L’île aux oiseaux mais vachement mieux que celle d’Obispo !

Nous partons de la communauté de Temucuicui dans la matinée pour Chiloe, à500 ou 600 km au sud. Nous déposons Silvana la punkette Mapuche à Temuco et poursuivons tranquillement. Lorsque Saïd se rend compte qu’il a paumé son larfeuille. Coup de fils à droite à gauche… rien. On continu. Arrivé à Puerto Mont je suis presque à sec d’essence. Le bidule me dit qu’il me reste de quoi faire 50 bornes. Pato me dit de continuer, qu’on trouvera sur le chemin. Sauf que non. Pas une pompe. On arrive au bac pour la traversée du canal, et la nana nous dit que non pas de pompe dans le coin. Que la plus proche est à 27 km après l’arrivée de l’autre côté. Je calcule, ça feraplus de 87 km en tout depuis que je suis sur le réservoir. On monte sur le bac, et… On a que la moitié de la monnaie nécessaire pour la traversée. Ils n’acceptent pas la carte bleue.Un mec bien cool nous file la somme pour pas qu’on ait à ressortir. De l’autre côté on sait même pas si on pourra redémarrer. Mais si. Et c’est lentement, très lentement (pour ne pas gâcher la moindre goutte de carburant, on est au milieu de rien et ça me ferait bien mal de tomber en panne sèche) que nous arrivons à Ancud, au nord de Chiloe.Où nous trouvons enfin une pompe. Vu la facture, il nous restait de quoi faire 1km. Et encore, en poussant la caisse. En sortant de la station, Jaime nous appellepour dire que le porte feuille du camarade est chez lui. Finalement tout va bien. On trouve un petit hostalbien sympaet pas cher. Comme on est là pour les Mapuches, la patronnenous fais un prix qui était déjà bas à la base.
Le lendemain, frais et dispo nous nous rendons au rassemblement Williche(les Mapuches de cette partie du Chili) où nous sommes accueilli très polimentmais on nous fait comprendre que cette journée est privée. Sans acteurs extérieursà la communauté. La personne qui nous a lancé l’invitation n’avait pas à le faire car pas de la communauté. Nous parlons tout de même à un des responsables, en lui disant que, « oui, nous comprenons et que nous voulions juste nous présenter et afficher notre soutien ». « Que nous reviendrons plus tard à la rencontre de ce peuple… ». En fait ils ont décidé de fermer la réunion suite à la venue d’un journaliste Mapuche qui travaille pour Piñera, l’actuel président. Celui-ci a acheté pour une bouchée de pain un immense territoire, parc naturel, au sud de l’îleet il compte bien l’exploiter dès la fin de son mandat (dans 2 mois). Autant dire que la venue de ce « Fils de chien » (Hijo de perro) de journaliste, comme le nomme le camarade, n’était pas du goût de la communauté. Il est là seulement pour infléchir l’ardeur des siens dans la lutte contre son nouveau maître. Moi je dis enculé, mais fils de chien c’est bien aussi. Il s’est fait virer manu militari. J’espère à peine secrètement qu’il s’est ramassé un bourre pif ou un bon paré à virer. Nous prenons donc congé et en profitons pour visiter un peu le coin. Et ben ça déchire. L’architecture en bois, la faune, la flore… La mer, la côte, les fjords…C’est juste superbe. On s’offre une petite virée en bateau pour aller voir des pingouins et on rentre.
On passe par Temucuicui récupérer le larfeuille du camarade. À la communauté, Griselda nous apprend que Piñera vient d’annoncer que son gouvernement est prêt à lâcher du lest et qu’il pense qu’il est temps de redonner des terres au Mapuches ! Personne ne sait comment le prendre. Une semaine avant, la porte-parole parlait de « Pacifier » la région ; suite à la victoire du werkenDaniel Melinao le ministre de l’intérieur (un gros port raciste qui appelle les observateurs comme moi des « terroristes venus de l’étranger » – on croirait entendre Al Assad !) s’en prenait aux juges, coupables selon luide laisser un assassin en liberté… On verra. Mais nul ici n’est dupe. La lute va continuer encore longtemps.
C’est donc sur cette (bonne !?) nouvelle que l’on trace sur Santiago. Plus de 1000 bornes dans la journée.
À une station service, Saïd profite pour retirer des tunes. Mais la machine lui bouffe sa carte récupéréequelques heures plus tôt. Perdue pour la cause. Quand ça veut pas… 

Le drapeau Williche.

