L’enfer du Nord, mais au sud!

Un truc VRAIMENT important à savoir quand t’es dans l’hémisphère sud c’est que c’est tout à l’inverse de chez nous. Par exemple, plus tu vas au sud et moins t’as de gens grossiers qui se la pète. Les cagoles, c’est au nord. Le sud du sud c’est le nord. Et ben pour le nord c’est pareil. Ici la piste avec des pavés antédiluviens et une température que je qualifierai de « normale » et ben tu les trouve au sud. Le nord du sud c’est le sud. C’est clair? Autre exemple. Un Marseillais pour être bien il doit aller vers Antofagasta. Au nord. Et un Breton à Temuco. Au sud. Et ça tombe bien j’y suis. A Temuco. A la louche, 700 bornes au sud de Santiago. 10 heures de bus! Mais ça valait le coup. Paysages superbes, entre deux cordillères… Photos prises du bus mais y’a de la matière. Bon on est arrivé avec 2 heures de retard sur l’horaire prévu mais sinon ça va. En fait non. Ça va pas. On a tous notre petit truc, nos petites manies. Pas des t.o.c mais presque. Jean-Yves est obligé de faire des jeux de mots foireux, Céline Dion n’est bien que quand elle peut placer « mon mari René » dans une phrase et Hubert Bonisseur de la Bath aime se battre. Ben moi c’est la ponctualité. J’aime ça être à l’heure. C’est mon dada. Et même j’aime être un peu en avance. Et ben depuis mon départ pour le Chili je cours tout le temps. Toujours à la bourre. A un rendez-vous, pour prendre le bus. Par exemple aujourd’hui, pour aller à la gare routière, on a pris un métro. Et paf ! Un suicide. Comme à Paris. Les mecs non seulement décident de traumatiser un pauv’ chauffeur de rame qu’a rien demandé mais en plus ils le font aux heures de pointe pour bien faire chier le PLUS de monde possible. Et ben toi tu fais quoi quand tu as un bus à prendre? Tu cours et tu chope un taxi. Et arrivé au terminal, tu prends ton billet, t’es large (30 mn, le temps de boire une mousse), tu vas au terminal 14 en partance pour Temuco et… rien. C’est pas le bon bus. Parce qu’à la gare routière, il y a DEUX terminal 14. DEUX. Et on te fais comprendre que va falloir courir, parce que c’est pas tout prêt et que ton bus est censé être déjà parti! Finalement plus de peur que de mal, lui aussi avait un peu de retard.
Comme Manu Chao et la Ventura hier soir, au stad Vélodromo de Santiago. 40 minutes de retard. Faut dire que les gens affluaient, affluaient, on voyait pas la file s’arrêter. Et puis finalement ça a commencé. Superbe. Comme d’hab. Public fiskal, première partie excellente, un groupe de rap de Santiago dont j’ai oublié le nom mais comme je l’ai noté quelque part j’en reparlerai prochainement. Bien. Et puis ça fait bizarre d’entendre ce genre de musique dans ce lieu. Le vélodrome est juste à côté du grand stade ou tant de gens (dont mon pote Pato) on été enfermés. Sauf qu’au vélodrome on fusillait. On prenait au hasard, vous savez comment sont les militaires, de grands joueurs… Alors comme au jeux du loup « un, deux trois, j’irais au bois quatre, cinq six cueillir des cerises, sept huit neuf j’vais faire une veuve… » Et là on prenait le pauvre bougre pour le fusiller un peu plus loin.
Bref une bien belle époque, révolue hélas mais dont on trouve encore des traces. Je pense à cette montagne que nous croisons sur la route de Temuco et qui servit de camp de torture pour nos amis soudards. Pas de limite à leur cruauté. On y a retrouvé un charnier…
Enfin nous voilà au cœur du territoire mapuche. A peine sortis du bus nous croisons un ancien prétendant mapuche à la présidence chilienne. Pas de bol, sa candidature n’a pas été acceptée! Il nous invite à une réunion mercredi. Nous posons nos affaires et en lisant nos mails nous apprenons que notre intervention de demain lors du concert de Manu au Gymnasium Olympico ne pourra pas avoir lieu faute de temps. Pas grave. J’ai pas bossé pour rien voici le texte (merci Mao et Ezhvin, vous êtes des sales gosses mais vous m’avez bien aidé 😉 :
Salud d’an holl, kamalded. Gurvan eo ma anv, dileuriad ur gevredigezh vihan on hag e vez graet Ingalañ geti (« compartir  » e castilaneg).
Erru a ran ag ur vro bell. Breizh eo he anv. Tarn vihan impalaeriezh Bro Frañs eo ha fenoz emañ ar wech kentañ din komz yezh ma zadoù en ur vro all eget ma hani.

