L’île aux oiseaux mais vachement mieux que celle d’Obispo !

Nous partons de la communauté de Temucuicui dans la matinée pour Chiloe, à500 ou 600 km au sud. Nous déposons Silvana la punkette Mapuche à Temuco et poursuivons tranquillement. Lorsque Saïd se rend compte qu’il a paumé son larfeuille. Coup de fils à droite à gauche… rien. On continu. Arrivé à Puerto Mont je suis presque à sec d’essence. Le bidule me dit qu’il me reste de quoi faire 50 bornes. Pato me dit de continuer, qu’on trouvera sur le chemin. Sauf que non. Pas une pompe. On arrive au bac pour la traversée du canal, et la nana nous dit que non pas de pompe dans le coin. Que la plus proche est à 27 km après l’arrivée de l’autre côté. Je calcule, ça feraplus de 87 km en tout depuis que je suis sur le réservoir. On monte sur le bac, et… On a que la moitié de la monnaie nécessaire pour la traversée. Ils n’acceptent pas la carte bleue.Un mec bien cool nous file la somme pour pas qu’on ait à ressortir. De l’autre côté on sait même pas si on pourra redémarrer. Mais si. Et c’est lentement, très lentement (pour ne pas gâcher la moindre goutte de carburant, on est au milieu de rien et ça me ferait bien mal de tomber en panne sèche) que nous arrivons à Ancud, au nord de Chiloe.Où nous trouvons enfin une pompe. Vu la facture, il nous restait de quoi faire 1km. Et encore, en poussant la caisse. En sortant de la station, Jaime nous appellepour dire que le porte feuille du camarade est chez lui. Finalement tout va bien. On trouve un petit hostalbien sympaet pas cher. Comme on est là pour les Mapuches, la patronnenous fais un prix qui était déjà bas à la base.
Le lendemain, frais et dispo nous nous rendons au rassemblement Williche(les Mapuches de cette partie du Chili) où nous sommes accueilli très polimentmais on nous fait comprendre que cette journée est privée. Sans acteurs extérieursà la communauté. La personne qui nous a lancé l’invitation n’avait pas à le faire car pas de la communauté. Nous parlons tout de même à un des responsables, en lui disant que, « oui, nous comprenons et que nous voulions juste nous présenter et afficher notre soutien ». « Que nous reviendrons plus tard à la rencontre de ce peuple… ». En fait ils ont décidé de fermer la réunion suite à la venue d’un journaliste Mapuche qui travaille pour Piñera, l’actuel président. Celui-ci a acheté pour une bouchée de pain un immense territoire, parc naturel, au sud de l’îleet il compte bien l’exploiter dès la fin de son mandat (dans 2 mois). Autant dire que la venue de ce « Fils de chien » (Hijo de perro) de journaliste, comme le nomme le camarade, n’était pas du goût de la communauté. Il est là seulement pour infléchir l’ardeur des siens dans la lutte contre son nouveau maître. Moi je dis enculé, mais fils de chien c’est bien aussi. Il s’est fait virer manu militari. J’espère à peine secrètement qu’il s’est ramassé un bourre pif ou un bon paré à virer. Nous prenons donc congé et en profitons pour visiter un peu le coin. Et ben ça déchire. L’architecture en bois, la faune, la flore… La mer, la côte, les fjords…C’est juste superbe. On s’offre une petite virée en bateau pour aller voir des pingouins et on rentre.
On passe par Temucuicui récupérer le larfeuille du camarade. À la communauté, Griselda nous apprend que Piñera vient d’annoncer que son gouvernement est prêt à lâcher du lest et qu’il pense qu’il est temps de redonner des terres au Mapuches ! Personne ne sait comment le prendre. Une semaine avant, la porte-parole parlait de « Pacifier » la région ; suite à la victoire du werkenDaniel Melinao le ministre de l’intérieur (un gros port raciste qui appelle les observateurs comme moi des « terroristes venus de l’étranger » – on croirait entendre Al Assad !) s’en prenait aux juges, coupables selon luide laisser un assassin en liberté… On verra. Mais nul ici n’est dupe. La lute va continuer encore longtemps.
C’est donc sur cette (bonne !?) nouvelle que l’on trace sur Santiago. Plus de 1000 bornes dans la journée.
À une station service, Saïd profite pour retirer des tunes. Mais la machine lui bouffe sa carte récupéréequelques heures plus tôt. Perdue pour la cause. Quand ça veut pas… 

Le drapeau Williche.

Celui-ci c’est juste pour pécho !

Grosse larve…
…qu’aime la varappe.

Puerto Varas, genre de lac de Genève local.

 