Celui-ci c’est juste pour pécho !

Grosse larve…
…qu’aime la varappe.

Puerto Varas, genre de lac de Genève local.

 

Liberar, liberar al Mapuches por luchar…

Après cette première nuit passée dans la maison de Jaime et Griselda (ceux-ci ont eu la délicatesse de virer les gosses chez le grand-père pour qu’on ne soit pas ennuyé par le bruit puisse profiter de leurs lits) nous sommes réveillé à 5h30 par le coq, à 6h par Margarita la truie et à 8h30 par la relève de garde des pacos (ils surveillent de jour et de nuit la communauté). Après un petit déj’ nous partons pour Angol pour assister au dernier jour de débat du procès du werken Daniel Melinao. Il est accusé du meurtre d’un carabinier qu’il aurait tué pendant l’attaque de sa communauté par les « forces de l’ordre ». J’adore cette expression. « Forces de l’ordre ». On ne sait pas de quel ordre il s’agit mais c’est rarement pour le peuple que les flics œuvrent. Bref. Donc nous arrivons au tribunal, avec du retard comme il se doit et ne pouvons donc assister aux débats. Nous en profitons pour rencontrer des membres de la communauté et de la famille de Daniel. Nous verrons tout de même les avocats à leur sortie et ceux-ci semblent confiant. De retour à la communauté nous manquons (encore !) de peu la cérémonie annonçant le début de la récolte mais nous sommes invités au reste du repas. Chouette moment de partage. Et reposant.
Lendemain, rebelote : coq, Margarita, pacos plus les caquètements sympathiques de Griselda et de Silvana, une amie Mapuche de Santiago qui est restée cette nuit. On part tous ensemble pour Angol assister au verdict du procès. Fête ou émeute. Joie ou colère. Tout va dépendre de la décision de 3 juges. Pour le coup nous sommes bien décidé à rentrer dans le tribunal. On part donc de bonne heure. Sauf qu’on crève ! Ben oui. Dans ce bled où la route est faite de cailloux gros comme la roche tremblante, on devait bien s’attendre à ce que jouer les Fanggio ne fasse pas que du bien aux pneumatiques ! On trouve au village un garage qui nous répare ça assez rapidement. On arrive juste au moment de l’ouverture des portes, on voit la foule entrer mais trop tard pour nous. La salle est déjà pleine. On attend donc dehors. On observe une présence policière discrète. Mais nous savons pour les avoir croisé, que les camions à eau et lance grenade sont de sortie. Les forces spéciales sont visibles de loin. Casque au poing pour le moment. Prêtes à intervenir. À l’approche du procureur et de l’avocat des policiers ce sont des cris de mépris (« Asesino, Racista de mierda… ») et des crachats qui fusent. Mais sinon tout est calme. Tendu mais calme.
Un des membres de la communauté reçoit par sms le verdict. Non coupable. La suite est un immense moment de bonheur. On s’embrasse, on pleure de joie. Un rewe, une sorte de totem que l’on trouve au centre de chaque communauté,est monté en quelques secondes. Les gens sortent du tribunal et tous de danser autour. D’y repenser me donne la chair de poule. Vraiment émouvant. Comme la suite, la marche jusqu’à la prison pour assister à la libération de Daniel, la caravane de voiture jusqu’à la communauté (40/50 bornes) le passage très très très lent devant le camp militaire d’où vient la « victime ». Ah oui une chose. En déclarant Daniel Melinao non coupable, la justice a reconnu ce que disent les Mapuches depuis le début :le carabinier estmort d’une balle d’un autre carabinier. Ils se sont tiré dessus ces cons. Tirs croisés ! Bon après ils ont maquillé les preuves et lesExperts Chililocaux ont magouillé et inventé des faits pour incriminer celui qu’ils étaient venu chercher. Qui n’était pas là au moment des faits… Soit.
Comme ils n’ont pas confiance, les condés nous suivent puissamment armés jusqu’à la communauté. On sait jamais, des fois qu’on ait envie de poser une bombe ou deux. Ou de foutre le feu à la forestal… Mais non. Ce qui suit est une longue cérémonie dédiée à la Nuke Mapu, la Terre Mère. La communauté Wente WinkedMapuse trouve au pied de la montagne Mawida Chigaigue, endroit sacré, paysage de rêve.Les seules gouttes de pluie de mon voyage. Tout juste suffisantes pour rafraîchir le breton que je suis, un peu écrasé par la chaleur et le soleil.
Petits discours des lonkos, puis des werkenspuis de la famille, puis des amis et enfin de Daniel. Dont la première demande est de s’unir et d’aller à la manifestation de soutien au machiSelestino Cordoba, début février à Temuco. Manif interdite d’ailleurs. Il continuera à lutter pour le machiet pour les autres prisonniers politiques. Appel à la lutte à peine sorti de taule. La classe.
Et enfin,grosse fête chez Daniel où deux moutons sont sacrifiés. J’ai l’honneur de goutter le ñachi, sang encore chaud du bestiau auquel on ajoute des épices et des plantes –beaucoup de coriandre fraîche.Très bon et visiblement c’est un met de choix, à voir la ruée quand arrive le plat. J’ai plaisir à discuter à droite à gauche, et notamment avec l’avocat Nelson Miranda. Personnage étonnant qui ne connaît l’Europe et la France que pour y être passé brièvement dans les années 80. Il s’était rendu sur le vieux continent pour y acheter des armes à l’IRA et à l’ETA, afin d’alimenterla résistance intérieure chilienne anti-Pinochet.
Nous repartons vers 11h30. Bien crevés mais heureux de cette journée. Terminer – quasiment – mon voyage par cette grande victoire et être pleinement accueilli dans ces communautés (Temucuicui et Wente Winked Mapu) n’a pas de prix.
Demain, nous partons encore plus au sud. Direction la Bretagne chilienne.
Margarita. Vivement qu’on la bouffe !