Ma fobl a zo ur bobl fier bras, get ur sevenadur brav ha kreñv. Mes a gaoz d’ur stad greizenner, a gaoz d’ur stad golonial, tost marvet e oa ma yezh ha ma sevenadur.
« Arrabat eo stufal àr al leur ha komz e brezhoneg » e oa skrivet àr panelloù bloavezioù ‘zo.
Tudoù ma vro a oa graet terroristed anezho get stad bro Frañs peogwir e tansen hag a ganen e brezhoneg. Ar fedoù n’int ket kozh. Nemet 30 bloaz zo hepken. Abaoe o deus savet ar vretoned  skolioù  evit deskiñ o yezh d’ar vugale, kendalc’het o deus mont d’ar festoù noz… Kendalc’het o deus komz o yezh ! Hiriv an deiz n’eo ket savetaet ma yezh c’hoaz hag emañ ret deomp bout soursius.
Traoù hon eus hulmet e ma bro, o gwellout a ran amañ hiriv. Kreñvoc’h ha feulzoc’h.
Setu perak on amañ genoc’h fenoz. Amañ on evit lâr d’ar mapuche « c’hwi n’och ket en o unan !Ur bochad pobloù er bed a gompren hag a  zalc’h o stourm ». Evit lâr d’ar brezidanted é tonet : « n’ho peus ket ar gwir da voustrañ ar bobl Mapuche. Roet dehe en dro douar o zadoù. Doujit an merkad 169 an OIT. Torrit al lezenn a-enep terroristed. Dieubet ar prizonidi politikel. Disoudardit an terouer popl mapuche ha benn ar fin, paouezit gant ar c’hrougadegoù a enep d’ar vugale ! ».  
Ne ouian ket pegoulz mes un dra ‘zo sur : ma dalc’hit penn e vo frank ho pobl en-dro. Arc’hoazh pe ar bloaz e tont pe pelloc’h c’hoazh, frank a voc’h àr ho touar! Dalc’hit penn !

El Velodromo. C’est vrai qu’on peut y mettre du monde !

C’est à qui cette belle casquette?

De gauche à droite : Carolina, Alejandro « el doctor« , un mec connu, un mec pas connu et Pato.

Cette belle montagne en banlieue de Santiago était le lieu des pires tortures des militaires.
Cordillère à l’ouest…

… et cordillère à l’est.

Des poulets…
… et d’autres poulets.

De la nuisance visuelles.

Nuisance visuelle dans un arbre!

La route n°5 qui traverse toute l’Amérique du sud et qui va jusqu’aux USA.

On rentre dans la partie forestière de l’Araucanie. Ou les essences locales sont remplacée par du pin et de l’eucalyptus. Ça pousse plus vite mais ça pompe toute la flotte. Un vrai désastre écologique.

Des maisons Bouygues locales…

… à perte de vue.