Liberar, liberar al Mapuches por luchar…

Après cette première nuit passée dans la maison de Jaime et Griselda (ceux-ci ont eu la délicatesse de virer les gosses chez le grand-père pour qu’on ne soit pas ennuyé par le bruit puisse profiter de leurs lits) nous sommes réveillé à 5h30 par le coq, à 6h par Margarita la truie et à 8h30 par la relève de garde des pacos (ils surveillent de jour et de nuit la communauté). Après un petit déj’ nous partons pour Angol pour assister au dernier jour de débat du procès du werken Daniel Melinao. Il est accusé du meurtre d’un carabinier qu’il aurait tué pendant l’attaque de sa communauté par les « forces de l’ordre ». J’adore cette expression. « Forces de l’ordre ». On ne sait pas de quel ordre il s’agit mais c’est rarement pour le peuple que les flics œuvrent. Bref. Donc nous arrivons au tribunal, avec du retard comme il se doit et ne pouvons donc assister aux débats. Nous en profitons pour rencontrer des membres de la communauté et de la famille de Daniel. Nous verrons tout de même les avocats à leur sortie et ceux-ci semblent confiant. De retour à la communauté nous manquons (encore !) de peu la cérémonie annonçant le début de la récolte mais nous sommes invités au reste du repas. Chouette moment de partage. Et reposant.
Lendemain, rebelote : coq, Margarita, pacos plus les caquètements sympathiques de Griselda et de Silvana, une amie Mapuche de Santiago qui est restée cette nuit. On part tous ensemble pour Angol assister au verdict du procès. Fête ou émeute. Joie ou colère. Tout va dépendre de la décision de 3 juges. Pour le coup nous sommes bien décidé à rentrer dans le tribunal. On part donc de bonne heure. Sauf qu’on crève ! Ben oui. Dans ce bled où la route est faite de cailloux gros comme la roche tremblante, on devait bien s’attendre à ce que jouer les Fanggio ne fasse pas que du bien aux pneumatiques ! On trouve au village un garage qui nous répare ça assez rapidement. On arrive juste au moment de l’ouverture des portes, on voit la foule entrer mais trop tard pour nous. La salle est déjà pleine. On attend donc dehors. On observe une présence policière discrète. Mais nous savons pour les avoir croisé, que les camions à eau et lance grenade sont de sortie. Les forces spéciales sont visibles de loin. Casque au poing pour le moment. Prêtes à intervenir. À l’approche du procureur et de l’avocat des policiers ce sont des cris de mépris (« Asesino, Racista de mierda… ») et des crachats qui fusent. Mais sinon tout est calme. Tendu mais calme.
Un des membres de la communauté reçoit par sms le verdict. Non coupable. La suite est un immense moment de bonheur. On s’embrasse, on pleure de joie. Un rewe, une sorte de totem que l’on trouve au centre de chaque communauté,est monté en quelques secondes. Les gens sortent du tribunal et tous de danser autour. D’y repenser me donne la chair de poule. Vraiment émouvant. Comme la suite, la marche jusqu’à la prison pour assister à la libération de Daniel, la caravane de voiture jusqu’à la communauté (40/50 bornes) le passage très très très lent devant le camp militaire d’où vient la « victime ». Ah oui une chose. En déclarant Daniel Melinao non coupable, la justice a reconnu ce que disent les Mapuches depuis le début :le carabinier estmort d’une balle d’un autre carabinier. Ils se sont tiré dessus ces cons. Tirs croisés ! Bon après ils ont maquillé les preuves et lesExperts Chililocaux ont magouillé et inventé des faits pour incriminer celui qu’ils étaient venu chercher. Qui n’était pas là au moment des faits… Soit.
Comme ils n’ont pas confiance, les condés nous suivent puissamment armés jusqu’à la communauté. On sait jamais, des fois qu’on ait envie de poser une bombe ou deux. Ou de foutre le feu à la forestal… Mais non. Ce qui suit est une longue cérémonie dédiée à la Nuke Mapu, la Terre Mère. La communauté Wente WinkedMapuse trouve au pied de la montagne Mawida Chigaigue, endroit sacré, paysage de rêve.Les seules gouttes de pluie de mon voyage. Tout juste suffisantes pour rafraîchir le breton que je suis, un peu écrasé par la chaleur et le soleil.
Petits discours des lonkos, puis des werkenspuis de la famille, puis des amis et enfin de Daniel. Dont la première demande est de s’unir et d’aller à la manifestation de soutien au machiSelestino Cordoba, début février à Temuco. Manif interdite d’ailleurs. Il continuera à lutter pour le machiet pour les autres prisonniers politiques. Appel à la lutte à peine sorti de taule. La classe.
Et enfin,grosse fête chez Daniel où deux moutons sont sacrifiés. J’ai l’honneur de goutter le ñachi, sang encore chaud du bestiau auquel on ajoute des épices et des plantes –beaucoup de coriandre fraîche.Très bon et visiblement c’est un met de choix, à voir la ruée quand arrive le plat. J’ai plaisir à discuter à droite à gauche, et notamment avec l’avocat Nelson Miranda. Personnage étonnant qui ne connaît l’Europe et la France que pour y être passé brièvement dans les années 80. Il s’était rendu sur le vieux continent pour y acheter des armes à l’IRA et à l’ETA, afin d’alimenterla résistance intérieure chilienne anti-Pinochet.
Nous repartons vers 11h30. Bien crevés mais heureux de cette journée. Terminer – quasiment – mon voyage par cette grande victoire et être pleinement accueilli dans ces communautés (Temucuicui et Wente Winked Mapu) n’a pas de prix.
Demain, nous partons encore plus au sud. Direction la Bretagne chilienne.
Margarita. Vivement qu’on la bouffe !

Le Rewe de Temucuicui

Encore des feux pas loin.

Eux protègent le tribunal…
de ces gens là.

La partie civile.

Ils attendent que ça pète.
On vient d’apprendre la bonne nouvelle.

Elle c’est la porte parle du machi Celestino Cordoba.

Marche vers la prison.

Communauté Wente WinkedMapu, celle de Daniel Melinao.

Lui il va mal finir !

Encore un feu.

On récupère le sang du mouton

Le ñachi, véritable met de choix !

Keny Arkana et la Pacification de l’Araucanie

Départ prévu lundi matin. Notre camarade Saïd nous rejoint à La Cisterna, le quartier sud où habite la famille de Patricio, où nous mangeons avant de partir. Les infos parlent en continu des incendies de forêt qu’il y a dans la région où nous nous rendons. Et notamment celui qui ravage une partie de la Forestal de Temucuicui. Évidemment les Mapuches sont mis en cause par les pouvoirs publics, sans aucune preuve. Mieux ! La porte parle du gouvernement nous apprend que celui-ci a l’intention de « Pacifier » [sic] l’Araucanie. Pacifier. Comme au bon vieux temps de l’Algérie. Comme au bon vieux temps des colonies si joliment chanté par notre bon vieux Sardouille. Comme au bon vieux temps où le nom de la guerre contre les Mapuches, au milieu des années 1800, s’appelait : « Pacification de l’Araucanie ». Incroyable. 150 ans de racisme, de haine, de colonialisme… résumés en un mot. C’est pour ça qu ‘elle est porte-parole. Elle peut résumer la pensée dégueulasse de son gouvernement en une phrase. Balaise la gonzesse !
Nous arrivons à Concepcion chez le camarade Rodrigo. Celui du Nicaragua. Initialement nous devions visiter sa prison du coin mais nous apprenons que l’ami Emilio s’est vu brimé une nouvelle fois. « On » a retrouvé un portable dans sa cellule. Sauf que le propriétaire du téléphone s’est immédiatement dénoncé. Pas grave. Emiliano va prendre quand même un mois d’interdiction de visite. Nous décidons donc de nous rendre à la manifestation organisées pour dénoncer cela le lendemain.
Rodrigo nous invite le week-end à venir à la « Fiesta del Abrazo ». La fête des embrassades. Bon, moi et ma pudeur naturelle je me dis « la fête de la galoche », pas moyen. Hors de question de mettre ma langue dans une bouche que je ne connais pas ! Que nenni ! La fête des embrassades, c’est la Fête de l’Huma locale. Pendant les années 80, les cocos organisaient des pique-niques clandestins au Parque O’Higgins et se transmettaient ainsi des infos, en loucedé, en se faisant l’accolade. L’embrassade. Rendez-vous donc prit chez les cocos dans une semaine.
Nous partons le lendemain de chez le camarade pour une manifestation prévue à 10h. Normal, on arrive à 11h30. Tellement de camions et de travaux sur la route qu’il nous faut 2h30 pour faire 120 bornes ! Des travaux parce qu’ici on installe des péages partout. T’as qu’une route pour aller d’un point A à un point B ? Ben on va mettre un péage tiens ! Si t’es pas content t’as qu’à aller à pied weon !
Devant la prison, petit attroupement. Famille, amis. Nous faisons valoir notre titre d’observateur pour rencontrer Emilio et le maton en chef nous laisse passer. 30Mn de visite. Un luxe. Emilio nous raconte sa mésaventure mais semble plus déterminé que jamais. Très combatif. Quand il apprend que le camarade Saïd est rapero, rappeur, il nous parle de la personne qu’il préfère en rap. Keny Arkana ! Quand il apprend que Saïd la connaît (ah oui, au fait, le camarade Saïd n’est autre que LE Saïd de ZEP et de MAP), il lui dit « elle est géniale, faut qu’elle vienne chanter pour les Mapuches, ici au Chili… ». Plus tard d’autres Mapuches nous dirons la même chose. Je ne suis pas certain qu’elle me lise mais si c’est le cas : Keny, ici, les Mapuches sont fans de ton boulot et ils comptent sur toi. Si t’as la chance de passer par là tu seras reçue comme une reine !
Emilio a un discours toujours aussi combatif. Ce qui fait peur à sa mère. Il veut absolument un procès politique, alors que tout joue en sa faveur du côté civil, que son avocat travaille visiblement très bien. Mais non. Lui veut politiser son procès, quitte à diminuer ses chances de gagner. Et il le sait. Tout le monde le sait. Et il continue de s’intéresser à toutes les luttes. Celles des Kabyles, des Palestiniens… des Bretons. Je lui promets que s’il apprend le français je lui trouve un bouquin sur l’histoire des luttes en Bretagne.
Après cette rencontre, nous repartons pour Temuco. Nous déposons en chemin Cecilia, jolie Mapuche, femme de prisonnier politique et sa belle-sœur, du côté de Cañete. Comme nous avons un peu de temps on se dit qu’on va aller dire bonjour à la communauté de Temucuicui. Sur la route nous croisons une multitude de feux de forêt. De Forestal plutôt. C’est pas comme si c’était grave. Arrivés chez Jaime et Griselda en fin d’après-midi, ceux-ci nous invitent à rester manger. Pendant que j’aide Griselda à chercher du bois pour le poil et de l’eau à la source (elle m’apprend que la nuit on peut croiser des pumas dans le coin !), les camarades vont au village acheter de quoi festoyer. Ils croisent un groupe d’ouvriers agricoles en train de faucher le blé d’une parcelle. Sous haute protection policière ! Cette parcelle appartient à un grand propriétaire terrien qui a déjà tiré à la carabine sur des Mapuches. Mais heureusement il ne risque rien. Tirer sur un cerf ou sur un Mapuche, la différence c’est que le deuxième ne se mange pas ! Et la police protège ces travailleurs car cette parcelle est entièrement OGM Monsanto. En fait la police est la pour protéger les biens d’Ourban (c’est le nom du latifundiste). Pas ses travailleurs évidemment. Et Ourban ne travaille que de l’OGM.
Au cours de la soirée, Jaime nous confirme que l’incendie qui a fait rage près de la communauté (éteint depuis la veille) et attribué à un bien étrange Mapuche en capuche, n’a touché « que » des bosquets d’arbres natifs. Protégés par les Mapuches. Que les bomberos, les pompiers, n’ont fait « que » protéger les intérêts de la forestal, les pins et eucalyptus autours. Sans essayer d’éteindre le feu dans le bosquet. Étrange… Mais bien sûr, personne ici n’ose mettre en cause la probité de la forestal, qui fait tout pour récupérer cette petite parcelle pour y planter du pin. Que le feu lui facilite le travail est bien sûr des plus fortuits…
Nous resterons finalement toute la semaine dans la communauté. Pour le meilleur…
Partout sur la route on voit de la fumée…
Sur des centaines de bornes jusqu’à Concepcion.

