On dit que j’ai de belles gambettes…

Hier il a plu à Santiago. Toute la journée. Je sais que cette information vous émeut autant que si j’avais dit « un jour j’ai fait du vélo » mais ici, à cette période, c’est plutôt pas banal. Du coup on se croirait à Paris où les gens ne sortent pas et roulent comme des cons (pour changer). A Paname, pour ceux qui ont la chance de ne pas connaitre, dès qu’il y a de la flotte les blaireaux se plantent en bagnole avec une constance et une application qui forcent l’admiration.
Bref. Tout ça pour dire qu’ici il a plus hier. Et que du coup ça a un peu gâché les festivités en cours. A savoir : le Teletón. Oui, comme chez nous le populo ne peut passer à côté de cette manifestation nationale. On en mange à toutes les sauces. Dans les journaux, à la télé, sur les taxis et les bus, dans les publicités… partout. Y’a même des réductions spéciales pour l’occasion. Je vois pas le rapport entre la lutte contre la vie chère et la lutte contre le handicap, mais c’est comme ça. Pato est persuadé que le Téléthon est né ici au Chili. Et qu’il s’est diffusé ensuite vers l’Amérique du nord avant de venir nous les briser en Europe. En même temps Pato est également persuadé que la Ola est née l’année 1973 ou 1974 al Estadio Nacional de Santiago. Les 25.000 prisonniers de Pinochet, qui malgré de nombreuses séances de torture offertes par le nouveau régime s’évertuaient à se faire chier, pour passer le temps, auraient imaginé et fait comme si un match avait lieu devant eux. Leurs gestes de Ola devant servir à encourager les deux équipes invisibles en compétition sur le terrain. Par la suite, un des prisonniers devenu plus tard entraineur d’une équipe nationale l’aurait popularisé lors de la coupe du monde de Mexico en 1986. Je ne sais pas si c’est vrai – Pato a vécu la chose en direct – mais je trouve l’histoire plutôt chouette. La FIFA et le CIO étant tenus par d’anciens franquistes, fascistes et autres amis des libertés fondamentales, que ce mouvement de foule qu’on voit surtout dans les stades (je l’ai vu de mes propres yeux au concert de… One Direction, voir article précédent) ait été initié par des anti-Pinochet est assez jouissif.
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos handicapés. Et surtout à cette grande fête du don de soi et de ses sous, vu qu’ici comme ailleurs, l’état préfère financer une armée inutile et dangereuse, des projets débiles et soutenir les plus riches de ses citoyens au détriment des plus démunis au lieu d’investir dans la recherche et la santé. Et bien je vous le dis tout de go, il est urgent que la recherche n’avance pas trop vite. Parce qu’ici, on ne s’emmerde pas comme en France. Ici on sait attirer le chaland. En commençant par le plaisir des yeux! Je ne parle pas de ces pauvres bougres en fauteuil au premier rang mais de ce qui se passe sur scène. C’est une débauche de culs, de seins, de gambettes à redonner le goût de l’onanisme à Farinelli (ou à Lord Varys pour les moins cultivés et/ou mélomanes d’entre vous). Des corps superbes offerts aux téléspectateurs, une farandole de dessous chics, sans oublier la version masculine avec son concours Mister Teletón ! Et ses salauds d’handicapés qui ne pensent qu’à guérir et nous priver de tels spectacles?
Heureusement, hier il a plu à Santiago. Du coup le grand concert prévu avec un parterre de célébrités, de chanteur(euse)s (qui sont à la scène chilienne ce que sont les participants à la soirée des Enfoirés, une nuisance sonore) le concert, donc, a été annulé, faisant perdre un peu d’argent pour la recherche. Jajaja (l’homme civilisé rie en faisant Hahaha mais ici ils font Jajaja, n’importe quoi). Alors les handicapés égoïstes qui pensent qu’à leurs jambes, on rigole moins d’un coup, non?

Bien, demain je vous parle de ma rencontre avec le tord boyaux local : le terrible Terremoto.

Y’a quand même des concerts qui déboitent dans le coin !