 |
El Mercurio et la constitution chilienne. |
Le 10 décembre dernier nous nous rendîmes fièrement à la Moneda pour participer à la journée internationale des droits de l’homme. Arrivant sur place nous trouvâmes un chapiteau sous lequel de jeunes et jolies hôtesses, jupes courtes, très courte, très très courtes les jupes ! Et talons hauts, très hauts, très très hauts… Dieu ce qu’ils furent haut ces talons… Et courtes ces jupes. Houlà ! Petit coup de chaud à la mémoire de ce moment. Bon. A voir cet accueil des plus sexy, je me dis in peto, mais tout en surveillant mes sphingtères, que, décidément ces chiliens savent y faire en matière de manifestation. Dehors les hippies. Adieu zonards et dreadlockeux. Enfin un peu de glamour dans la lutte. LA trouvaille pour intéresser le pèlerin. Las. Si mon regard n’eut été accaparé par ces naïades, j’eus remarqué bien plus tôt que cette « fête des droits de l’homme » était une manifestation organisée par le ministère de la justice afin de promouvoir son extraordinaire travail de réadaptation des prisonniers par l’exercice de l’art. Et que toutes ces jolies donzelles n’étaient que des fonctionnaires assermentées du dit-ministère et ces adorables minois n’avaient d’autres utilités que d’aguicher le chaland.
Mais quelques minutes plus tard, une horde de manifestants, des plus conventionnelles, la horde, surgit de nulle part – en fait du coin de la rue – pour rappeler aux autorités qu’à ce jour peu d’assassins et de tortionnaires ont été jugés. Que Bachelet, pourtant torturée sous la junte, a créé des prisons dorées pour ces gens. Démantelées par l’ex président Piñera, le Berluscozy local. Belle manif, beaucoup de monde portant t-shirts et pancartes avec les photos de frères disparues, de femmes violées, de pères assassinés… On trouve également des slogans plus « classiques » en cette journée des droits de l’homme. Contre les violences faites aux femmes, pour les droits des minorités (sexuelles, ethniques, sociales…). A la fin de la manif, on plaça un chiotte devant la Moneda et on y mit pelle mêle, la constitution chilienne (qui date de Pinochet) des papiers représentants les différents droits bafoués en ce pays, les pollutions, l’accaparement des terres… Et le journal El Mercurio ! Ces gens seraient-ils contre la liberté de la presse ? En tout cas, le Mercurio s’est bien vengé en ne publiant pas un mot de cette manifestation. Il y eut bien un article sur ces preux députés de l’opposition qui firent la nique à la bien-pensance en osant se lever dans l’hémicycle afin d’effectuer une minute de silence à la mémoire du Général Pinochet, mort 8 ans plus tôt jour pour jour. Mais de la manifestation, pas un mot. Et pour encore mieux feinter les « afficionados-de-la-paix-parce-que-la-guerre-c’est-mal-et-les-petites-fleurs-c’est-mieux», pas une ligne non plus sur la manifestation du 13, soit trois jours plus tard, lors de laquelle presque 18.000 personnes marchèrent pour l’arrêt du projethydroélectrique Alto Maipo et la nationalisation de l’eau. A la télé non plus d’ailleurs on n’en parla pas. Faut dire qu’ici, point d’audiovisuel public. Tout est privé. On peut légitimement cracher sur France Télévision ou sur les choix plus que douteux du patron de Radio France, mais au moins on peut entendre – de temps en temps – des voix discordantes. Ici, même pas en rêve.