Usine thermoélectrique…
Entreprise française !
Devant la prison de Lebu.

Emilio Berkhof…
parlant à sa compagne Peggy.
Autres feux du côté de Collipulli.

Ferme familiale de Jaime.

Arbre sacré dont j’ai encore oublié le nom. Mais on l’appelle aussi Natal
Maison des ancien proprio de cette zone en récupération
Eau pure venant directement de la montagne.

Pato, Jaime, Saïd et les enfants et neveux de jaime

On est dans le désert…

Bon alors cette dernière journée à La Serena commence à la perfection. Mode grasse mat’, petit dej à la cool, on glande on lambine et on décolle finalement pour mieux faire une pause 15mn plus tard et manger des fruits de mer dans une sorte de halle aux poissons. Un truc immense de plusieurs centaines de mètres où chaque stand te propose des coquillages, des fritures, des empanadas queso y churon… Vue sublime sur le port de pêche, oiseaux de partout, gros phoques, et en parlant de phoque, une caricature de Jack Sparow nous matte dans sa réplique de Black Pearl. Je suis aux anges. Mais on fini par reprendre la route. Que je découvre enfin, suite au fait qu’on est arrivé ici à pas d’heure parce que madame… bref. Je vais encore me faire traiter de misogyne, j’arrête là.
Or donc nous reprenons la route et je découvre un paysage absolument superbe. On se croirait en plein far west. Sauf qu’il y a la mer à côté mais sinon tout pareil. On y croise des éoliennes en veux-tu en voilà, et même des parcs gérés par des français. Mais je vous rassure. Ces parcs ne servent pas la population locale. Seulement les mines de la région. Ben oui on va quand même pas les aider à trouver de l’énergie. On a déjà eu tellement de mal à leur voler leur eau. Ah. On me dit que non. Qu’en fait ça a été assez facile. Tiens donc ? Le démocrate Pinochet aurait-il eu des arguments que je ne connais pas ? Je promets de mener l’enquête. Et s’il y a eu malversation, je m’en irai de ce pas le dire à GDF Suez, qui doit se trouver là par le plus grand des hasards, tant il m’apparaît impensable qu’une aussi prestigieuse entreprise de chez nous puisse profiter du malheur d’un peuple…
Nous arrivons du côté de Caïmanes en fin d’après midi et nous sommes accueillis par une merveilleuse pollution.17.000 litres d’acide sulfuriques dans la nature suite à l’accident du gros cul qui les transportait. On est obligé de faire un détour de 40 bornes pour rentrer dans la ville. Et eux, les flics qui barrent la route, ils rigolent !
On arrive finalement chez Ana et Omar. Un couple de militants qui en chie sa race pour faire valoir leurs droits. De la discussion qui suit ce qui m’impressionne le plus c’est l’extrême solitude de ces gens face à une machine tellement puissante et diabolique que peu à peu, tout ce qu’ils ont de soutien disparaît. Imaginez. Une zone immense de plusieurs communes. Des milliers d’hectares déclarés par le gouvernement « Zone de Sacrifice Minérale ». Zone qui peut crever la gueule ouverte pour que l’industrie minière puisse travailler sans entraves. Et alors côté méthodes d’enfoirés, elle se pose là la Minéral. Même pas besoin de violence physique. L’argent suffit. Une corruption tellement développée que tous y croquent. Politiques, scientifiques, ONG. Des archéologues ont validé des projets d’agrandissement de mine qui ont détruit des sites archéologiques classés. L’équivalent des alignements de Carnac pour la population amérindienne locale ! Les politiques bouffent à tous les râteliers et des ONG vendent leur cul pour convaincre les méchants anti-progrès de l’accepter, le progrès. Et que je te paie pour que t’ailles pas à une réunion, et que je fais en sorte de fermer ton commerce en demandant à mes employés d’oublier ton adresse. Et puis ce serait bien que t’arrête de parler à machin. Il a de mauvaises influences sur toi… Et pas la peine de gueuler parce qu’il n’y a plus d’eau potable dans la région. C’est pour ton bien on te dit. Cours d’eau pollués au plomb, arsenic, acides en tout genres… La minérale consomme 500.000 litres d’eau à la seconde. Directement tirés de la plus grande nappe phréatique de la région. Mais Ana et Omar, s’ils veulent boire de l’eau et ben il faut qu’ils l’achètent. En bouteille. Et puis pour l’accident de camion de tout à l’heure. C’est un truc super fréquent ici. Mais ça doit pas être grave, personne n’a pensé à une brigade spécialisée. C’est juste de simples pompiers qui jouent les dame pipi de la Mineral. C’est dire si y’a rien de vraiment sérieux !
C’est dégouté mais ravi de cette superbe rencontre que nous rentrons nuitamment à Santiago, avant ce qui sera, et de loin, ma plus belle semaine dans ce pays…

Connexion merdique, 5 photos en 1 heure, j’en rajoute dès mon retour à Santiago

Monument aux morts et disparus de La Serena

La seule mosquée du pays.

