Il se murmure au Chili des choses bien étranges. Au pays du Pastel de Choclo, sorte de hachis Parmentier local, un homme a percé de secret du Pastel parfait. « Comment ? On a trouvé le secret du Pastel parfait ? » Entend-on dans les faubourgs de la capitale. « Mais qui est cet homme ? » ou encore « Il parait qu’il vient d’un autre monde ». Et bien humblement ami lecteur, je l’avoue je le confesse, cet homme venu d’un autre monde et qui a trouvé le secret du Pastel de Choclo parfait, cet homme c’est moi.
Approuvé par un panel impartial constitué de ma famille et de mes amis fortement alcoolisés (alcoolisés : les amis, pour la famille je ne me souviens plus), je me suis aventuré à, de tête, en faire un ici, au Chili, au milieu d’un public hostile de chiliens bien décidé à se rire de ce breton prétentieux qui osait marcher sur leurs plates-bandes culinaires. Et bien s’ils ont ri, ils ne l’ont pas fait longtemps ces bouffeurs de maïs ! Un succès total et une faillite morale de tout un peuple. Et depuis mon nom est scandé par toutes les ménagères du pays, entre effarement et adulation. « Tío Gus, Tío Gus ». Que d’émotion.
Et comme mon sens du partage n’a d’égale que mon mépris des pieds d’Estal, je me fais un plaisir ainsi qu’un devoir de donner à un public incrédule, la recette si simple de ce plat qui enchante mes hivers et fatigue mes intestins.
Donc pour ce mets dont la finesse n’est pas la qualité première tu auras besoin de :
– 6/7 grands épis de maïs frais (1 kg 1/2 de maïs en boite)
– 350 g de viande de bœuf hachée
– 2 blancs de poulet
– 3 beaux oignons
– 3 gousses d’ail
– 4 œufs
– 25/30 cl de lait
– de la farine de maïs
– une bonne grosse poignée d’olives noires
– avec ton autre main une autre bonne grosse poignée de raisins secs
– du beurre
– du cumin en poudre
– 350 g de viande de bœuf hachée
– 2 blancs de poulet
– 3 beaux oignons
– 3 gousses d’ail
– 4 œufs
– 25/30 cl de lait
– de la farine de maïs
– une bonne grosse poignée d’olives noires
– avec ton autre main une autre bonne grosse poignée de raisins secs
– du beurre
– du cumin en poudre
– du basilic
– du sel et du poivre
– du sucre en poudre
– du sel et du poivre
– du sucre en poudre
Tu te lèves, tu vas à ton frigo, tu mélanges ton bœuf haché avec l’ail et 3 ou 4 cuillères de cumin (3 c’est bien, 4 c’est pour la gourmandise). Tu ajoutes du sel et du poivre, tu mets tes raisins à gonfler dans un bol de flotte et tu retournes dormir.
Après une bonne sieste réparatrice de 4 ou 5 heures, tu retournes à ta cuisine et tu t’occupes de tes oignons. Tout en continuant à suivre cette recette. Donc tu les coupes en dés et tu les mets dans une grosse casserole dans laquelle tu vas les faire revenir au beurre, pas à l’huile, on n’est pas des animaux. Et quand je dis beurre, je pense évidemment à « beurre salé ». Mais n’étant pas familiarisé avec le pléonasme, je dis « beurre », tout court. Pendant que ça dore tu fais 3 œufs durs. Pour le minutage de la cuisson des œufs tu te démerdes, je ne suis pas Ginette Mathiot ! Quand les oignons commencent à dorer, tu mets le bœuf qui a bien macéré et tu fais revenir tranquille. Tu fais cuire ton poulet à la poêle séparément.
A ce stade de la recette, il convient de retourner au lit ou de se verser une bonne rasade d‘Escudo. Mais puisque le public pléthorique qui me lit vit principalement en France, on peut remplacer l’Escudo par n’importe quelle bière de soif bon marché. Attention : il ne faut pas qu’elle soit trop lourde, on a encore du taf.
Tu prends tes choclos (ton maïs) et soit tu les cuits et les dépiautes s’ils sont en épis soit tu ouvres tes boites (comme je te comprends si tu opte pour la solution de facilité !). Dans les 2 cas tu mets le maïs dans une grande casserole (1,2 kg ça fait du volume) tu mets ton basilic (à convenance, moi j’aime ça donc je mets un demi bouquet) et le lait. Tu mixe le tout, tu fais chauffer un peu, tu épaissis avec 1 ou 2 cuillères de farine de maïs (si tu ne trouves pas tu prends de la maïzena, ça marche aussi), tu sales et mélange bien avec le dernier œuf, direct dedans.
A ce stade de la recette, il convient de se verser une bonne rasade de pisco. Mais puisque le public pléthorique qui me lit vit principalement en France, on peut remplacer le pisco par un bon whisky, bière, anisette, un Fernet Branca… Attention : il ne faut pas en abuser, l’opération la plus délicate arrive.
Dans un plat beurré (je ne reviens pas sur « au sel ou pas ») tu mets au fonds, par couche et dans l’ordre : le bœuf, la volaille, les œufs durs coupés en fines lamelles, les poignées de raisins (que tu as au préalable égouttés, je ne comprends pas comment tu n’y as pas pensé tout seul ! je ne vais pas te tenir la main jusqu’au bout quand même !) et d’olives, et par-dessus, la bouillie de maïs. Juste avant d’enfourner tu saupoudre de sucre. Une fois que tu as saupoudré de sucre tu enfournes. Dans un four bien chaud pour une bonne demi-heure. Il faut que le pastel soit bien doré au-dessus. Tu sers bien chaud avec une salade. Normalement tu fais manger 6 à 8 personnes.
Voilà. Tout ce tintouin pour un truc aussi simple. Allez bon appétit quand même.