Le Rewe de Temucuicui

Encore des feux pas loin.

Eux protègent le tribunal…
de ces gens là.

La partie civile.

Ils attendent que ça pète.
On vient d’apprendre la bonne nouvelle.

Elle c’est la porte parle du machi Celestino Cordoba.

Marche vers la prison.

Communauté Wente WinkedMapu, celle de Daniel Melinao.

Lui il va mal finir !

Encore un feu.

On récupère le sang du mouton

Le ñachi, véritable met de choix !

Keny Arkana et la Pacification de l’Araucanie

Départ prévu lundi matin. Notre camarade Saïd nous rejoint à La Cisterna, le quartier sud où habite la famille de Patricio, où nous mangeons avant de partir. Les infos parlent en continu des incendies de forêt qu’il y a dans la région où nous nous rendons. Et notamment celui qui ravage une partie de la Forestal de Temucuicui. Évidemment les Mapuches sont mis en cause par les pouvoirs publics, sans aucune preuve. Mieux ! La porte parle du gouvernement nous apprend que celui-ci a l’intention de « Pacifier » [sic] l’Araucanie. Pacifier. Comme au bon vieux temps de l’Algérie. Comme au bon vieux temps des colonies si joliment chanté par notre bon vieux Sardouille. Comme au bon vieux temps où le nom de la guerre contre les Mapuches, au milieu des années 1800, s’appelait : « Pacification de l’Araucanie ». Incroyable. 150 ans de racisme, de haine, de colonialisme… résumés en un mot. C’est pour ça qu ‘elle est porte-parole. Elle peut résumer la pensée dégueulasse de son gouvernement en une phrase. Balaise la gonzesse !
Nous arrivons à Concepcion chez le camarade Rodrigo. Celui du Nicaragua. Initialement nous devions visiter sa prison du coin mais nous apprenons que l’ami Emilio s’est vu brimé une nouvelle fois. « On » a retrouvé un portable dans sa cellule. Sauf que le propriétaire du téléphone s’est immédiatement dénoncé. Pas grave. Emiliano va prendre quand même un mois d’interdiction de visite. Nous décidons donc de nous rendre à la manifestation organisées pour dénoncer cela le lendemain.
Rodrigo nous invite le week-end à venir à la « Fiesta del Abrazo ». La fête des embrassades. Bon, moi et ma pudeur naturelle je me dis « la fête de la galoche », pas moyen. Hors de question de mettre ma langue dans une bouche que je ne connais pas ! Que nenni ! La fête des embrassades, c’est la Fête de l’Huma locale. Pendant les années 80, les cocos organisaient des pique-niques clandestins au Parque O’Higgins et se transmettaient ainsi des infos, en loucedé, en se faisant l’accolade. L’embrassade. Rendez-vous donc prit chez les cocos dans une semaine.
Nous partons le lendemain de chez le camarade pour une manifestation prévue à 10h. Normal, on arrive à 11h30. Tellement de camions et de travaux sur la route qu’il nous faut 2h30 pour faire 120 bornes ! Des travaux parce qu’ici on installe des péages partout. T’as qu’une route pour aller d’un point A à un point B ? Ben on va mettre un péage tiens ! Si t’es pas content t’as qu’à aller à pied weon !
