Nous partons de la communauté de Temucuicui dans la matinée pour Chiloe, à500 ou 600 km au sud. Nous déposons Silvana la punkette Mapuche à Temuco et poursuivons tranquillement. Lorsque Saïd se rend compte qu’il a paumé son larfeuille. Coup de fils à droite à gauche… rien. On continu. Arrivé à Puerto Mont je suis presque à sec d’essence. Le bidule me dit qu’il me reste de quoi faire 50 bornes. Pato me dit de continuer, qu’on trouvera sur le chemin. Sauf que non. Pas une pompe. On arrive au bac pour la traversée du canal, et la nana nous dit que non pas de pompe dans le coin. Que la plus proche est à 27 km après l’arrivée de l’autre côté. Je calcule, ça feraplus de 87 km en tout depuis que je suis sur le réservoir. On monte sur le bac, et… On a que la moitié de la monnaie nécessaire pour la traversée. Ils n’acceptent pas la carte bleue.Un mec bien cool nous file la somme pour pas qu’on ait à ressortir. De l’autre côté on sait même pas si on pourra redémarrer. Mais si. Et c’est lentement, très lentement (pour ne pas gâcher la moindre goutte de carburant, on est au milieu de rien et ça me ferait bien mal de tomber en panne sèche) que nous arrivons à Ancud, au nord de Chiloe.Où nous trouvons enfin une pompe. Vu la facture, il nous restait de quoi faire 1km. Et encore, en poussant la caisse. En sortant de la station, Jaime nous appellepour dire que le porte feuille du camarade est chez lui. Finalement tout va bien. On trouve un petit hostalbien sympaet pas cher. Comme on est là pour les Mapuches, la patronnenous fais un prix – qui était déjà bas à la base.
Le lendemain, frais et dispo nous nous rendons au rassemblement Williche(les Mapuches de cette partie du Chili) où nous sommes accueilli très polimentmais on nous fait comprendre que cette journée est privée. Sans acteurs extérieursà la communauté. La personne qui nous a lancé l’invitation n’avait pas à le faire car pas de la communauté. Nous parlons tout de même à un des responsables, en lui disant que, « oui, nous comprenons et que nous voulions juste nous présenter et afficher notre soutien ». « Que nous reviendrons plus tard à la rencontre de ce peuple… ». En fait ils ont décidé de fermer la réunion suite à la venue d’un journaliste Mapuche qui travaille pour Piñera, l’actuel président. Celui-ci a acheté pour une bouchée de pain un immense territoire, parc naturel, au sud de l’îleet il compte bien l’exploiter dès la fin de son mandat (dans 2 mois). Autant dire que la venue de ce « Fils de chien » (Hijo de perro) de journaliste, comme le nomme le camarade, n’était pas du goût de la communauté. Il est là seulement pour infléchir l’ardeur des siens dans la lutte contre son nouveau maître. Moi je dis enculé, mais fils de chien c’est bien aussi. Il s’est fait virer manu militari. J’espère à peine secrètement qu’il s’est ramassé un bourre pif ou un bon paré à virer. Nous prenons donc congé et en profitons pour visiter un peu le coin. Et ben ça déchire. L’architecture en bois, la faune, la flore… La mer, la côte, les fjords…C’est juste superbe. On s’offre une petite virée en bateau pour aller voir des pingouins et on rentre.
On passe par Temucuicui récupérer le larfeuille du camarade. À la communauté, Griselda nous apprend que Piñera vient d’annoncer que son gouvernement est prêt à lâcher du lest et qu’il pense qu’il est temps de redonner des terres au Mapuches ! Personne ne sait comment le prendre. Une semaine avant, la porte-parole parlait de « Pacifier » la région ; suite à la victoire du werkenDaniel Melinao le ministre de l’intérieur (un gros port raciste qui appelle les observateurs comme moi des « terroristes venus de l’étranger » – on croirait entendre Al Assad !) s’en prenait aux juges, coupables selon luide laisser un assassin en liberté… On verra. Mais nul ici n’est dupe. La lute va continuer encore longtemps.
C’est donc sur cette (bonne !?) nouvelle que l’on trace sur Santiago. Plus de 1000 bornes dans la journée.
À une station service, Saïd profite pour retirer des tunes. Mais la machine lui bouffe sa carte récupéréequelques heures plus tôt. Perdue pour la cause. Quand ça veut pas…
Le drapeau Williche. |
Celui-ci c’est juste pour pécho ! |
Grosse larve… |
…qu’aime la varappe. |
Puerto Varas, genre de lac de Genève local. |