Dans le désert des éoliennes…

… Ohhhh Une belle entreprise bien de chez nous !

Le paradis est privatisé, c’est les curés qui l’ont acheté!

Ahhhhhhhh Montegrande. La patrie de la graaaande Gabriela Mistral. Femme d’exception, grande auteure, notamment de récits pour enfants et prix Nobel de littérature. Féministe, diplomate, éducatrice. Elle qui a vécu si durement dans ce désert a su magnifier la condition humaine d’une manière si transcendante… Ahhhh. Bon la vérité est que j’ai jamais lu de Mistral et que la seule chose qui me fait rêver ici c’est que c’est aussi le domaine du Pisco. La boisson local issue d’une fermentation de raisin. 35/50°. Ici ils le boivent n’importe comment,  mélangé à du Coca ou du Canada Dry… Mais moi je le préfère juste avec un ou deux glaçons. Ou alors le Pisco Soure (citron ; sucre ; blanc d’œuf : ça déchire).
Nous sommes dans la région de La Serena, cité balnéaire au nord de Santiago (500 bornes) pour nous rapprocher de Caïmanes, que nous visitons ce jour, j’en reparle donc plus tard. Pour l’occasion et aussi pour la semaine à venir dans le sud, on a loué une voiture. Donc départ pour La Serena (en gros La grande Motte avec quand même 2/3 trucs jolis à voir, notamment sa prison sur le trottoir d’en face de la fac, les étudiants n’ont qu’à bien ce tenir ! ). Et normalement la route est belle. Je dis normalement parce que j’en ai a peu près rien vu, on a « miraculeusement » voyagé de nuit. Merci Carolina. Si un jour elle apprend le français j’espère qu ‘elle lira ses [sic] lignes. On devait partir à 19h pour arriver à minuit. Une bonne nuit de sommeil et hop, un petit tour à Vicuña et la route des étoiles, pour aller voir le Paradis. Un lieu pour le coup magique que Pato et des étudiants de sa fac ont découvert en 1969 lors d’une expédition topographique de la région. Et c’est vrai que le lieu est paradisiaque, cette vallée entre 2 montagnes. Le problème c’est que. Bon. Si comme moi tu commences à en avoir ta claque des délires new age et les bondieuseries en tous genres, faut pas venir ici. Un temple qui te travaille ton karma à bâbord, un bain ré-énergisant par là… C’est le Paradis de Gilbert Bourdin. Du coup ça gâche un peu. Et dire qu’il y a 40 ans c’était une vallée perdue genre Conan Doyle. Heureusement qu’il y a des trucs marrants, comme ce moine bouddhiste qu’est parti seul trouver la tranquillité dans les montagnes alors que tous ici lui disaient de pas y aller, trop dangereux. Faut croire qu’il a trouvé un bon ermitage, ça fait plus d’un an qu’on l’a pas revu. Le seul truc déroutant de la région c’est encore une fois le manque d’eau. Et là mes amis je vous dit tout net, si j’étais un vrai enculé ben je crois que je ferai des barrages. Tu détournes un cours d’eau pour irriguer tes vignes et tu fais payer au pékin moyen l’eau qui passait avant sur ses terres ? Ben moi je vais faire un barrage en amont. Et toi et tes putains de vignes tu vas payer aussi. Et moi je revends à vil prix à mes copains des mines. Jusqu’à ce qu’un mec encore plus dégueulasse que moi fasse un autre barrage ou un autre détournement de rivière en amont de mes travaux ! Le salaud, j’avais eu l’idée d’enfiler le monde avant lui !
La route ici s’appelle ou La Route Gabriella Mistral ou La route des Étoiles. Route Gabriella Mistral! Neruda n’a pas de route à son nom. Nobel de littérature également mais un peu trop… Communiste.
Ça s’appelle également route des étoiles parce qu’ici, c’est un des lieux au monde où il y a le moins de parasites pour voir les étoiles. Et de nuit à l’observatoire de Vicuña (2100 et des brouettes mètres d’altitude) ben c’est juste sublime. Les seuls parasites c’est les touristes. En France les pires c’est les aoûtiens. Ben ici comme c’est l’inverse, c’est ceux qui partent en premier qui sont à achever à la machette. Ça parle pendant que le mec raconte la naissance des étoiles, ça incite le petit dernier à foutre une trempe à sa sœur qui lui a piqué une bouteille d’eau avec laquelle il va pouvoir refaire du tam tam pendant qu’on cause de pourquoi Pluton n’est plus une planète… l’enfer.
Mais j’en oublie Carolina qui nous accompagne sur ce petit périple. La route devait être chouette donc. Départ prévu 19h pour éviter les bouchons de départ en week-end. Elle arrive avec ½ heure de retard. Sac pas prêt. Normal. Bon ben moi pour partir 1 mois ½, il m’a fallu 10/15 minutes pour faire mes bagages. En gros il fait chaud, je vais marcher pas mal, t-shirts et chemises légères, j’oublie mes escarpins et mes moon boots… Ben elle, pour 2 jours il lui a fallu 1 putain d’heure et demie ! Pour faire un sac pour 2 jours ! J’en reviens toujours pas. « Ah ben non c’est pas assorti », « non je préfère l’autre mais je le trouve pas », « Patricio tu peux pas m’aider à chercher l’autre chaussure? ». Bref, une chieuse ! Le sac fait on s’en va, presque tout de suite parce qu’elle a quand même quelques coups de fil à passer qu’elle a pas pu faire pendant qu’elle cherchait ses fringues, et on tombe… dans les bouchons. 14 km en 2 heures. J’ai compté. Finalement je n’aurai vu que le périphérique de Santiago de jour. Arrivée 5 heures du mat’. Quel voyage ! Mais bon ce soir retour Santiago après le désert et les mines de Caïmanes et on repart entre couillus, en compagnie du camarade Saïd vers Concepcion. Normalement il aura fait son sac!

Le paradis est privatisé mais il est pas en bonne santé !

Une vue du Paradis…

Et une autre.

Ici tu fais un choix. Montegrande pour Gabriella ou Pisco pour… Pisco!


Regardez bien la ligne de niveau d’eau…
En 2008 cette région était complètement inondée.


Levi-Strauss sur les traces des Guéant..

« Le drame de l’Afrique c’est que l’homme Africain n’est pas assez rentré dans l’histoire ».
Nicolas Sarkozy (Henri Guaino), 26 juillet 2007, Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (Sénégal)

En fait le drame de l’histoire c’est qu’on ait pu laisser dire de telles conneries au représentant d’une nation. Du coup on passe tous pour des cons. Mais il y a un précédent dramatique à cette funeste sortie raciste. Et par quelqu’un de bien plus illustre que ne le seront jamais les Bob et Bobettes de la politique, les Guéant/Sarkozy. Et aujourd’hui la palme du racisme de bon aloi revient à… Roulement de tambours…. Claude Levi-Strauss pour sa brillante contribution : les peuples des régions australes n’ont pas d’histoire car pas de culture écrite. C’est brillant, merci pour lui. Mais c’est un peu oublier que ces peuples ont une fabuleuse histoire orale. Un peu comme Monica Lewinsky mais en plus épique.