Devant la prison, petit attroupement. Famille, amis. Nous faisons valoir notre titre d’observateur pour rencontrer Emilio et le maton en chef nous laisse passer. 30Mn de visite. Un luxe. Emilio nous raconte sa mésaventure mais semble plus déterminé que jamais. Très combatif. Quand il apprend que le camarade Saïd est rapero, rappeur, il nous parle de la personne qu’il préfère en rap. Keny Arkana ! Quand il apprend que Saïd la connaît (ah oui, au fait, le camarade Saïd n’est autre que LE Saïd de ZEP et de MAP), il lui dit « elle est géniale, faut qu’elle vienne chanter pour les Mapuches, ici au Chili… ». Plus tard d’autres Mapuches nous dirons la même chose. Je ne suis pas certain qu’elle me lise mais si c’est le cas : Keny, ici, les Mapuches sont fans de ton boulot et ils comptent sur toi. Si t’as la chance de passer par là tu seras reçue comme une reine !
Emilio a un discours toujours aussi combatif. Ce qui fait peur à sa mère. Il veut absolument un procès politique, alors que tout joue en sa faveur du côté civil, que son avocat travaille visiblement très bien. Mais non. Lui veut politiser son procès, quitte à diminuer ses chances de gagner. Et il le sait. Tout le monde le sait. Et il continue de s’intéresser à toutes les luttes. Celles des Kabyles, des Palestiniens… des Bretons. Je lui promets que s’il apprend le français je lui trouve un bouquin sur l’histoire des luttes en Bretagne.
Après cette rencontre, nous repartons pour Temuco. Nous déposons en chemin Cecilia, jolie Mapuche, femme de prisonnier politique et sa belle-sœur, du côté de Cañete. Comme nous avons un peu de temps on se dit qu’on va aller dire bonjour à la communauté de Temucuicui. Sur la route nous croisons une multitude de feux de forêt. De Forestal plutôt. C’est pas comme si c’était grave. Arrivés chez Jaime et Griselda en fin d’après-midi, ceux-ci nous invitent à rester manger. Pendant que j’aide Griselda à chercher du bois pour le poil et de l’eau à la source (elle m’apprend que la nuit on peut croiser des pumas dans le coin !), les camarades vont au village acheter de quoi festoyer. Ils croisent un groupe d’ouvriers agricoles en train de faucher le blé d’une parcelle. Sous haute protection policière ! Cette parcelle appartient à un grand propriétaire terrien qui a déjà tiré à la carabine sur des Mapuches. Mais heureusement il ne risque rien. Tirer sur un cerf ou sur un Mapuche, la différence c’est que le deuxième ne se mange pas ! Et la police protège ces travailleurs car cette parcelle est entièrement OGM Monsanto. En fait la police est la pour protéger les biens d’Ourban (c’est le nom du latifundiste). Pas ses travailleurs évidemment. Et Ourban ne travaille que de l’OGM.
Au cours de la soirée, Jaime nous confirme que l’incendie qui a fait rage près de la communauté (éteint depuis la veille) et attribué à un bien étrange Mapuche en capuche, n’a touché « que » des bosquets d’arbres natifs. Protégés par les Mapuches. Que les bomberos, les pompiers, n’ont fait « que » protéger les intérêts de la forestal, les pins et eucalyptus autours. Sans essayer d’éteindre le feu dans le bosquet. Étrange… Mais bien sûr, personne ici n’ose mettre en cause la probité de la forestal, qui fait tout pour récupérer cette petite parcelle pour y planter du pin. Que le feu lui facilite le travail est bien sûr des plus fortuits…
Nous resterons finalement toute la semaine dans la communauté. Pour le meilleur…
Partout sur la route on voit de la fumée…
Sur des centaines de bornes jusqu’à Concepcion.

