Les ados : ces êtres étranges venus d’une autre planète. Leur destination : « prrrt ‘tain ch’sais pas ». Leur but : « lâche moi, j’ai trop pas le temps d’y réfléchir à tes trucs de vieux. Hein hein lol». Je les ai vus. Pour moi, tout a commencé par une journée ensoleillée, lors d’un repas de famille, alors que je vidai mon troisième Jack. Cela a commencé par une maison par trop accueillante et par un homme devenu trop saoul pour garder sa raison. Cela a commencé par une question venue d’une autre galaxie à laquelle j’ai répondu positivement. Maintenant, je sais que les ados sont là, qu’ils ont pris forme humaine et qu’il me faut convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé…
Prologue :
Je préviens de suite. Le premier GI qui vient me briser les noix avec son « jour le plus long », je le renvoie direct dans son service gériatrie qu’il n’aurait jamais dû quitter. Putain mais il fait quoi le personnel médicale à laisser dehors papy Saute sur Sainte-Mère-l’Eglise ? Le D Day ce n’était pas le 6 juin 44 ou le 21 juin de chaque année. Le jour le plus long c’était ce 20 juin 2014 !
Logue (celle-là je l’ai piquée à Maëster. Remerciements éternels) :
On arrive bientôt à Paname. Primordial à fond dans la voiture. Un peu de Zebda, un album de remix électros des Béruriers Noirs, et même un peu de Caravane Passe… Je me nettoie les esgourdes avec tout ce qui est à ma portée comme un jeune acteur de porno gay se purifie les parois du rectum avant sa première scène anale. Ce soir sera comme un dépucelage. Avec tout ce que cela véhicule d’appréhension. Et d’excitation. Ce soir, plus rien ne sera comme avant… Ce soir je vais voir sur scène les descendants de Philip des 2 be 3. D’où cette métaphore pornographique qui n’est pas sans fondement.
Un peu plus tôt, les 3 ados, de sexe féminin, à en croire les protubérances mammaires et une fâcheuse tendance à parler maquillage et autres « trucs de filles tu peux pas comprendre… », les 3 ados donc, montent dans la voiture. A l’instar des visiteurs de David Vincent que l’on pouvait reconnaître grâce à leur petit doigt toujours tendu, on reconnaît une ado moderne à la greffe de portable dans la main gauche. Tu peux y aller à tirer dessus, ça bouge pas. Il ne faut pas 200 mètres pour que les 2 hominidés de derrière se servent de leur implant pour écouter leur musique au casque. Mode autiste. La plus grande à côté de moi ne le fait pas de suite mais ça ne saurait tarder. Je sens que les 4 heures de route qui nous mènent jusqu’à la capitale de la France – nommée ce soir Biactole City – risquent d’être très, très longues.
L’ado est ainsi fait qu’il est amorphe, apathique… Un côté mollusque décérébré mais qui se met à mordre dès que l’on touche à ses idoles ou à sa pizza. L’ado n’a qu’une obsession, avoir 18 ans pour avoir le droit de t’envoyer chier. Parce que « les parents c’est tous des connards ok ? ». On peut penser que les plus grands films de zombies s’inspirent directement de l’observation de ce danger lattant et omniprésent dont l’adulte semble refuser d’admettre la gravité. Merci à George A. Romero et Edgar Wright de nous avoir ouvert les yeux.
Mes 3 ados semblent s’éveiller, sortir de leur léthargie, à l’approche du périphérique. Chaque panneau « Paris » les comble d’aise. Je dis mes 3 ados mais elles semblent ne faire qu’une créature. Comme pour une équipe de foot y’a un esprit pour le groupe. Les 3 filles qui se nomment A… Z… et M… rigolent au même moment, se rendorment aux mêmes endroits… l’entité AZM (respire) ne parle pas mais il semble y avoir un moyen de communication à base de petits cris et de sautillements. Il faudrait les lumières d’un très grand éthologue pour percer le secret de ces comportements simiesques.
Je passe l’arrivée dans cette ville que les allemands n’ont même pas eu le courage ou le bon goût de raser, 1 heure ½ de bouchon, travaux sur la ligne B du RER… la fête.