Or donc de peuple australe, nous nous intéressons aujourd’hui à celui qui se nomme lui-même Kawésqars. Et celui-ci dispose depuis 1996 (seulement !) d’un alphabet et d’un dictionnaire. Il peut donc à loisir l’écrire, son histoire.
Notre bon docteur Jose nous a parlé de Carolina et son combat pour la reconnaissance et la sauvegarde de sa culture et de sa langue. Ne pouvant voyager jusqu’à Puerto Edén (trop long et trop cher – nous sommes ici en pleine période estivale), nous nous cotisons pour l’aider à venir à Santiago. Nous la verrons deux fois longuement et elle profitera de son séjours, outre une matinée de shopping (putain les gonzesses !), pour rencontrer d’autres associations et institutions publiques. Carolina n’est pas Kawésqar. Elle est Mapuche. Mariée à un Kawésqar. Mais elle connait très bien cette culture. Elle arrive directement de Puerto Edén. 24 heures de voyage minimum. 8 heures de bateau jusqu’à Puerto Natales, leur « centre communal », 8 heures de plus en bus jusqu’à Punta Arenas, plus au sud, la capitale régionale pour prendre un avion et 3 ou 4 heures d’avion jusqu’à Santiago. En 2 mots, le bordel pour venir. Et comme il n’y a de bateau que tout les 5 jours, faut pas louper la fenêtre de tir!
Cette région au cœur du Parque National Bernardo O’Higgins est un paradis pour gothiques, voire pour emos, si personne n’a trouvé le moyen de les exterminer. Mer du Désespoir, Canal de la faim, Golf de la mer déchaînée… Tout est à l’avenant. La pluviométrie fait passer Brest pour la capitale du désert de la soif… Ah ça non ça l’est déjà… Bref une région dont on se demande vraiment pourquoi il y a eu des blaireaux pour la coloniser.
Les Kawésqars vivent traditionnellement de la chasse et de la pêche. Ils trouvent le bois de construction de leurs maisons et bateaux dans les grandes forêts de la région. Bizarrement on doit à Pinochet ce grand parc national. J’arrête pas de dire qu’on le condamne un peu vite ! Les Kawésqars bénéficient donc d’un territoire de plus de 5 millions d’hectares. Et comme il ne sont plus que 70 pour en profiter tu te dis cher lecteur (oui je te tutoie, ne t’en formalises pas ça ne changera rien) tu te dis donc :
« mais alors que viennent-ils chouiner dans nos chaumières et manger le pain de nos compagnes ? »
Ce à quoi je répondrai :
« je ne vois pas le rapport avec le pain et les compagnes. Mais que pour ce qui est de chouiner, que nenni. Ici point de chouinage »
Car non, ce peuple ne chiale pas sur son sort mais tente avec l’énergie du désespoir de préserver ce qu’il lui reste de culture et de langue. Pour ce qui est du territoire d’abord, sache cher lecteur que les Kawésqars n’ont pas le droit de prélever d’arbres sur leur territoire. Pas plus qu’ils n’ont le droit de chasser. Puisque parc national. Ils peuvent chasser le loup de mer une seule fois dans l’année. Les forêts en bordure du parc ont été privatisées et le bois et le droit de chasse également. Comme au Moyen-Age en Europe? Oui. Comme le Moyen-Age en Europe ! Tout ce qui était gratuit avant leur coûte une blinde maintenant. Magie du libéralisme ils n’ont même plus le droit d’enterrer leurs morts sur la terre de leurs ancêtres. Qui leur appartient. Ils doivent aller à Puerto Natales (donc minimum 8 heures de bateau) pour les derniers sacrements. Pour ce qui est de la pêche, ils l’ont bien profond également suite à la privatisation des zones de pêche qui tue lentement la pêche artisanale. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les élevages de saumon sont en train de détruire l’écosystème du parc. Car ces fils de p… qui ont l’oreille attentive de la présidence ont réussi à faire en sorte d’exclure les zones maritimes du parc. Ne sont protégées que les terres. Et donc l’industrie du poisson rose peut polluer à loisir pour le plus grand plaisir du consommateur souvent étranger. Sur l’eau non plus les Kawésqars n’ont (plus) rien à dire.
Pire. Un des plus grands projets hydroélectriques au monde est en train de voir le jour en bordure de leur territoire. HydroAysén va à terme privatiser de fait et détourner une des plus importantes réserves d’eau potable du monde (la deuxième je crois). Ce projet complètement délirant à pour but de produire de l’électricité pour Santiago (à des milliers de kilomètres de là) et pour l’industrie minière. Une fois de plus. Une pure aberration écologique et énergétique. Officiellement Aysén n’est pas en territoire Kawésqar. Mais l’eau puisée et interceptée si. Autant les Mapuches revendiquent le droit à la terre autant les Kawésqars se battent pour le droit à l’eau. Et le problème c’est que plus le combat des premiers est mis sous les projecteurs, plus celui des seconds ne fait que s’enfoncer dans l’obscurité.
Je viens de visionner un documentaire de 2006 sur les Kawésqars (que je tiens à disposition pour qui veut à mon retour). Il restait 12 personnes parlant la langue. En 2010 ils n’étaient plus que 5. Aujourd’hui 4 personnes seulement parlent et comprennent le kawésqar. Malgré le classement du peuple Kawésqar Patrimoine Vivant de l’Humanité en Danger à l’UNESCO, le Chili ne semble pas réellement se préoccuper de son sort. À cette heure, la communauté se compose de 70 personnes dont 11 enfants réparties sur 8 familles. Ces enfants sont censés apprendre la langue à l’école. Mais dès qu’ils seront dans une grande ville pour continuer leurs études, la parleront-ils encore ? J’ai beau admirer l’énergie de Carolina et de sa fille dans leur lutte contre la disparition et l’oublie de leur mode de vie, de tout ce qui fait d’elles des Kawésqars, je ne peux que me dire que j’assiste impuissant à la mort pure et simple d’un peuple et ce dans l’indifférence générale…
Rien à ajouter.
Une image de repas entre amis, histoire de finir sur une note positive!

Message à caractère informatif.