Buenos dias buenas tardes

J’ai déjà eu littéralement la peur de me chier dessus. Ma mère va encore trouver que je suis grossier, mais c’est comme ça. On l’a tous connu. Une bonne gastro et hop ! Mais celui qui n’est jamais rentré de nuit en taxi santiaguino – nom des habitant de Santiago je crois – est vraiment passé à côté d’une sensation… unique. En revenant d’une soirée traditionnelle Aymara (peuple amérindien de la zone nord Chili/Pérou/Bolivie) nous montons dans une voiture banalisée, avec un chauffeur au black. Et c’est parti pour 15 longues, très longues minutes. J’ai l’impression à chaque queue de poisson qu’on va y rester. J’ai bien envie de lui dire au monsieur « tu sais, je viens de passer une bonne soirée à saluer la Pacha Mama, elle a l’air de vouloir me laisser pénard et en plus, c’est pas pour dire, mais le mec de Fast and Furious il a plutôt mal terminé ». Mais comme derrière moi Pato et son amie Carolina semblent pas plus effrayé que ça, je dis rien. Mais j’en pense pas moins. Et que je t’évite un nid de poule en me rabattant à plein régime (imaginez une voiture de course sur une piste de safari) et que je double par la droite un autre taxi qui tourne… à droite! Le tout à 90 avec une limitation de 60! Bref, un camarade a beau m’avoir fait connaitre le coup du cosmonaute et autres saloperies aériennes, j’avoue que cette expérience restera dans les annales… sans jeu de mot foireux évidemment.
Et en parlant de foireux, c’est exactement la chose qui me vient à l’esprit quand je pense à la découverte des problèmes d’égaux qui vont réussir à me pourrir une partie de mon travail en Araucanie/Wallmapu. Je me trouve bien malgré moi au centre d’un conflit de personnes qui risque de compromettre une partie de mes relations à venir avec les communautés mapuches. Je ne vais pas ici citer de noms, sauf si ça dégénère mais une chose est certaine, ça me les brise menu! Et ça me gonfle d’autant plus que ce qui se passe est symptomatique des mouvements dits « progressistes ». Pas moyen de se mettre d’accord sur le plus petit dénominateur commun – ici la lutte des mapuches pour leurs terres, leurs droits… – y’a toujours un casse burne pour te trouver : 1/ trop gros 2/ trop star 3/ trop solo 4/ pas assez 5/ trop social traitre (rayez les mansions inutiles). Bref ça va pas arranger mes affaires dans la région de Temucuicui où je me rends demain. D’autant que pour ma propre intégrité physique, je préfère avoir le plus de soutiens (que ce soit lors de manifestations ou lors de mes prochaines visites de prisonniers) et c’est précisément des menaces de ce genre que je reçoit en ne choisissant pas le « bon camp » ou pire, en ne faisant pas de choix : « nous ne pouvons plus te la garantir », ton intégrité physique, me dit-on en substance…
Bon heureusement, au Chili y’a des fêtes. Et c’est donc au Parque O’Higgins (du nom du rouquin – avec un nom comme ça j’en serai pas étonné – qui fut je crois le premier président chilien) que nous nous rendons, pour un festival dédié aux droits de l’homme.  Nous sommes rejoints par Carolina, une amies de Pato. Et c’était plutôt pas mal musicalement. A l’exception d’un pauvre groupe de cumbia bien crado – orgue bon-tant-pis en veux-tu en voilà – c’était vraiment bien. Le festival devait avoir lieu sur 2 jours mais le manque de préventes a décidé les organisateurs à tout regrouper sur une journée. Moment de grâce lorsque le public siffle des pacos (flics) reconduisant à l’extérieur des fraudeurs. Nouvelle manière chilienne de railler les condés : chanter « Buenos dias buenas tardes » en référence à une série télé où les flics tapent à la machine avec 2 doigts. Manière de se moquer de leurs 4 neurones. Comme d’habitude je ne danse pas, même sur « Adios General« de Sol y Lluvia. Mais on me fait remarquer que ne pas sauter comme tout le monde sur le refrain peut te faire passer pour un copain de Pinochet. Je fais un effort! Je ratte de peu Quilapayún mais nous devons nous rendre à une soirée Aymara, organisée par une association culturelle. Passage rapide par la « Republica Independente de la Legua » (quartier bien zonard, haut lieu des trafiques en tous genres, très pauvre, où même les lois de Pinochet avaient du mal à être respectées) pour récupérer Célia, amie de Carolina qui nous a invité. Et hop, la salle des fête en taxi – même pas peur celui-là – on est accueilli avec un petit canelaso, alcool traditionnel super bon mais un peu trop sucré à mon goût, une petite cérémonie pour la Pacha Mama (avec un chaman qu’aurait un peu trop prit de crucifix dans la tronche; mon castillan approximatif me le laissait présager, Patricio me l’a confirmé). Amour et feuilles de coca, musiques et danses, un super repas. Une vraie belle soirée de fraternité…
Avant les première frayeurs intestino-noctures…
Aujourd’hui, je m’essaie à un nouveau truc. Photo plus son. Bon c’est un début. Un peu d’indulgence que diable!
Projet délirant de barrage au dessus de Santiago.
Un admirateur de l’Eternaute. A lire d’urgence.