Usine thermoélectrique…
Entreprise française !
Devant la prison de Lebu.

Emilio Berkhof…
parlant à sa compagne Peggy.
Autres feux du côté de Collipulli.

Ferme familiale de Jaime.

Arbre sacré dont j’ai encore oublié le nom. Mais on l’appelle aussi Natal
Maison des ancien proprio de cette zone en récupération
Eau pure venant directement de la montagne.

Pato, Jaime, Saïd et les enfants et neveux de jaime

On est dans le désert…

Bon alors cette dernière journée à La Serena commence à la perfection. Mode grasse mat’, petit dej à la cool, on glande on lambine et on décolle finalement pour mieux faire une pause 15mn plus tard et manger des fruits de mer dans une sorte de halle aux poissons. Un truc immense de plusieurs centaines de mètres où chaque stand te propose des coquillages, des fritures, des empanadas queso y churon… Vue sublime sur le port de pêche, oiseaux de partout, gros phoques, et en parlant de phoque, une caricature de Jack Sparow nous matte dans sa réplique de Black Pearl. Je suis aux anges. Mais on fini par reprendre la route. Que je découvre enfin, suite au fait qu’on est arrivé ici à pas d’heure parce que madame… bref. Je vais encore me faire traiter de misogyne, j’arrête là.
Or donc nous reprenons la route et je découvre un paysage absolument superbe. On se croirait en plein far west. Sauf qu’il y a la mer à côté mais sinon tout pareil. On y croise des éoliennes en veux-tu en voilà, et même des parcs gérés par des français. Mais je vous rassure. Ces parcs ne servent pas la population locale. Seulement les mines de la région. Ben oui on va quand même pas les aider à trouver de l’énergie. On a déjà eu tellement de mal à leur voler leur eau. Ah. On me dit que non. Qu’en fait ça a été assez facile. Tiens donc ? Le démocrate Pinochet aurait-il eu des arguments que je ne connais pas ? Je promets de mener l’enquête. Et s’il y a eu malversation, je m’en irai de ce pas le dire à GDF Suez, qui doit se trouver là par le plus grand des hasards, tant il m’apparaît impensable qu’une aussi prestigieuse entreprise de chez nous puisse profiter du malheur d’un peuple…
Nous arrivons du côté de Caïmanes en fin d’après midi et nous sommes accueillis par une merveilleuse pollution.17.000 litres d’acide sulfuriques dans la nature suite à l’accident du gros cul qui les transportait. On est obligé de faire un détour de 40 bornes pour rentrer dans la ville. Et eux, les flics qui barrent la route, ils rigolent !
On arrive finalement chez Ana et Omar. Un couple de militants qui en chie sa race pour faire valoir leurs droits. De la discussion qui suit ce qui m’impressionne le plus c’est l’extrême solitude de ces gens face à une machine tellement puissante et diabolique que peu à peu, tout ce qu’ils ont de soutien disparaît. Imaginez. Une zone immense de plusieurs communes. Des milliers d’hectares déclarés par le gouvernement « Zone de Sacrifice Minérale ». Zone qui peut crever la gueule ouverte pour que l’industrie minière puisse travailler sans entraves. Et alors côté méthodes d’enfoirés, elle se pose là la Minéral. Même pas besoin de violence physique. L’argent suffit. Une corruption tellement développée que tous y croquent. Politiques, scientifiques, ONG. Des archéologues ont validé des projets d’agrandissement de mine qui ont détruit des sites archéologiques classés. L’équivalent des alignements de Carnac pour la population amérindienne locale ! Les politiques bouffent à tous les râteliers et des ONG vendent leur cul pour convaincre les méchants anti-progrès de l’accepter, le progrès. Et que je te paie pour que t’ailles pas à une réunion, et que je fais en sorte de fermer ton commerce en demandant à mes employés d’oublier ton adresse. Et puis ce serait bien que t’arrête de parler à machin. Il a de mauvaises influences sur toi… Et pas la peine de gueuler parce qu’il n’y a plus d’eau potable dans la région. C’est pour ton bien on te dit. Cours d’eau pollués au plomb, arsenic, acides en tout genres… La minérale consomme 500.000 litres d’eau à la seconde. Directement tirés de la plus grande nappe phréatique de la région. Mais Ana et Omar, s’ils veulent boire de l’eau et ben il faut qu’ils l’achètent. En bouteille. Et puis pour l’accident de camion de tout à l’heure. C’est un truc super fréquent ici. Mais ça doit pas être grave, personne n’a pensé à une brigade spécialisée. C’est juste de simples pompiers qui jouent les dame pipi de la Mineral. C’est dire si y’a rien de vraiment sérieux !
C’est dégouté mais ravi de cette superbe rencontre que nous rentrons nuitamment à Santiago, avant ce qui sera, et de loin, ma plus belle semaine dans ce pays…