À l’occasion de mon dernier « papier », disons de mon dernier article, j’ai reçu un nombre impressionnant de courriers de personnes ne comprenant pas le concept de « teaser ». Le chiffre pléthorique de 1 peut-être largement avancé. Je vais donc répondre à cette cohorte de lecteurs – provisoirement – dans l’ignorance. JY. Un teaser c’est donner en une, voire deux images, juste ce qu’il faut pour éveiller la curiosité. Ensuite vient la bande annonce – qui montre plus et qui dure plus longtemps. On peut faire plusieurs teasers et plusieurs bandes annonces. Mais on termine toujours par l’œuvre elle-même. Donc cher camarade, un teaser développé n’est plus un teaser.
Voilà, après cette brillante analyse sémantique, je passe séance tenante à la suite du programme à savoir, la bande annonce.
Musique de film d’épouvante, voix de chroniqueur d’M6 :
Notre narrateur et Pato rencontrent lors d’un excellent repas [péruvien le repas, avec gros plan sur la paella de fruits de mer sauce crevette] 2 représentantes du peuple Kawésqar. Ce peuple littéralement en voie de disparition (sur)vit en Patagonie, au sud du Chili. À la fin du repas, plus de doute. C’est la merde. Le lendemain nos 2 comparses ont rendez-vous à Buin, charmante cité au sud de Santiago, pour une journée repas/rencontre avec nos non moins charmantes Kawésqars. Nos 2 complices, aidés par le Doc José et son frère Claudio pourront-ils changer le cours de l’histoire ? Ou vont-ils eux aussi investir largement dans ce qui sera la plus précieuse des ressources naturelles ? Mais au fait quelle est-elle cette fameuse ressource ? Vous le saurez après cette courte page culturelle.
Musique bucolique, genre scène de fin de Soleil Vert :
Le queltehue (Vanellus chilensis) est un oiseau commun du Chili, également appelé Vanelus. Il mesure de 35 à 37 cm et peut peser jusqu’à 320 grammes. Ici on le surnomme « chien de maison » ou « chien de garde » tellement son caractère de merde en fait un sale piaf digne d’un film d’Hitchcock. Notamment avec ses espèces de griffes qu’il a sur ses ailes et dont il se sert à l’envie si tu pénètres sur son territoire. Et en plus comme il est jamais seul, le queltehue est une vrai plaie !
Voilà, je voulais juste mettre les choses au clair. Il n’y a pire mal qu’un non dit.
Demain, promis, le compte rendu de ma rencontre avec ce peuple fascinant, les Kawésqars. En attendant, je vous conseille de (re)lire Jean Raspail et son « Qui se souvient de ses hommes ». Où comment il retrace 10.000 ans d’histoire de ce peuple oublié…
Le queltehue. Joli mais pas commode!

Pinkerton contre les mangeurs de moules…

Bon. D’abord un petit mea culpa. Ok, Un maxima mea culpa. C’est vrai, moi qui ne supporte pas la médiocrité, j’ai failli. J’écris – j’écrivais – généralement en rentrant vers 2 ou 3 heures du matin. À un moment ou grisé par la fatigue, tout ce qui sort de ton cerveau en veille te semble incroyablement génial. Un peu comme un mec bourré qui pense être le nouveau Schopenhauer ou la réincarnation de François Villon alors qu’en fait tout ce qui sort de sa bouche est digne de Christophe Mae. Enfin je dis ça je ne sais pas, je ne bois jamais… Bref tout ça pour dire que j’ai relu mes anciens textes et que j’ai corrigé le maximum et pris le parti d’attendre d’être réveillé pour écrire ! Ça veut pas dire qu’il n’y aura plus de fautes mais que je vais faire vraiment gaffe. Bien. Ceci étant dit, la suite.
Et la suite c’est une rencontre avec un peuple de loosers. Avec LA représentante d’un peuple de loosers, Carolina Huenucoy. Et sa fille Ayelen Tonko. Qu’est pas mieux parti dans la vie, elle fait des études d’anthropologie. Elle pourrait faire droit des affaires ou l’ENA locale mais non. Elle préfère parler de peuples en voie de disparition, dont le sien. Ce peuple s’appelle Kawésqar. Mais grâce aux Français, qui n’aiment rien tant qu’appeler les choses par d’autres noms tellement ils sont imbus d’eux-mêmesun phare pour l’humanité, il est connu sous le nom d’Alacalufes :
« Tu t’appelles Guivarc’h ? Ben maintenant tu t’appelles Guivarch parce que c’est plus joli et surtout parce que je sais pas l ‘écrire. Et puis ta ville s’appellera désormais Morlaix parce qu’avec Montroulez on risque de faire de mauvais jeux de mots. « S’ils te mordent mords les » c’est drôle. Lezmontrou c’est pas beau. Non ne me remercies pas. Je le fais parce que je suis imbu de moi-même un phare pour l’humanité. Et puis toi t’es Kawésqar ? Ben désormais, grâce à moi tu seras un Alacaloufes comme tes copains Selk’nam et les autres là que je connais pas leur langue, parce que vous mangez tous des coquillages… » (alacaloufe veut dire pêcheur de moules). Version romancée mais à peine. Alors je vous rassure, les Frenchies n’ont – hélas ? – pas le monopole de la connerie. Les Espagnols ont malicieusement renommé le peuple Dîné « Navajo » en référence à leur arme préférée, un couteau appelé « Navaja » avec lequel ces bons sauvages aimaient à trancher la gorge de nos amis Espingouins. Quant aux Anglais n’ont-ils pas appelé judicieusement les Inuits « Eskimos » parce qu’ils mangeaient exclusivement de la glace chocolat/noisette ?
Or donc nous rencontrons Carolina et sa fille chez une amie des causes perdues, Nancy. Elles viennent de Puerto Edén, à l’extrême sud du Chili, la Patagonie. Et comme nous allons passer la journée de samedi en leur compagnie et que je n’ai pas envie de parler de perdants aujourd’hui, un petit teaser avant de causer d’un mec qui LUI a tout comprit.
Donc les Kawésqars aujourd’hui c’est :
– 1 peuple inscrit patrimoine vivant en grand danger à l’UNESCO
– 8 familles
– 70 personnes dont 11 enfants
– 4 ou 5 locuteurs de la langue (dont un ethnolinguiste qu’est même pas Kawésqar)
– 1 territoire de + de 5 millions d’hectares sans aucun droit d’exploitation
Non aujourd’hui je préfère parler d’un vrai mec, qu’a pas eu peur d’entreprendre. Un de ces hommes qui se sont fait tout seul. Un self made mancomme le rêve américain en a tant fabriqué. Un mec qui supporte pas l’argent public mais dont toute la fortune a été faite sur le dos de ces salauds de contribuables. Notre Pinault (ou Dassault) d’aujourd’hui s’appelle Manuel Contreras. Et preuve que l’entrepreneuriat n’a pas de limites, sauf celles de l’esprit (putain c’est beau, on dirait du Parisot!), lui a créé une petite officine de détective privé. Qu’il a mis à disposition… de la junte militaire ! Qu’il connaissait bien puisqu’il était patron de la DINA, la police secrète. C’est pas génial ça ? Il a fait un max de pognon en aidant les assassins du nouveau régime à trouver leurs victimes en s’aidant de tout ce qu’il avait apprit à faire en tant qu’enculé en chef. Fallait y penser, et ben lui l’a fait. Ah, the american dream quand tu nous tiens !
Demain on revient à un truc plus chiant, des mecs qu’on rien comprit au darwinisme social
Vue de chez Nancy…

… avec la piscine qui va bien !

Pato, Ayelen, Carolina et un mec qui fait semblant d’aimer le soleil dans sa face.

!