Memoire rebelle et 16:9

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=S7GX6nFRmpU]
Pour un peuple qui vit soumit aux caprices d’une société injuste, immorale et organisée de manière criminelle, à quoi correspond la célébration du 18 septembre*?
Rien !
Le peuple devrait refuser de fêter avec ses bourreaux et tyrans l’indépendance de la classe bourgeoise, qui n’est en rien l’indépendance du peuple, ni individuellement ni collectivement.
*fête nationale chilienne
Ce qui est bien quand tu es à l’étranger c’est que tu peux aisément relativiser la médiocrité crasse de la télé chez toi. Entre la pauvre émission de sosies d’hier soir, les télénovélas qui font passer « Plus belle la vie » pour du Truffaut et les chaines d’info continue où le Jean-Pierre Pernaut local qui a moins de 35 ans a été choisi pour la qualité de sa dentition (parfaite) et ne semble pas plus savoir de quoi il parle qu’Elkabbach connait l’impartialité, comme sur le vieux continent, je suis effaré des quantités de merde en barre qu’on nous fait ingurgiter ici pour préparer nos cerveaux à accueillir plein de belles pubs.
Comme en France, les pubs reflètent le programme en cours. Et aujourd’hui, comme quelques milliards de gogos dans le monde, j’ai assisté en direct, au tirage au sort de la coupe du monde. Après que la Clara Morgane locale – je parle de sa ressemblance physique, je ne me permettrai pas de spéculer sur son vrai travail!… La dame, donc, fini son allocution, et juste avant que l’acariâtre (et désormais incontinent, ça a son importance pour la suite) et ami des plus grands dictateurs du monde Sepp Blatter ne prenne la parole, paf, une pub pour la version française des couches Confiance. Je vous promet que c’est vrai!
Donc passer ce grand moment de joie – et d’ennui en ce qui me concerne – et après 1h de parlotte sur le fait que le Chili est tombé dans un groupe assez ardu (Espagne; Hollande; Chili et Australie), après m’être fais gentiment charrié (« la France est dans un groupe super facile, c’est la mafia en lien avec la FIFA… ») on a enfin droit à des infos. La Region de Wallmapu (Araucanie) est sous tension en raison des émeutes et de la violente répression policière qui ont fait suite au verdict très lourd à l’encontre de 3 Mapuche accusés du meurtre d’un propriétaire terrien. Je dois me rendre dans la localité d’Angol la semaine prochaine. Ça promet! Mais bon, on est pas là pour se les gratter.
C’est une petite journée de travail, pas de rendez-vous aujourd’hui et on a bien bossé ce matin, et nous en profitons donc pour nous rendre à San Cristobal, point culminant de Santiago. C’est The place to be quand tu veux t’aérer. Et c’est vrai que c’est chouette cet endroit. Verdure, panoramas incroyables… En photographiant comme un japonnais sous speed j’ai découvert avec joie un fonction 16:9 sur mon appareil. La classe. Info totalement inutile, j’en conviens, mais c’est mon blog et je dis ce que je veux. Y’a des sites où on dit des trucs vachement moins intéressants et qui sont vachement visités. Regardez le compte facebook de Justin Bieber! Ou le nombre de spectateurs d’NRJ 12 !
Bref. Montée en funiculaire, retour à pied. En descendant (2h tranquilles) on croise et on se fait doubler par je ne sais combien de cyclistes, mais je ne pense pas me tromper en disant des centaines. A les regarder je me suis même pris à penser que des fois c’est pas mal le sport, que ce serait cool de monter cette montagne sur une petite reine (pas Elisabeth ou Fabiola, trop vieilles), sans avoir l’impression d’être en crise d’asthme… Et puis je me suis pincé et c’est passé. Ouf. Je vais pouvoir manger mes Locos (Concholepas concholepas pour les plus érudits d’entre vous) avec un excellent pavé de saumon importé spécialement dans le pays pour l’élevage à l’exportation. Et comme il est en train de tuer toutes les espèces végétales et animales endémiques, le Chili sera encore plus européanisé. Alors, on dit merci qui?

C’est vrai qu’il a du en chier pour arriver jusque là. En plus le seul qui l’aide c’est un manchot. Pas de bol.

Presque oublié que c’est bientôt Noël.

La tour la plus haute d’Amérique du Sud.

Ma mère va encore me trouver vulgaire mais ne dirait-on pas deux phallus argentés (astres des temps – hommage à peine voilé à Ange). Et la petite à gauche, on la dirait tout droit sortie d’un dessin animé!

Piscine publique sur fonds de cordillère. On s’emmerde pas!

Le procès de 3 « comuneros » Mapuche à Angol se termine par des incidents.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=P9_QcxrfMmY]
Les Familles brisent les vitres du Tribunal de Garantía de la commune.

Au cours de l’après-midi de jeudi, plusieurs incidents ont eu lieu dans la Cour du Tribunal de Garantia d’Angol, alors que les juges dictaient le verdict de culpabilité contre 3 « comuneros » Mapuche pour vol avec homicide sur le propriétaire terrien Hector Gallardo Aillapan dans la ville d’Ercilla.
Les membres des familles des condamnés ont proférés des insultes contre les juges et la famille de Gallardo Aillapan, pour ensuite jeter des pierres contre les vitres du tribunal et se confronter à la police.
N’oublions pas que les faits remontent au samedi 1er septembre 2012, alors que 3 hommes masqués sont venus sur la propriété de Hector Gallardo Aillapan et l’ont abattus lors d’un affrontement avec le frère de la victime.
Deux accusés, Luis Marileo et Leonardo Quijon, ont mené des actions diverses pour démentir leur participation dans le meurtre, déclarant que tout était un montage.
À la périphérie du tribunal le personnel des forces Spéciales des Carabiniers a procédé à des arrestations de mapuches, dont 3 mineurs, de plus on a enregistré des attaques contres des enfants et également envers la presse par une partie du personnel policier, entre autre un dessinateur de presse international, arrêté pour une agression présumée sur des Caraniniers.
Les détenus seront présentés vendredi à la Cour d’Angol, pour dégâts et agression sur la police. 
Source : RedAraucania
Traduction à la louche : Gus ar Braz