Nous finissons par déboucher non loin de notre but : le Stade de France. Des hordes d’ados pré pubères s’y rendent depuis le début de l’après-midi. Chacun – chacune plutôt, tant la population présente est massivement féminine – arbore un sourire de contentement à te glacer les sangs. Ils savent ce que je vais endurer. Et ils savent que ce qui va se passer est hors de ma compréhension. A moi et aux rares adultes suffisamment fous ou inconscients pour s’approcher de ce temple qui s’érige devant nous et qui nous est des plus hostiles. Nous sommes ici chez eux. Ce petit bout de territoire ne nous appartient plus, à nous les êtres dotés de raison. Et ces boums boums incessants qui sortent des murs du monument. Et toujours ces choses qui avancent mécaniquement vers les portes d’entrées, portable greffé à la main gauche…
Nous entrons…
La dernière fois que j’ai mis les pieds dans une boite de nuit, et ben ça remonte à presque 17 ans. Et la dernière fois que je l’ai fait sobre, et ben je ne sais même pas si c’est déjà arrivé. Je n’ai pas de télé et les seules radios que j’écoute sont France Inter et RFI. Autant dire que je n’étais absolument pas préparé à me prendre de pleine face 1 heure trente de clips sponsorisés par Skyrock. 1 heure trente de tubes totalement inconnus de moi mais que le public en délire acclame en hurlant et en se déhanchant comme sur un dansflore. Et ben 1 heure trente de ça, c’est très, très long !En plus je suis désormais seul car AZM a déjà disparue, cherchant à se placer au plus près de la scène. Je reste au fonds avec les autres parents/grands-parents/accompagnateurs… Les vieux quoi.
Et puis la première partie commence. 5 SOS. Rien à voir avec un cri de détresse légitime à voir l’allure de ces 4 australiens au charisme de bulot. 5 SOS comme 5 Seconds of Summer. Que c’est beau ! Mais que c’est chiant. Le guitariste arbore une coiffure verte, en pétard, se prend pour un punk mais chante du Jonas Brother… Et ces 4 jeunes hommes d’essayer de maitriser la scène. Scène gigantesque avec 2 rampes de skate d’une quinzaine de mètres de chaque côté, une passerelle au centre et terminée par une autre petite scène au milieu du public. Ils ne sont pas ridicules mais simplement la scène a été taillée trop grand pour ces jeunes puceaux.
Fin du show sur leur tube qu’on a déjà vu sur les écrans 8/10 fois (ça c’est du marketing brutale) et re 45 minutes de clips. Dont encore du 5 SOS.
Après une macarena géante (tout le stade danse sur ce truc, j’ai peur) et beaucoup de retard, les gourous du jour arrivent enfin. Les One Direction, One D pour les intimes. Hystérie collective, hurlements, pleurs, c’est la folie. Juste pour voir j’enlève mes bouchons d’oreille. Erreur ! Même au Hellfest je n’ai pas connu un bruit aussi flippant. Hyper aiguë. C’est comme des petites fléchettes sur mes tympans.
Pour ceux, nombreux, qui ont la chance de ne pas les connaître, One D c’est un boys band brito-irlandais issu de la téléréalité. 4 ans plus tard ils remplissent des stades partout dans le monde. Et ici à Paname City ils en font même 2. Complets les deux. Une semaine après d’autres zombies plus connus, les Stones.
Bon je passe le concert, pyrotechnies, jeux de lumière, vidéos… J’arrête de compter les évacuations sanitaires. Plein de jeunes filles en fleur dans les vapes à la vue de leurs idoles. C’est beau comme un concert de Tokyo Hôtel.
Moment de grâce où 60.000 spectatrices déploient en même temps, sur le dernier tube du band, une petite feuille A4 avec le même cœur bleu blanc rouge dans lequel est écrit We and Us. Je fais une crise de diabète à la vue de tout ce miel. C’est tellement sirupeux que j’exsude du sucre liquide par tous les pores de ma peau. Je suis confit. Et ce n’est pas la seule bière à 7 euros que je me suis offerte qui en est la cause.
Après ce très, très long moment AZM me rejoint exactement où elle m’avait laissé. Nous sortons prendre notre RER. Et toujours ces sourires de contentement partout autour de nous. Démoniaque !!!
– T’as vu ? Il a changé de coiffure.
– Ouai je l’ai capté de suite. Ça lui va trop bien !
C’est accompagnés de ce genre de dialogue que nous traversons Paris pour retrouver notre voiture. 200 mètres après avoir quitté notre parking AZ derrière a déjà son casque sur les oreilles bientôt suivie par M à l’avant.
Plus nous nous éloignons de Paris et plus les 3 ados s’enfoncent dans une sorte de léthargie qui n’est pas sans rappeler l’hibernation de la marmotte de Sibérie… Les 4 heures de route pour Dinan, de nuit, vont être très, très longues…
Et puis logue :
On arrive bientôt à Dinan. Primordial à fond dans la voiture. Un peu de Zebda, un album de remix électros des Béruriers Noirs, et même un peu de Caravane Passe… Je me nettoie les esgourdes avec tout ce qui est à ma portée comme un jeune acteur de porno gay se purifie les parois du rectum après sa première scène anale. Ce soir a été comme un dépucelage. Avec tout ce que cela véhicule d’appréhension. Et d’excitation. Désormais, plus rien ne sera comme avant… Ce soir j’ai vu sur scène les descendants de Philip des 2 be 3. Et ça fait (presque) pas mal au fondement !
Hordes d’ado pré-pubères à l’assaut du Stade de France
On serait bien couillon de se limiter !
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