Connexion merdique, 5 photos en 1 heure, j’en rajoute dès mon retour à Santiago

Monument aux morts et disparus de La Serena

La seule mosquée du pays.

Dans le désert des éoliennes…

… Ohhhh Une belle entreprise bien de chez nous !

Le paradis est privatisé, c’est les curés qui l’ont acheté!

Ahhhhhhhh Montegrande. La patrie de la graaaande Gabriela Mistral. Femme d’exception, grande auteure, notamment de récits pour enfants et prix Nobel de littérature. Féministe, diplomate, éducatrice. Elle qui a vécu si durement dans ce désert a su magnifier la condition humaine d’une manière si transcendante… Ahhhh. Bon la vérité est que j’ai jamais lu de Mistral et que la seule chose qui me fait rêver ici c’est que c’est aussi le domaine du Pisco. La boisson local issue d’une fermentation de raisin. 35/50°. Ici ils le boivent n’importe comment,  mélangé à du Coca ou du Canada Dry… Mais moi je le préfère juste avec un ou deux glaçons. Ou alors le Pisco Soure (citron ; sucre ; blanc d’œuf : ça déchire).
Nous sommes dans la région de La Serena, cité balnéaire au nord de Santiago (500 bornes) pour nous rapprocher de Caïmanes, que nous visitons ce jour, j’en reparle donc plus tard. Pour l’occasion et aussi pour la semaine à venir dans le sud, on a loué une voiture. Donc départ pour La Serena (en gros La grande Motte avec quand même 2/3 trucs jolis à voir, notamment sa prison sur le trottoir d’en face de la fac, les étudiants n’ont qu’à bien ce tenir ! ). Et normalement la route est belle. Je dis normalement parce que j’en ai a peu près rien vu, on a « miraculeusement » voyagé de nuit. Merci Carolina. Si un jour elle apprend le français j’espère qu ‘elle lira ses [sic] lignes. On devait partir à 19h pour arriver à minuit. Une bonne nuit de sommeil et hop, un petit tour à Vicuña et la route des étoiles, pour aller voir le Paradis. Un lieu pour le coup magique que Pato et des étudiants de sa fac ont découvert en 1969 lors d’une expédition topographique de la région. Et c’est vrai que le lieu est paradisiaque, cette vallée entre 2 montagnes. Le problème c’est que. Bon. Si comme moi tu commences à en avoir ta claque des délires new age et les bondieuseries en tous genres, faut pas venir ici. Un temple qui te travaille ton karma à bâbord, un bain ré-énergisant par là… C’est le Paradis de Gilbert Bourdin. Du coup ça gâche un peu. Et dire qu’il y a 40 ans c’était une vallée perdue genre Conan Doyle. Heureusement qu’il y a des trucs marrants, comme ce moine bouddhiste qu’est parti seul trouver la tranquillité dans les montagnes alors que tous ici lui disaient de pas y aller, trop dangereux. Faut croire qu’il a trouvé un bon ermitage, ça fait plus d’un an qu’on l’a pas revu. Le seul truc déroutant de la région c’est encore une fois le manque d’eau. Et là mes amis je vous dit tout net, si j’étais un vrai enculé ben je crois que je ferai des barrages. Tu