Une bonne blague…

Aujourd’hui, rien. Journée studieuse, sans mettre le nez dehors. 6 heures d’entretien avec Jose. Nous avons continué à travailler sur les semaines à venir. Et c’est au cours de ce rendez-vous que l’ami Jose m’a apprit la meilleur blague de l’année. Attention Jean-Yves, même toi tu vas pas aussi loin. Il se trouve que le Chili a… une Fondation Pinochet! Ah ah ah… On fait moins les malins devant son poste!! On se dit, mais quel humour, quel sens de la dérision, ils vont trop loin… Nous on a eu Desproges, Coluche, Olivier Lejeune. Mais ça c’est tellement puissant. Et ben quand vous saurez qu’en plus la future présidente Bachelet va encore plus loin dans l’humour trash… Une déglingo la Bachelet, un truc de dingue. Lors d’un déplacement de campagne, elle a oublié de rencontrer la société civile, elle a méprisé les classes populaires pour prendre le temps de rencontrer… les responsables de la Fundacion Pinochet! Quelle déconneuse. Déjà lors de son premier mandat elle avait confirmé un des responsables de la Caravane de la Mort dans ses fonctions de recteur d’université (imaginez seulement, par exemple que Papon préfet sous l’occupation soit devenu préfet de Paris en 1958…). Vraiment, on dit d’Hollande qu’il a de l’humour mais celle qu’on appelle ici La Bachelet – socialiste dont le père est mort sous la torture des putschistes – est une vrai déconneuse. Faudrait pas qu’elle fasse une tournée en France parce qu’Anne Roumanoff se sentirait bien ridicule avec son politiquement incorrect « On nous dit pas tout ».

Voilà, sur cette bonne grosse barre de rire, j’ai encore mal aux côtes… A galon.

Une journée bien skuizhus!

