Tourisme 1

Pendant que le pékin moyen se gave de dinde aux marrons, le camarade Celso et moi en profitons pour visiter un peu le coin. Je narrerai plus tard notre périple au nord qui fut des plus riches. Mais pour le moment, donc, on se la joue touristes de base.

Nous sommes partis d’Iquique hier matin. Objectif : visite du désert d’Atacama. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, ça a beau être un désert, qu’est-ce que c’est fréquenté ! Y’a plus d’activité ici que dans le crâne de Jean-François Copé. De même on pense spontanément que, au bout d’une journée, on doit bien se faire chier, que ça doit être bien monotone tout ce sable. Que nenni pauvres wéones que vous êtes. Le paysage change en permanence, la roche également et les couleurs ont plus de profondeur que la moindre chanson de Christophe Mae. Non vraiment une traversée des plus agréables, parsemée de mines désaffectées et de sites de géoglyphes. Pour ce qui est des mines, on croise surtout des mines de salpêtre. Cette partie du Chili appartenait jusqu’en 1879 à la Bolivie et au Pérou. Mais ces salauds de rosbifs ont forcé la paluche des chiliens pour qu’ils fassent la guerre à ses voisins, pour mettre la main sur ce territoire plein de ce bon produit très utile pour faire des explosifs. Et la couronne de la perfide Albion en avait bien besoin du salpêtre, pour continuer à niquer la gueule des négros et des jaunes et, à des fins purement civilisatrices, étendre son empire… Aujourd’hui on croise encore des usines en plein désert. On y produit du nitrate par exemple.
Premier arrêt : Calama. La grande ville du désert, située à quelques 2.500 m d’altitude et entièrement dévolue à la plus grande mine de cuivre du coin. Il n’y pleut jamais. Au max 5 mm en un an. Grand max. La ville est franchement pas très belle, les rares commerçants croisés pas vraiment sympas et en plus Don Celso me rappelle qu’en 73 la grande majorité des mineurs a fait grève pour emmerder Allende et aider les putschistes. En somme, ce bled ne m’est pas très sympathique. Confirmation plus tard en nous baladant. On passe devant le monument au fusillés et disparus de la dictature. C’est juste un pauvre bloc de béton avec une plaque en cuivre pauvrement fixée. Et quand en plus on apprend de la bouche d’un artisan que la mairie emmerde les artisans locaux pour imposer des officines de souvenir bon marché made in china au détriment de créateurs aymaras et quechuas pour faire plaisir aux touristes. Non, vraiment, vivement qu’on se casse.
Seule bonne chose à Calama, ce genre d’affiche
Et on se casse le lendemain. On cherche en vain un rade pour prendre un petit déj’ mais comme on est le 25 décembre, tout est fermé. Vivement que ce pays se tape son Emmanuel Macron, histoire d’ouvrir un peu plus les jours fériés et moins faire chier les touristes. Je crois que l’homme sud-américain n’est pas assez rentré dans l’histoire. Il est temps qu’il grandisse et qu’il apprenne ce qu’est l’économie moderne. Mais bon, je dis ça, je dis rien. Diantre ! Une fois de plus je digresse et dix c’est beaucoup. Nous prenons la route pour San Pedro d’Atacama. En chemin nous tombons sur un mémorial. En plein rien. Ici on a trouvé une fosse commune qui date de la caravane de la mort. 26 corps ont été trouvés en ce lieu. Bon dieu, en pleine digestion. Bonjour les vacances, bonjour l’ambiance !
On arrive enfin en vue de San Pedro. Et là, la claque. Une véritable oasis de verdure. La ville est superbe, quasi pas défigurée : pas de Leclerc, pas de JC Decaux. Il fait une chaleur de chien (31° à l’ombre mais on a eu notre petit 41 en venant) et le petit mote con huesilloest plus que bien venu. Place très agréable avec des hippies en train de chanter, mais ça va. Elles ont l’air propre. Seule ombre au tableau, on est dans un des sites touristiques les plus prisés du pays. Y’a un monde ! Et ça parle français, anglais, allemand, espagnol, brésilien… A force d’aller dans des barrios, dans des manifs, de visiter des prisons ou des communautés mapuche/hippies/gauchistes j’en oublie qu’il y a aussi une vie touristique dans ce pays. Du coup je suis un peu décontenancé par la foule et par les prix pratiqués dans le coin. Le piège à cons par excellence. Heureusement nous trouvons dans un village plus loin – Toconao – de quoi assouvir nos besoins de consommation pour pas cher chez Luisa à l’atelier « El Telar ». Avec en prime une des meilleures cazuela de vacuno que j’ai mangé au restaurant « Jesmil ». Retour à San Pedro petit thé chez « 2O », l’équivalent chilien de Meli Mélo. Et hop. Kousket. Demain levé 3h pour aller voir un geyser par -15°. On n’est pas vraiment préparé, on est mal équipé et le camarade Celso avec ses mocassins risque de connaitre l’expression les avoir comme des raisins de glace. Mais quand on aime l’aventure…
Prochain épisode et le point complet sur les gonades de Don Celso, très bientôt.
Calama et le seul lieu vert.

Le monument aux assassinés et disparus de la dictature.

Toute la puissance burnesque du mineur…
Pour de vrai, cet arrêt de bus est au milieu de… Rien !

le désert…

Encore du désert…

Ah, enfin un bout de civilisation. Une mine.

Ici, au milieu de rien on a trouvé un charnier de la caravane de la mort…

San Pedro de Atacama

Deux hippies en train de chanter. Les va-nu-pieds d’Adnoz ont toutes leurs chances…

Métier à tisser de Doña Luisa

Don Celso à Toconoa

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