge des analyses complémentaires mais par un labo indépendant. Pas par les flics qui ont l’habitude de falsifier les preuves. Après le verdict le public présent scande l’incontournable « marichiweu! » : Dix fois nous vaincrons! Deux autres mineurs passent plus tard pour motif d’incendie volontaire. Mais ils sont prévus trop tard. Nous devons rentrer sur Santiago.
Retour à Temuco avant de reprendre le bus, repas rapide au marché couvert du centre – retau de poisson et fruits de mer, La Caleta, si vous passez par là! Après un congre avec un peu de merken – préparation pimentée du coin – un dernier rendez-vous avec Sergio dans le repaire improbable qu’est le salon de coiffure, pour parler de notre visite à un prisonnier politique à Temuco la semaine prochaine, el peñi Daniel. Nous récupérons nos affaires, prenons un taxibus (aussi taré que mon chauffeur nocturne de Santiago…).  Gare routière, bus de nuit direction la capitale… Nous passons devant un très beau champ de lavande. Patricio m’explique qu’à Cañete il y a de grosses plantations de tulipes. Exclusivement pour la Hollande qui fait croire que tout pousse chez elle. Mais ici à Temuco c’est la lavande. Parce que ça le vaut bien Loréal y a investit massivement pour son industrie cosmétique. Sur des terres usurpées. Au Chili, grâce au vol des terres des natifs, même la lavande peut sentir la merde…

Il y a une quinzaine d’échoppes comme celle-ci. On y mange bien pour pas cher.
Angol,un des marchés couverts.

Comme Desproges l’a déjà dit : le Chili n’a ni ouest ni est. Seulement un nord et un sud. Même les pancartes le disent!

Ercilla, nord de Temuco.

Mais qu’est-ce donc?

Cabane de pacos, ils surveillent de loin les mapuches.

Plusieurs cabanes de ce type sont construites pour bien montrer la détermination des mapuches à occuper le terrain.

Victor Queipull, lonko.

Jorge Huenchullan, werken.

Mario, notre chauffeur pour la journée.

Gymnasium d’Angol, le même jour…
Jaime, avec la casquette

… y el peñi Arturo.
El peñi Samuel…
Le pigeon local!

Passerelle pour piétons, au milieu de… rien avec arrêt de bus intégré. Sur l’autoroute.

Petit stand de bouffe sur le bas côté. Y’en a tout les 100 mètres!

Un bicentenaire version chilienne.
Eveline est même sur les toits!

Tribunal de Collipulli.

Ici aussi Eiffel est passé faire un pont.

Cabane de bouffe d’un pote de Pato. 3 fois on passe, 3 fois c’est fermé. On ré essai la semaine prochaine…

Un des rares monuments de Temuco. Une pauvre statut dégueulasse…
Taxi bus de Temuco, mode fou du volant.