détournes un cours d’eau pour irriguer tes vignes et tu fais payer au pékin moyen l’eau qui passait avant sur ses terres ? Ben moi je vais faire un barrage en amont. Et toi et tes putains de vignes tu vas payer aussi. Et moi je revends à vil prix à mes copains des mines. Jusqu’à ce qu’un mec encore plus dégueulasse que moi fasse un autre barrage ou un autre détournement de rivière en amont de mes travaux ! Le salaud, j’avais eu l’idée d’enfiler le monde avant lui !
La route ici s’appelle ou La Route Gabriella Mistral ou La route des Étoiles. Route Gabriella Mistral! Neruda n’a pas de route à son nom. Nobel de littérature également mais un peu trop… Communiste.
Ça s’appelle également route des étoiles parce qu’ici, c’est un des lieux au monde où il y a le moins de parasites pour voir les étoiles. Et de nuit à l’observatoire de Vicuña (2100 et des brouettes mètres d’altitude) ben c’est juste sublime. Les seuls parasites c’est les touristes. En France les pires c’est les aoûtiens. Ben ici comme c’est l’inverse, c’est ceux qui partent en premier qui sont à achever à la machette. Ça parle pendant que le mec raconte la naissance des étoiles, ça incite le petit dernier à foutre une trempe à sa sœur qui lui a piqué une bouteille d’eau avec laquelle il va pouvoir refaire du tam tam pendant qu’on cause de pourquoi Pluton n’est plus une planète… l’enfer.
Mais j’en oublie Carolina qui nous accompagne sur ce petit périple. La route devait être chouette donc. Départ prévu 19h pour éviter les bouchons de départ en week-end. Elle arrive avec ½ heure de retard. Sac pas prêt. Normal. Bon ben moi pour partir 1 mois ½, il m’a fallu 10/15 minutes pour faire mes bagages. En gros il fait chaud, je vais marcher pas mal, t-shirts et chemises légères, j’oublie mes escarpins et mes moon boots… Ben elle, pour 2 jours il lui a fallu 1 putain d’heure et demie ! Pour faire un sac pour 2 jours ! J’en reviens toujours pas. « Ah ben non c’est pas assorti », « non je préfère l’autre mais je le trouve pas », « Patricio tu peux pas m’aider à chercher l’autre chaussure? ». Bref, une chieuse ! Le sac fait on s’en va, presque tout de suite parce qu’elle a quand même quelques coups de fil à passer qu’elle a pas pu faire pendant qu’elle cherchait ses fringues, et on tombe… dans les bouchons. 14 km en 2 heures. J’ai compté. Finalement je n’aurai vu que le périphérique de Santiago de jour. Arrivée 5 heures du mat’. Quel voyage ! Mais bon ce soir retour Santiago après le désert et les mines de Caïmanes et on repart entre couillus, en compagnie du camarade Saïd vers Concepcion. Normalement il aura fait son sac!

Le paradis est privatisé mais il est pas en bonne santé !

Une vue du Paradis…

Et une autre.

Ici tu fais un choix. Montegrande pour Gabriella ou Pisco pour… Pisco!


Regardez bien la ligne de niveau d’eau…
En 2008 cette région était complètement inondée.