Bon alors cette dernière journée à La Serena commence à la perfection. Mode grasse mat’, petit dej à la cool, on glande on lambine et on décolle finalement pour mieux faire une pause 15mn plus tard et manger des fruits de mer dans une sorte de halle aux poissons. Un truc immense de plusieurs centaines de mètres où chaque stand te propose des coquillages, des fritures, des empanadas queso y churon… Vue sublime sur le port de pêche, oiseaux de partout, gros phoques, et en parlant de phoque, une caricature de Jack Sparow nous matte dans sa réplique de Black Pearl. Je suis aux anges. Mais on fini par reprendre la route. Que je découvre enfin, suite au fait qu’on est arrivé ici à pas d’heure parce que madame… bref. Je vais encore me faire traiter de misogyne, j’arrête là.
Or donc nous reprenons la route et je découvre un paysage absolument superbe. On se croirait en plein far west. Sauf qu’il y a la mer à côté mais sinon tout pareil. On y croise des éoliennes en veux-tu en voilà, et même des parcs gérés par des français. Mais je vous rassure. Ces parcs ne servent pas la population locale. Seulement les mines de la région. Ben oui on va quand même pas les aider à trouver de l’énergie. On a déjà eu tellement de mal à leur voler leur eau. Ah. On me dit que non. Qu’en fait ça a été assez facile. Tiens donc ? Le démocrate Pinochet aurait-il eu des arguments que je ne connais pas ? Je promets de mener l’enquête. Et s’il y a eu malversation, je m’en irai de ce pas le dire à GDF Suez, qui doit se trouver là par le plus grand des hasards, tant il m’apparaît impensable qu’une aussi prestigieuse entreprise de chez nous puisse profiter du malheur d’un peuple…
Nous arrivons du côté de Caïmanes en fin d’après midi et nous sommes accueillis par une merveilleuse pollution.17.000 litres d’acide sulfuriques dans la nature suite à l’accident du gros cul qui les transportait. On est obligé de faire un détour de 40 bornes pour rentrer dans la ville. Et eux, les flics qui barrent la route, ils rigolent !
On arrive finalement chez Ana et Omar. Un couple de militants qui en chie sa race pour faire valoir leurs droits. De la discussion qui suit ce qui m’impressionne le plus c’est l’extrême solitude de ces gens face à une machine tellement puissante et diabolique que peu à peu, tout ce qu’ils ont de soutien disparaît. Imaginez. Une zone immense de plusieurs communes. Des milliers d’hectares déclarés par le gouvernement « Zone de Sacrifice Minérale ». Zone qui peut crever la gueule ouverte pour que l’industrie minière puisse travailler sans entraves. Et alors côté méthodes d’enfoirés, elle se pose là la Minéral. Même pas besoin de violence physique. L’argent suffit. Une corruption tellement développée que tous y croquent. Politiques, scientifiques, ONG. Des archéologues ont validé des projets d’agrandissement de mine qui ont détruit des sites archéologiques classés. L’équivalent des alignements de Carnac pour la population amérindienne locale ! Les politiques bouffent à tous les râteliers et des ONG vendent leur cul pour convaincre les méchants anti-progrès de l’accepter, le progrès. Et que je te paie pour que t’ailles pas à une réunion, et que je fais en sorte de fermer ton commerce en demandant à mes employés d’oublier ton adresse. Et puis ce serait bien que t’arrête de parler à machin. Il a de mauvaises influences sur toi… Et pas la peine de gueuler parce qu’il n’y a plus d’eau potable dans la région. C’est pour ton bien on te dit. Cours d’eau pollués au plomb, arsenic, acides en tout genres… La minérale consomme 500.000 litres d’eau à la seconde. Directement tirés de la plus grande nappe phréatique de la région. Mais Ana et Omar, s’ils veulent boire de l’eau et ben il faut qu’ils l’achètent. En bouteille. Et puis pour l’accident de camion de tout à l’heure. C’est un truc super fréquent ici. Mais ça doit pas être grave, personne n’a pensé à une brigade spécialisée. C’est juste de simples pompiers qui jouent les dame pipi de la Mineral. C’est dire si y’a rien de vraiment sérieux !
C’est dégouté mais ravi de cette superbe rencontre que nous rentrons nuitamment à Santiago, avant ce qui sera, et de loin, ma plus belle semaine dans ce pays…
Connexion merdique, 5 photos en 1 heure, j’en rajoute dès mon retour à Santiago