Il y a quelques jours, entre la Navidad et el Año Nuevo, la ministre de la santé, doctoresse dans le civil, présenta sa démission, accordée immédiatement par la présidence. Elle a fini par craquer après plusieurs jours de polémique. Son crime ? Avoir dit publiquement que les familles riches envoyaient leurs filles dans de grandes cliniques privées du pays pour les faire avorter dans le plus grand secret, moyennant gros sous. Dans ce pays où l’avortement est totalement interdit, la phrase fit grand bruit. Et le Mercurio d’obtenir la tête de la ministre à coup de campagne bien dégueulasse. Il faut dire que ce torchon, organe officiel de la junte et des grandes familles, continu aujourd’hui son travail de désinformation. Publiant même ostensiblement de fausses nouvelles. Le Mercurio c’est un peu le fruit du mariage incestueux entre Minute et Le Figaro. Oui, c’est ça, Valeurs Actuelles. Aidé par toute une flopée de titres lui appartenant (dont un mag féminin qui mit la photo d’une des filles Pinochet en Une avec cette phrase : « Laissez-nous vivre en paix » !) le Mercurio c’est la voix des grands patrons, de l’armée et de l’église.
En parlant d’église, hier fut une journée de repos. Grosses chaleurs, bien étouffantes (33° à l’ombre) et lendemain de riboule. Je passais la journée à chercher le frais en zappant de manière effrénée, allongé dans la chambre de la petite en vacances chez son père. A l’écran, une potiche à longues jambes, Bonanza, un film débile, re-potiche, (des)informations, émission religieuse, Bob l’Eponge, un soap, les Experts, football, football, grosses voiture, jeux débiles interplanétaires (famille en or), re-potiche… Alors, oui. Avant d’être à nouveau taxé de misogyne patenté, je dis potiche tant il est évident que ces jeunes femmes ne furent pas recrutées pour leur talent : questions stupides, rires empruntés, il n’est qu’à voir le cadrage des caméras – au niveau des beuj’ des donzelles – pour se rendre compte que ces animatrices n’ont d’autres utilités que de raconter des choses faciles à comprendre pour la ménagère et faire fantasmer monsieur si jamais il doit se taper le programme avec madame. Toute ressemblance avec des émissions de l’hexagone… Non rien. Et j’en ai autant pour les mecs dont chaque sourire extra blanc me donne envie de leur ravaler la dentition Ultra Bright à coup de manche de pioche.
Donc je zappe et je tombe sur le journal de la santé. Sujet : la masturbation a-t-elle une utilité. SIC. Et le Symes local d’énumérer le pour et le contre de l’onanisme sous forme de on dit que. « On dit que la masturbation entraine une accoutumance ». « On dit que la masturbation aide à connaitre les zones du plaisir… Qu’en est-il ? ». Et là consternation. Qu’appris-je ? C’est fini ? « Oui c’est vrai, la masturbation peut avoir un caractère naturel. Mais en fait elle sert surtout de révélateur de grands troubles psychologiques ». Merde alors. Je dois cesser de suite ce que j’entrepris à la vue des Alessandra Sublet locales ? Dois-je me terminer rapidement, avant de finir sociopathe? Ah mais attendez… Ah non, c’est pas le journal de la santé. C’est une émission religieuse sur une des grandes chaines catho. C’est pas un toubib c’est un prêtre. Avec l’uniforme et tout. Super, je peux continuer à me sèguer, en toute tranquillité avec mon âme : j’en ai pas !
Finalement, le doute m’étreignant quand même un peu, je repasse sur Bob l’Eponge. Une valeur sûre. C’est drôle et en plus il n’a pas vraiment de jambes. Je ne risque pas de craquer…
 |
Journée des droits de l’homme organisée par le ministère de la justice. |

 |
L’autre manifestation… |
 |
Le Mercurio et la constitution chilienne… Et « on tire la chasse » |
 |
Manifestation No AltoMaipo |
 |
Celso et l’avocat Rodrigo Roman |
 |
Des hippies qui se prennent pour des Mapuches. |
 |
Celso et un ami pas revu depuis… 1973. |
 |
Un Rapanui (Ile de Pâques). |
 |
Des Aymaras. |
 |
Pavel le vegan. |
 |
Donc nos hippies avec plein d’encens en avant de la manif. Ca pue ! |
 |
Promis c’est juste pour le futal ! |
 |
Si vous voulez savoir pourquoi les manifs piétinent toujours… |
 |
C’est à cause de groupes qui veulent absolument participer en dansant ! |