Où le narrateur va découvrir lors d’une journée longue et éprouvante : que les jeunes c’est pas tous des branleurs, que les allergies au pollen peuvent être utiles, que ce qui l’attend n’est pas du ressort de Jean-Pierre Pernaut et que l’on peut être déçu par ses idoles. Mais qu’à la fin y’a forcément un truc qui vaut le coup.
Tout à commencé par par une matinée de travail dans la fraîcheur de la maison que nous squattons. Une matinée de labeur à trouver où nous loger la semaine à venir et à écrire nos premiers rapports. Après le déjeuner nous prenons la ligne 2 du métro, puis la 5. Je n’en ai pas photographié jusqu’ici mais il y a un truc super à Santiago, c’est qu’un peu partout, dans la rue, dans le métro, il y a des pianos à disposition du public. Et en sortant de la station de notre première destination nous sommes tombé sur un groupe de lycéens, jouant chacun leur tour sur l’instrument peint par je ne sais quel artiste raté mais sûrement bienveillant. Et ben moi je dis, même si au fonds de moi je sais que les jeunes c’est tous des branleurs, des fois y’en a des biens! J’étais bluffé par la qualité de jeu de ces garçons, comme je l’ai déjà été hier en pleine rue par un vieux monsieur tout ratatiné mais avec des doigts de fée…
Pour ce qui est de la suite, je dois dire que même préparé, je ne m’attendais pas à l’intensité des sentiments à venir. Avec mon camarade Pato nous sommes allé au Museo de la Memoria y los Derechos Humanos. Les photos sont interdites consigne obligatoire pour les sacs. Donc je mets le site en pièce jointe. Il s’agit du musée qui raconte le coup d’état, la dictature, la torture, les morts… jusqu’à l’avènement de la « démocratie ». Sur l’esplanade, des panneaux représentent tous les pays d’Amérique du Sud ayant connu une dictature. Ambiance ! Après nous avoir montré tous les pays où il y a eu une commission « réconciliation » (de la Sierra Léone au Kenya, du Honduras au Brésil) on rentre dans la pièce qui retrace ce 11 septembre 1973. Dès la première vidéo/montage, j’ai les yeux rougis par la colère, le dégoût, la rage. Je n’ose même pas jeter un coup d’œil à mon camarade, debout à ma droite qui regarde ce moment funeste de SON histoire, sans ciller. Nous avançons devant les articles de la presse internationale (le seul moment drôle c’est la une du Figaro, qui regrette que Pinochet ait encore de la résistance à combattre ! Ce torchon n’a de cesse de m’enthousiasmer…). Et c’est au deuxième étage, devant les photos des morts de la dictature, que je me rends compte qu’être allergique aux pollens peut être pratique. J’ai la gorge nouée et me mouche frénétiquement. Quelles saloperies ces plantes… Mais ça fait illusion. La haine arrive dans les dernières pièces. Où l’on apprend par le menu les meilleures façons de torturer. Patricio regarde ça en connaisseur. Je suis déconcerté. Mais ce qui me mets le plus en rage c’est que TOUTES ces dictatures ont été formée à la torture par la France. Oui, Aussares et consorts ont exporté l’excellence française au Chili, au Brésil, en Argentine… On était même souvent mieux considéré que les ricains. C’est dire… Pour finir, au dernier étage on tombe sur des registres d’époque de l’armée. Parmi des milliers de noms, on trouve celui de Pato, alors qu’il était enfermé au stade national. Ça a du bon l’ordre alphabétique!
Bon on sort de là – je suis un peu remué mon compère ne le semble pas – direction notre rendez-vous avec la CECT. Comité Éthique Contre la Torture. Nous y rencontrons Manuel Audrade (historien) et Juana Aguilera, la patronne. Je mesure en discutant l’importance de mon voyage en Aurocanie. Manuel me fait un rapport des exactions contre la population, entre tortures et privations de droit, violences envers les enfants et arrestations arbitraires… Et Juana me fait comprendre que ce n’est pas un voyage d’agrément – je m’en doutais. Que je ne suis pas là seulement pour prendre des photos. Qu’en tant qu’observateur je devrais sûrement m’interposer physiquement entre la police et les manifestants. Bref, que je ne suis pas Albert Londres et que même de vrais journalistes bien couillus comme Jean-Pierre Pernaut ne viennent pas en Aurocanie…
Nous rentrons, je suis vanné – 3 heures de réunion en castillan est encore éprouvant – et avant de manger je regarde, par curiosité, et surtout pour me changer les idées, où se passent les 2 concerts de Magma. Le premier c’est samedi à Valparaiso. Trop loin. Je regarde le deuxième. Il a lieu ici à Santiago mais c’est dimanche. Et j’ai autre chose de prévu. Et surtout, les places sont entre 30.000 et 80.000 pesos. De 41 à 110€! Dans un pays ou le salaire moyen est même pas de 400/500€. Je suis dégoûté. Mais en levant la tête, je vois un beau point blanc dans le ciel. Jamais fais gaffe, la nuit on les voit pas les étoiles. Et pour la première fois, ce soir, je vois la Croix du Sud. C’est chouette. Avec tout ça j’avais presque oublié que je suis à l’autre bout du monde. A la fin, une tasse de tisane de matico (plante Mapuche) à la main je me dis qu’il y’a forcément un truc qui vaut le coup. Noz vat deoc’h.
Mais que font ces jeunes? Ils agressent à raison une vielle dame?

Même pas!
Un des nombreux piano mis à dispo dans la ville. J’essaierai d’en prendre un plus joli.

Claudio Arrau – pianiste.
Gabriela Mistral – poétesse prix nobel de littérature.

Pablo Neruda – poète, prix nobel de littérature.
Ramón Vinay – chanteur lyrique.

A voir absolument à Santiago, ce musée de la Memoria y los Derechos.

Les articles de la Déclaration Universelle des droits de l’homme.

Un panneau par pays d’Amérique du sud ayant connu une dictature militaire.

Le figaro toujours au top !

Registres militaires…

C’est pas visible mais c’est la seule étoile visible de la Croix du Sud.

Crise de foi, dune m’étonne!

