Je pensais vous parler de la journée internationale des droits de l’homme. Mais comme ce 10 décembre c’est aussi le huitième anniversaire de la mort de Pinochet (coïncidence des plus troublantes) et que les députés de droite se sont levé dans l’assemblée pour observer une minute de silence à la mémoire de ce grand homme, j’ai plutôt envie de vous parler d’un truc radicale pour oublier la connerie humaine…
Pour ce deuxième voyage au Chili, je m’étais promis de :
– me les geler miches à Puerto Edén (ce sera chose faite en janvier)
– me cramer les pinceaux à Iquique (voyage la semaine prochaine)
– goûter un Mote con Huesillo (fait la semaine dernière)
– découvrir le terrible Terremoto
Pour cette dernière volonté, je ne parle pas d’un vrai tremblement de terre, version 9° sur l’échelle qui va bien. Pas ce truc tout juste bon à réveiller un insomniaque et qui fait toujours la une des journaux en Bretagne. « Houlalala, on a eu chaud. 2,5° sur l’escabeau de richter… quelle aventure ! »
Non, je parle de ce cocktail chilien qui ravage les neurones, rend les jambes molles et donne l’impression d’être sur le pont avant d’un rafiot par force 25. Ici on dit qu’on en boit deux maximum. Allez, 3 si on est en forme. Après on ne répond plus de rien.
Il y a quelques jours nous sommes invités à la fête qui suit le baptême d’un neveu de Carolina. On me propose un verre de cette boisson. « Super », dis-je tout de go, « je vais enfin goûter à ce breuvage ». « Mais enfin weon, tu connais déjà » on me rétorque en riant. « Souviens-toi l’année dernière ». Tout de suite ça fait film de série Z. Et effectivement lorsqu’on me tend le verre, je reconnais la chose. Et je frémis. Petit retour en arrière.
Lors du nouvel an dernier, nous avons été invités à Buin, dans la maison de vacances de la famille de Carolina pour y passer el año nuevo. Vers minuit, son père sort une grande jatte et y fait une tambouille à base de grenadine, d’un ersatz de champomy et de beaucoup de glace à l’ananas. Plus un autre truc que je ne vois pas. Comme je commençais à être fatigué par trop de voyages, de pisco et de vin rouge, je décidais sagement de passer à ce cocktail sans alcool. C’était pas mauvais. Un peu trop sucré à mon goût. Mais il n’y a pas d’eau sur la table alors… J’y retournais pour me servir à nouveau. Une fois. Deux fois. Trois fois. Quatre… Bon après, tout ce que je sais, c’est que je me suis réveillé 6/7 heures plus tard. Avec un mal de crâne à décorner une femme de président. On me dit que j’ai bu de ce truc toute la nuit, sans m’arrêter. Et que c’était marrant, que je parlais tout le temps. Même si au bout d’un moment, me comprendre était vraiment pas aisé, que quand j’étais boracho on pouvait trouver autant de purée dans ma bouche que dans celle de Booba agen (bon ici ils connaissent pas le gazier mais c’est l’idée). Intrigué de ce trou noir, je m’en vais vers les poubelles. En examinant les cadavres de la veille, je me suis rendu compte que ces bouteilles toutes colorées, avec plein de paillettes sur les étiquettes, étaient en fait des bouteilles de vin mousseux local et que l’ingrédient mystère, une grosse dose de pisco.
Voilà mesdames, messieurs, l’horrible vérité toute nue. Avec le terrible Terremoto, effectivement la terre tremble, mais pas tes neurones.
Le lieu du drame, un an après. Tout à l’air si tranquille, mais tout ne tient qu’à un fil… |