Quand la musique est bonne…

Retour à Santiago, hier. Devant nous une petite semaine de repos.
Dernière visite à la communauté de Temucuicui avant janvier, en compagnie du docteur Venturelli, où nous avons rendez-vous avec le lonko Victor, Jaime et son frère, le werken Jorge. Après une heure de discussion sur la situation judiciaire du machi Celestino Cordoba rencontré hier à la prison de Temuco, les moyens d’aider celui-ci (dont je reparlerai bientôt), nous accompagnons Victor au tribunal d’Angol. Il doit s’y présenter suite à la manifestation de lundi. Nous ne pouvons rester car nous avons 8 à 10 heures de route en plein cagnard qui nous attendent.
Et nous reprenons la route du nord, via Renaico, capitale de la cerise. Arrêt chez un producteur, d’origine australienne, avec un vieil accent à la Crocodile Dundee. Nous serons les derniers clients de l’année car avec nous partent les derniers kilos de sa récolte annuelle.
On passe devant des hectares de zones déboisées, ou fraichement replantées. Ici la « forestal« , divisée en 4/5 groupes (internationaux) font entre 5 et 8 milliards de bénéfice tout les 4 mois. On comprend leur puissance. Et le combat des mapuches ressemble à celui de David contre Goliath. De loin c’est joli toutes ces forêts. Mais de près c’est assez glaçant. 
On passe au dessus de nombreuses rivières, presque asséchées. Pas du fait de la canicule, mais bien des barrages en amont, construits principalement pour l’industrie minière. La forestal et les mines, voilà bien la raison de l’assèchement quasi complet de l’Araucanie. Même en rasant ces « forêts » on estime qu’il faudrait 500 ou 600 ans pour que les sols et sous sols se reconstruisent…
Le docteur est un personnage éminemment sympathique. Déjà parce qu’il dit plus de gros mots que moi. Principalement sur les pacos (je dis paco surtout depuis que je sais que c’est interdit!). Il y a juste une chose qui m’intrigue chez lui. Ce mec est bardé de diplômes, il a travaillé dans je ne sais combien d’hôpitaux, de dispensaires, il aurait pu couler des jours pénards en tant que gynéco mais non! Il a choisi la pédiatrie! Comprend pas! Soit. Jose, c’est son prénom, a une connaissance de la région fascinante. Et en plus, ce mec il a connu en vrai la Violetta. Oui! Il a côtoyé la grande Violetta Parra. Et ça c’est un peu la classe (mais ça en dit long sur son âge!). Et puis surtout, il est un vrai mélomane. Le premier truc qu’il nous passe dans la voiture c’est du Jean-Marie Vivier, chanteur à la voix de Reggiani, ami de Félix Leclerc… Putain c’est bon (un petit morceau ici, spécialement choisi pour mon coreligionnaire JY). Ce qui m’amène à parler d’une vrai douleur. Et d’une hypothèse. Depuis maintenant 3 semaines que je suis là, et en dehors des 2 concerts de Manu Chao, de la soirée Luis Advis à la Villa Grimaldi et au Festival de los Derechos Humanos où j’ai notamment découvert Sol y Lluvia, je n’ai entendu que de la soupe. Sur toutes les radios des taxis, sur toutes les chaines de télé, dans les magasins… toujours la même musique sirupeuse, qui nous conte des histoires d’amour, de trahison, de passion, le tout sans intérêt… La dernière fois par exemple, on rentre dans un taco. Tout à coup j’entends Bill Deraime. J’me dis « putain c’est cool » – quand je me parle j’essaie d’aller à l’essentiel. Bon quand il a commencé à chanter du Herber Léonard, j’ai eu comme un doute. Et quand j’ai compris qu’il chantait en castillan, le doute n’était plus permis. C’était un faux Bill Deraime. Ah j’enrageai, seul sur ma banquette, pendant que mes compagnons et notre chauffeur ne remarquaient même pas l’immonde subterfuge. Heureusement que j’ai saisi l’escroquerie à temps, j’étais bien décidé à briser mes vinyles du bluesman dès mon retour en Bretonie. De même chez notre camarade Arturo n’entendais-je que du sous crooner espingouin. Nous avons même eu ce petit dialogue qui a presque mit fin à notre amitié éthylique naissante, dialogue que je vous retranscrit directement en version française, magie du doublage :
lui : « ici on connait pas vraiment la chanson française. Edith Piaf? » 
moi : « oui, elle est française » 
lui : « si y’avait un groupe il y a quelques années, c’était vraiment super. Il mélangeait de la musique électronique avec des chants sacrés »
moi : « !!! »
lui : « Grégorian, oui c’est ça, Grégorian, c’était vraiment super » (pour rappel, je vous ai trouvé une version best of d’une heure! )
Je repris mes esprit juste à temps, j’allais m’ouvrir les veines avec ce qui ressemblait à une paille ou une brindille, j’étais trop troublé pour m’en souvenir.
Comme partout les boutonneux écoutent les mêmes merdes préfabriquées par des producteurs qui ont autant à voir avec la musique que Musso avec la littérature – il y a des affiches pour One Direction partout à Santiago. Il y a bien des chaines de radio pour djeuns. Qui passent des trucs de Djeuns. En France il m’arriverais jamais à l’esprit d’écouter NRJ ou Skyrock. J’ai plus de 3 neurones et je suis majeur. Non j’écoute d’autres radios. Mais ici c’est pas possible. C’est ou fausse cumbia crado ou Franco Michele (version latine de Frank Michael). Même le pauvre groupe de punk que j’ai vu à une autre fête du souvenir avait même pas les bollocks de jouer à fonds – ni de chanter juste mais là n’est pas la question.
Ce qui m’amène à la théorie suivante. Attention à vous, c’est brillant. La Norvège est devenue à partir des années 80 la patrie du Black Metal. Le genre musicale le plus extrême jamais entendu à été favorisé par le traditionalisme de la société et le poids oppressant de l’église norvégienne. La jeunesse du royaume qui se faisait grave chier était en réaction totale. Ce qui a favorisé la création de ce genre musical et mené à quelques « dérapages » de ses protagonistes (meurtres, incendies d’églises médiévales… et fonds très subtile de cannibalisme… joyeusetés bien compréhensibles vous en conviendrez bien volontiers).
Et ben ma théorie est que si il y a autant de métaleux au Chili, que l’on parle autant des musiques métales sans en entendre (j’ai même vu un article sur la sortie du nouveau Mastodon dans l’équivalent ici du Figaro!) c’est que justement une grande partie de la jeunesse est en réaction à la musique Teysseire qui leur est servie à longueur de journée. Alors? C’est pas une théorie qui déchire? Aller c’est cadeau. m/
Une mosquée?…
Non, un super retau populaire.

Une forêt toute neuve sur des millier d’hectare…
… alors que la terre n’a même pas récupéré de la précédente.
On lui a pris ses dernières cerises. Il range tout!

Renaico, capitale de la cerise.

Petit arrêt fromage.

On s’approche de Santiago, des vignes à perte de vue.

Vitesse du bus affiché à l’arrière!

