Une tendre image du futur

Fin du reportage. Pujadas reprend l’antenne, la mine sombre. Même lui, avec des années d’expérience n’est pas insensible à cette nouvelle vision d’horreur. Il rappelle avec gravité que les deux reporters,  André-Jacque Facial et Anna Rozemoileschossettes sont dans ce pays en guerre, qu’ils font leur devoir de journaliste avec abnégation. On sent la fierté de ce présentateur à pouvoir compter sur une équipe aussi courageuse. Il nous fait presque sentir à quel point lui aussi, s’il n’avait d’aussi grandes responsabilités – une rédaction à faire tourner, un peuple à informer… – lui aussi se verrait bien dans les pas d’Albert Londres…
L’écran se sépare en deux. A gauche notre homme tronc préféré, que la ménagère continue à trouver séduisant malgré quelques années de plus et quelques petites ridules, qui finalement le rendent tellement attirant. A droite une photo en gros plan, une boite de médicament quelconque. Une Voix off nous relate tout les bienfaits de ce médicament. Combien de temps cela dur t-il, 15 secondes, 20 secondes, nul ne le sait tant est fascinant le récit de cette belle Voix, aussi profonde que celle d’un Jean-Pierre Mariel. 
Le visage de Pujadas s’illumine enfin. Il se tourne sur sa gauche – la caméra semble reculer – et nous le voyons saisir une petite boite, fort semblable à celle vantée par la Voix. Il n’y a désormais plus que lui à l’écran. Il présente l’objet à la caméra, regarde bien l’objectif et dis de sa voix la plus enthousiaste : « Ce matin j’étais constipé. Mais grâce à Fucaca plus de bouchon. Dragées Fucaca c’est bon mangez-en ». Il se tourne vers l’autre caméra, sur sa droite cette fois, et d’un regard lourd de sens reprends : « A Wall Street, hausse spectaculaire de la délinquance des cols blancs, ce qui nous amène à ce nouveau scandale Lehman Brothers… »
Si vous trouvez ce récit délirant, je vous dirai que le plus improbable est la dénonciation des crimes des banquiers à la télévision. Je n’exagérè même pas ce que je vois à la téloche chilienne. De telles scènes sont visibles sur les chaines publiques et privées. Hier matin, alors que nous déjeunions dans un petite échoppe, œufs brouillés et merken avec un café, lyophilisé, un de plus, je regardais l’équivalent des journaux du matin. Tout s’est arrêté pour un flash spécial. Diantre, fichtre foutre mais que ce passe-t-il? Une invasion extra terrestre? Un tremblement de terre? On a trouvé une trace de neurone chez Steevie? De sympathie chez Poutine? De gauche chez Hollande? Non, PIRE. La starlette locale a porté plainte pour… j’ose à peine le dire tellement je suis choqué. La starlette locale (l’équivalent plante verte d’Energie 12, seins refais 10 fois et le QI d’une huitre neurasthénique) a porté plainte contre un journal people pour publication de photos volées. Quand nous avons quitté le rade, ce n’était pas terminé et cela faisait déjà 25 minutes que les envoyés spéciaux enquêtaient, sondaient les passants pour savoir ce que le peuple pensait RÉELLEMENT de ce tragique fait divers.
Je ne sais pas ce que deviendront les médiats en France mais tant que Jean-Pierre Pernaut n’aura pas été saisi dans le béton d’une maison Bouygues, je ne serai pas rassuré. Le pire est toujours à notre portée. Il n’est jamais loin et une de nos meilleurs probabilités. Ici j’en ai un vaste aperçu et c’est vraiment flippant.
Sur cette belle image du futur je m’en vais à un concerto à la Villa Grimaldi. Un lieu rêvé pour penser à un monde meilleur…
C’est dans ce bouiboui que le drame a eu lieu… par prudence il n’y a pas de photo de l’écran de télévision.

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