Aujourd’hui mes frères, aujourd’hui mes sœurs, Il m’a parlé (suis-je l’élu?). Oui Il m’a parlé. Quatre fois (suis-je l’élu?). Et Il m’a mit à l’épreuve. Plusieurs fois aujourd’hui. Nous nous sommes dirigé Pato et moi vers le centre de Santiago pour notre rendez-vous avec le représentant du Monde Diplomatique. Nous avions du temps et avons profité pour découvrir le centre historique. Cela commence par la Plaza de Armas, puis la Moneda, le bâtiment connu dans le monde entier pour avoir été la dernière demeure d’Allende, les petites rues piétonnes. Je vais pas montrer la centaine de photos prises aujourd’hui. Mais une chose est certaine : après un tour du bled t’as juste envie d’être très méchant avec le premier connard qui te sort que Paris est la plus belle ville du monde. Lui faire rentrer la tour Eiffel par le fondement et lui faire réciter 100 fois « Paris est une ville architecturalement morte et Haussman est un blaireau » avant de le décrocher ! Non mais c’est vrai, c’est quoi ces conneries ? Et moi qui ne rêve que de faire sauter le Sacré Cœur avec Amélie Poulain dedans ! Bref je m’égare… Nous croisons la statue d’un mapuche qui a fait sa misère à Valdivia, fondateur de Santiago. Lautaro n’a pas de statut comme Caupolican que l’on croisera plus tard, mais il a pas démérité. C’est au détour d’une rue qu’Il m’envoie son premier messager. « Attention à votre appareil » me dit-elle – oui je dis elle mais comme tout ange on sais pas. C’est bizarre ces truc là. Pour le coup on aurait dit une nana. « Attention, ils sont rapides pour voler » (Je n’ai pas peur, la peur est la petite mort… Suis-je l’élu?). Nous continuons et arrivons au Centro de la Memoria de Londres (Londres, nom de la rue). Dans ce bureau du PS reconverti en centre de torture nous y rencontrons son directeur Leopoldo Montenegro. Je ne m’attarde pas aujourd’hui sur ce centre nous y retournons demain pour une visite guidée par Leopoldo. Nous devisons une bonne heure sur l’état de la politique au Chili. A maints égares, la situation est très proche de la réalité politique française. Deux partis se tirent la bourre mais ne représentent même pas la moitié du corps électoral. Pour rappel, en France Sarkozy et Hollande représentent moins de 4 votant sur 10. Ce mec est passionnant. Nous reparlons de la Constituyante et de la nécessité d’y associer les mapuches.
Nous repartons sous un soleil de plombs. 32°. Petit arrêt au stand. Je parle de manger et s’abreuver. Ce qui se passe avec ma prostate ne regarde que moi. Bande de voyeurs… Et là Il me parle pour la deuxième fois. Sous les traits d’un barman replet (suis-je l’élu?) qui m’a apporté un demi de Kunstman (bière ambrée). Nous continuons. Il teste ma volonté. 100 fois je tombe amoureux et 100 fois je résiste à la tentation. Nous visitons Santa Lucia car notre rendez-vous nous fait faux bon. Il m’envoie à nouveau 100 créatures mais je reste de marbre (c’est le problème?)(Suis-je l’élu?). Un(e) autre de Ses anges m’interpelle : « Attention à votre caméra » (Je n’ai pas peur, la peur est la petite mort… Suis-je l’élu?). Et c’est alors mes frères, c’est alors mes sœurs que j’ai compris qu’Il s’adressait à moi et que ce n’était pas le première fois. Je l’ai compris lorsque le dernier ange/barman de la journée m’a apporté ma choppe d’Austral. Oui ! Ces deux bières sont le don de l’Allemagne à l’humanité. Comme ils offrirent la Tsin Tao en Chine et d’autres doux breuvages houblonnés en Afrique. Et Son message est clair : l’allemand qu’il est naturel de détester comme il est un devoir national de haïr l’Anglais (je vous renvois à la lecture des Évangiles selon Desproges, Les Etrangers sont Nuls), l’Allemand nous impose le respect par son don de la bière dans les endroits les plus reculés du monde. Et c’est à moi mes frères, et c’est à moi mes sœurs qu’il convient de révéler Sa vérité (suis-je l’élu?). Amen !

Plaza de Armas

Manifestation de travailleurs handicapés.






Lui c’est Valdivia, fondateur de Santiago. Il a plutôt mal fini grâce à un mapuche, Lautaro.


Y’a plein de cireurs de pompes. Je regrette d’avoir oublié mes cuissardes.


Monument hommage aux mapuches et autres peuples originaires.

La Moneda, le palais présidentiel. Il est entouré de statues de présidents.


A droite de la Moneda, c’est de ce bâtiment que la plupart des images du bombardement de la Moneda ont été prises


Aujourd’hui un ministère, hier un hôtel où il s’est passé plein de saloperie…

No comment

Sur la gauche de la Moneda, ce troufion protège la porte par laquelle le corps d’Allende a été sorti.

Et juste derrière l’ancien ministère de la défense. C’est dans les sous-sols de ce bâtiment que mon ami Patricio a été condamné à mort. Lui n’a pas été exécuté.

Encore un clébard qui ronfle. Les chiens ici c’est comme les chats chez nous. C’est tous des branleurs!

Après les chiens et les cireurs de pompe, l’autre truc que tu vois partout c’est le métaleux. Et vu la cumbia pourave qu’on mange dans la rue (imaginez Charly Oleg version latino) ça fait plaisir.

Le Centrode la Memoria de Londres. Ancien local du PS converti en centre de torture.

Pato et Leopoldo Montenegro, directeur du centre. Ces 2 là ce sont connu dans les pires conditions...