Lautaro rencontre César…

Le grand chef de guerre mapuche Lautaro était tout sauf une tanche. Bon il est mort jeune parce qu’un blaireau l’a balancé aux espagnols (en 1557, merci wikipédia) mais jusque là il leur a fait une belle misère. Notamment en butant Valdivia, le fondateur de Santiago. Une des forces de Lautaro était sa capacité à comprendre les stratégies militaires espingouines. 6 ans dans les geôles des conquistadors à mater leurs tactiques et tout et tout et voilà que quand il se fait la belle et ben le mec il décide de leur rendre comme il faut un chien de leur chienne. Et le gars il invente une tactique qui consiste à lancer de petits groupes qui harcèlent en permanence les troupes ennemies. Ils cognent ils repartent aussitôt. Ils vont plus loin et rebelote. Pour les avoir à l’usure. Ben le bonhomme il a fait des adeptes.
Nous arrivons à Temuco par le bus de nuit vers 6h du matin. Notre camarade Arturo ne peut être avec nous et on prend fissa un autre bus pour Angol. J’avoue que la perspective de me taper 2 heures de route juste après les 10h de voyage de nuit sans dormir m’escagasse grave. Mais bon, le camarde a une bonne excuse. En approchant d’Angol nous croisons des bus chargés de mapuches bloqués sur le bas côté par la police. Ça promet. Nous avons rendez-vous avec eux pour une marche qui doit nous mener devant le tribunal afin de rendre hommage et soutenir Daniel Melinao, accusé du meurtre d’un policier. Comme souvent, manque de preuves, violences… Classique dans cette région. 
Nous allons poser nos affaires (valises, ordinateurs…) au musée de la ville dont le directeur est un vieux camarade de Pato. Et puis on attend l’arrivée des manifestants. On attend. Et encore un peu. Et puis tout à coup, les commerçants commencent à fermer les rideaux. Passe devant nous un impressionnant cortège de voitures blindées, de camions et de motards. On se souvient tous des assassins de Malik Oussekine. Ces tueurs étaient nommés « voltigeurs ». Pour rappel ces enculés ont juste pris du sursis! Bref tout ça pour dire qu’ici il y a le même genre de motard. Et ils ont pas l’air commode. Comprenant que la manif’ a commencé sans nous, on s’en va la rejoindre. Sauf que les condés ont déjà commencé à travailler et à disperser les mapuches. Sur les 1000 manifestants, le groupe qu’on croise n’est plus que de moins de 100 personnes. Les autres se sont constitué en petits groupes qui harcèlent la maréchaussée. Cailloux et bâtons contre blindés et matraques. 
Gaz, canons à eau sur un groupe de femmes et d’enfants, les carabiniers font tout pour disperser au maximum. C’est plus facile de chopper les manifestants quand ils sont en petit groupe. Arrivés devant le tribunal, la bleusaille reprend la matraque quand certains manifestants, furax de pas pouvoir s’approcher et assister à l’audience de Daniel, commencent à jeter quelques cailloux. Alors que je photographie la scène je me prend un bon coup de matraque dans les reins pour me faire avancer et quitter les lieux. Pas trop de mal mais ça surprend. Pas grave on continue on avance dans les gaz lacrymo qu’ils balancent comme des oufs. Jamais eu la gueule autant rongée par cette saloperie. Seule consolation, un peu plus tard alors qu’on essaie de trouver à boire – toujours avoir de l’eau et du citron pour faire passer cette saloperie – on croise une camionnette de carabiniers avec dedans des mecs aux yeux rouges, en train de s’asperger à grandes eaux. Petit retour de bâton qui me fait bien marrer.
Les affrontements auront duré 1h, 1h30. La suite est plus tranquille. Retour au tribunal – toujours pas accessible – où nous attendons la fin de l’audience. Et c’est long. En plein cagnard. 36° la journée la plus chaude depuis mon arrivée. Et c’est un moment étrange. Les flics enlèvent leurs casques, des jeunes filles mapuches les vannent et tous de rire ensemble… Tous cherchent l’ombre. 5 heures d’attente pendant lesquels nous apprenons l’arrestation du principal témoin de Daniel Melinao. Le curé Luis Garcia Huidobro atteste qu’il était avec le werken très loin de sa communauté le jour des faits. Ben c’est un des premiers manifestants arrêté. Quel heureux hasard! En tout 17 interpellations dont 1 mineur de moins de 14 ans (âge de la majorité judiciaire) 1 femme avec son bébé et le lonko Victor Quaipul que nous avons rencontré la semaine passée. Une bénévole d’une association juridique nous assure que tous ont été maltraités par les carabiniers. Et un homme à une grave entaille bien profonde mais visiblement pas assez pour avoir le droit de voir un toubib. Nous quittons Angol vers 20h alors que la plupart des interpelés est encore en garde à vue.
Mardi, nous partons pour Cañete – 3h de route à travers la Cordillère de Nahuelbuta, splendide – pour retrouver Peggy Vocaz et ses deux enfants. Nous avons rendez-vous à la prison de Lebu – 1h de plus – avec son compagnon Emilio Berkhoff. Ce jeune homme risque 40 ans pour incendies, port d’arme, et agression de fonctionnaire. Procès vite expédié, avocat commis d’office qui s’en bat les parties… Lebu est une petite ville côtière et sa petite prison est un trou propre mais délabré. Nous avions eu de mauvaises nouvelles quant au moral d’Emiliano mais c’est un jeune homme très combatif qui s’exprime. Avec un discours politique très clair et très construit. On comprends vite que la visite d’étrangers est un réconfort. L’idée qu’il n’est pas « seul ». Et sa compagne est très courageuse, à continuer à se battre contre le système tout en s’occupant de sa progéniture. Nous avons droit à 3 heures avec Emilio. Mais comme on est pas des chiens on lui laisse 15mn d’intimité avec sa femme et ses enfants. Sympa non? 
Mercredi, revisite de prison mais ici à Temuco. Visite spéciale obtenue par les camarades du CECT  local. Nous y rencontrons le machi Celestino Cordoba. Accusé du  meurtre du couple Lluchsinger –  Makay, propriétaires terriens. Celestino est sans doute le plus connu des détenus mapuche. Sa fonction de machi en fait un personnage important de sa communauté. Le machi est une référence spirituelle. Et s’attaquer à lui est une manière de s’attaquer au cœur de la culture mapuche. Daniel à l’air fatigué – cela  fait 1 ans qu’il est en taule – mais lui aussi a un discourt très clair et très intéressant. Plus spirituel que politique. Attention point culture : César pour conquérir la Gaulle s’est appliqué méthodiquement à tuer tous les druides. Parce qu’ils étaient au cœur de la structure sociale, culturelle et spirituelle celte. Il les a tous niqué sauf ceux d’Irlande qui ont fini par se christianiser et à venir évangéliser la Bretagne quelques siècles plus tard. Et ben ici avec Celestino, le Chili tente une tactique similaire. Ça va être dur pour lui d’autant que la police et la famille des victimes semblent vraiment vouloir en faire un exemple… La suite judiciaire en mars/avril.

Demain retour à Santiago…

Un feu de forêt. En voyant la fumée de loin, un mapuche dit « un incendie, mais ça va. C’est dans les pins. C’est pas dans la forêt.

Premiers manifestants bloqués par la police.

Véhicules blindés partout dans la ville.

Le mec le plus optimiste de la journée!

Patricia « La Chepa » Troncoso; 120 jours de grève de la faim en prison!

Blocage de la rue du tribunal.

Hum, you touch my tralala…

Les forces spéciales, les pires!

Rodrigo Roman, avocat de Daniel Melinao.
L’avocat Nelson Miranda.
Un flic en civil. Pas moyen de photographier sa gueule.

T’as raison, baisse la tête!

Felipe Duran, reporter et militant.

Ici même quand tu bois de l’eau tu finances Coca.

On cherche l’ombre.

On a même droit à un hélico.

Métaleux, photographe et soutien aux mapuches.

Petites prises vidéo en amateur.

On attend notre bus sur l’autoroute…

Vers Lebu, à travers la Cordillère de Nahuelbuta

Prison de Lebu.


Ça rassure !

Hôpital de Cañete.

Lac Lanalhue.

On serait bien couillon de se limiter !