On l’oublie souvent mais l’Ile de Pâques est chilienne. Hommage aux rapanuis.

la colline Santa Lucia. Un des points culminant de la ville.

Petite exposition d’artisanat mapuche; rapanui et aymara (nord Chili)




Vue de Santa Lucia, cette tour, un des quartiers général de Pinochet pendant le bombardement de la Moneda.


A gauche un aurocan de 20 ans. Aurocan qui donne son nom à la région que nous visitons la semaine prochaine l’Aurocanie. A droite un mapuche de 65 ans. La nature est injuste


Presque au sommet de Santa Lucia cette statue de Caupolican, autre figure Mapuche qui en a fait baver le colon!






Hommage à la prix nobel de littérature Gabriela Mistral.
Hommage à deux des derniers assassinés de la dictature. Quelques mois seulement avant de « Plébicite » de 89.
Autre peinture dénonçant le silence et l’indifférence d’une partie de la population...

Le clasico

Pin pin pin pin pin pin pin pin pin pin piiiiiiiiiin. Les plus mélomanes d’entre-vous aurons reconnu une superbe interprétation de la marche funèbre de Chopin, dans une version d’une épure, d’une intensité dans l’épure… j’en suis tout bouleversé ! Cette ambiance musicale donne le ton du drame qui c’est passé ce matin. Le manque de fraîcheur (30° à l’ombre), le manque de réalisme en fin d’action n’a pas permit à Colo Colo de revenir au score. Et c’est finalement U.C qui l’emporte sur le score de 1 à 0. U.Catolica/Colo Colo c’est un peu le J.V/Alréenne de la grande époque… Les cathos friqués contre le reste de la populace. Colo Colo représente un peu les Mapuches, les sans grade…
Bref un match de foot comme y’en a partout et le truc c’est que même ici, avec le côté exotique en plus, ça m’emmerde. La seule chose qui m’a fait marré c’est qu’à la fin, tout le monde s’embrasse. Les perdants entre eux, avec les vainqueurs, avec les arbitres… Et pareil en face. Moi qui pensait ce sport comme un truc de mecs qui jouent à celui qui aura la plus grosse, ici on dirait les préliminaires à un séjours à la Fistinière !
C’est par ce petit match sympathique que débute ma journée. Ça et un truc qui ressemble à une gueule de bois en plomb. La soirée d’hier s’est bien éternisée et il est vrai que sur la fin mes hôtes m’ont fait avaler quelques dl de breuvage… à base de Pisco (alcool local 35/40° pas mauvais seul) et de Canada Dry. Je croyais ce truc mort il y a longtemps et le voilà qui sort de sa tombe tel Lazare. Et en bouteille de 3 litres en plus ! Et c’est toujours aussi dégueulasse. J’ai l’impression de suer du sucre pure.
Notre rendez-vous d’aujourd’hui a eu un gros empêchement (on remet ça jeudi avec lui) et c’est finalement une journée de repos qui s’offre à nous. J’en profite donc pour parler de ce que nous allons croiser pas mal pendant mon séjours, je l’ai abordé rapidement hier, c’est le mouvement « Marca A.C ». Il y a en ce moment 4 élections : présidentielles, sénatoriales, législatives et régionales. Le mouvement propose de marquer juste A.C sur le bulletin de vote afin de signifier la volonté du peuple de créer une assemblée constituante. Juste A.C pour ne pas que le vote soit considéré comme nul. Ceci pour créer une constitution nouvelle et se débarrasser de celle de Pinochet qui permet entre autres choses de créer des lois secrètes. De pures saloperies que le peuple n’a pas à connaître mais que s’il l’enfreint il en prend plein sa tronche, le peuple ! C’est un mouvement qui prend de plus en plus d’importance malgré le manque de visibilité médiatique. Il faut dire qu’ici il n’y a pas vraiment de pluralité de l’info. Tous les journaux et tv appartiennent à la droite. C’est un mouvement qu’il serait bon de diffuser un peu partout et même (surtout) chez nous !
Juste avant de manger (fruits de mer dont un coquillage qui s’appelle le Loco à ce damner) nous devisons sur le socialisme. Pas de Bachelet ou autres pantins, mais de l’idée originelle du socialisme encore très présente dans les pays du sud – quand je dis pays du sud je parle bien sûr du sud de la Loire. Et tout en jactant je lis dans le journal qu’il y a un pic de pollen. Mais putain oui, ici c’est la fin du printemps. Des arbres en fleur partout. Ouf, c’est pas une gueule de bois. C’est mes allergies qui reprennent. L’honneur est sauf. Je vais pouvoir passer à l’apéro l’esprit serein…

U.C en blanc met sa misère à Colo Colo.
Là ça se voit pas mais même les supporters se font des bisous… Dingue!